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REVUE

HORTICOLE

ANNÉE 1875

REVUE

l'IUVCfU tïY

HORTICOLE

JOURNAL D’HORTICULTURE PRATIQUE

Fondé en 1829 par les auteurs du Bon Jardinier

RÉDACTEUR EN CHEF : M. E.-A. CARRIÈRE

CHEF DES PÉPINIÈRES AU MUSÉUM

ADMINISTRATEUR : L. BOURGUIGNON

PRINCIPAUX COLLABORATEURS MM.

ANDRÉ (ÉDOUARD), ANDRÉ LEROY, AURANGE, BAILLY, BALTET, F. BARILLET,

J, BATISE , BONCENNE, BOSSIN, BRIOT, BUCHETET, CARBOU, C‘<* DE CASTILLON, CLÉMENGEAU, DAVEAU, DELCHEVALERIE, DENIS, DE LA DEVANSAYE,

DUMAS, DUBREUIL, ERMENS, FAUDRIN, GAGNAIRE, GLADY, GODEFROY, HARDY, HÉLYE, HÉNON, HOULLET, J. LAFON, KOLB , LAGHAUME, DE LAMBERT YE , LAMBIN, L. LHÉRAULT, MARTINS, MAY, G. MINUIT, NARD Y, NAUDIN, l7 NEUMANN, D’OUNOUS, PEPIN, V. PULLIAT, QUETIER, RAFARIN, RIVIÈRE,

ROBINE, ROUÉ, JEAN SISLEY, DE SOL AND, TERNISIEN, O. THOMAS, TRUFFAUT, VERLOT, VILMORIN, WEBER, etc.

47« ANNÉE. 1875

PARIS

LIBRAIRIE AGRICOLE DE LA MAISON RUSTIQUE

26, RUE JACOB, 26

1875

ORLÉANS, IMPRIMERIE DE G. JACOB, CLOÎTRE SAINT-ÉTIENNE, 4

REVUE

HORTICOLE

CHRONIQUE HORTICOLE

Société d’instruction professionnelle horticole. Cours d’arboriculture fruitière, professé par M. Rivière à l’orangerie du Luxembourg. Exposition horticole de la Société royale d'agriculture et de botanique de Gand. Exposition de la Société d’horticulture de Mulhouse. Les Bégonias bulbeux : liste des variétés les plus remarquables. Variétés de Raisins décrites dans le dernier numéro du Vignoble : Madeleine , Violette , Mezes blanc , Muscat gris de la Calmette, Chasselas doré. Le Daïcon ou Radis du Japon; son analogie avec le Radis Garwoski : communication de M. Henri Vilmorin à ce sujet ; notre opinion. Emploi de la tannée fraîche comme paillis : divergence des résultats constatés ; communication de M. A. Pothier, chef de culture chez MM. Rotereau et Cie, à Angers. La Poire Sainte-Dorothée. Exposition internationale d’horticulture à Amsterdam en 1876. Une nouvelle et magnifique Nymphéacée.

Il vient de se fonder à Paris une société qui, nous en avons la conviction, est appelée à rendre de grands services à l’horticulture en général, en servant d’intermédiaire entre les propriétaires ou les patrons et les ou- vriers jardiniers, fait qui ressort de la cir- culaire suivante, qu’ils viennent de publier :

Monsieur,

Nous avons l’honneur de vous informer qu’une Société de garçons jardiniers est fondée à Paris, sous le titre de Société d'instruction profession- nelle horticole.

Le but de la Société est Vinstruction de ses membres ; aussi, outre les différents livres et journaux horticoles qu’elle met à leur disposi- tion, s’efforcera-t-elle, par la théorie et la pra- tique, de faire de bons ouvriers dignes de la con- fiance des horticulteurs et des propriétaires (cette confiance jusqu’à présent si souvent trom- pée par des individus soi-disant jardiniers, et qui n’en ont que le nom).

La Société ayant à cœur que l’horticulture française reste toujours au niveau de celle des autres nations, veut, par les moyens sus-indi- qués, arriver à procurer aux horticulteurs et propriétaires des hommes capables, laborieux, dans lesquels ils pourront avoir pleine et entière confiance.

La Société se chargeant de placer les ouvriers

sans travail, nous vous prions donc, Monsieur, de vouloir bien vous adresser à nous pour les garçons ou jardiniers dont vous pourrez avoir besoin. Nous vous recommandons seulement de consigner, sur une des feuilles de la Société que l’ouvrier vous remettra, s’il est suffisamment ca- pable, et si par sa conduite il doit être maintenu au nombre des ouvriers actifs, sérieux et hon- nêtes, qui doivent seuls être nos collègues.

Nota. La Société ne s’occupe pas des prix que les patrons accordent à ses sociétaires ; toutefois, nous les prions, afin d’éviter des dérangements de part et d’autre, de le noter sur la demande.

S’adresser au siège de la Société, 34, boulevard de l’Hôpital.

Ainsi qu’on peut en juger, loin de créer un antagonisme entre les patrons et les ou- vriers, et de chercher à établir une corpo- ration qui plus tard pourrait imposer des conditions contraires à l’équité, la Société des garçons j or dinier s se propose de servir les intérêts communs en facilitant les rap- ports des parties. Aussi, bien que consti- tuée depuis quelques mois seulement, a-t- elle déjà produit de très -bons résultats, et des personnes qui, en principe, avaient des préventions contre elle n’ hésitent-elles pas à en reconnaître l’utilité. Nous Vf re- viendrons.

6 CHRONIQUE

M. Rivière commencera, le lundi 18 janvier , dans l’orangerie du Luxem- bourg (grille Férou), son cours annuel de conduite et de taille des arbres fruitiers, qui comprendra, dans tous leurs détails et dans l’ordre suivant, les soins à donner aux Poiriers, Pommiers, Pêchers, Abricotiers, Pruniers, Cerisiers, Vignes, Figuiers, Gro- seilliers et Framboisiers. Puis viendront : l’étude des principales greffes à l’usage des arbres fruitiers, celle des insectes qu’ils ont à redouter, et celle des maladies qui les at- taquent.

Les cours auront lieu les lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine, à neuf heures précises du matin.

La Société royale d’agriculture et de botanique de Gand tiendra à Gand, du 14 au 17 mars 1875, sa 138e exposition horticole où, seuls, les membres de la Société pour- ront exposer.

Les concours, qui comprennent à peu près tout ce qu’il est possible de prévoir en hor- ticulture, sont au nombre de 98 ; néanmoins, s’il y avait nécessité, des médailles seraient accordées en dehors des concours prévus par le programme. Le nombre de médailles en or, vermeil et argent de diverses valeurs est de 234. Pas de bronze.

Les personnes qui voudront exposer de- vront faire parvenir au secrétaire adjoint, rue Digue-de-Brabant, 20, au plus tard le 8 mars, la liste exacte et détaillée des ob- jets qu’elles'se proposent d’exposer, et dési- gner les concours auxquels elles désirent prendre part.

Le jury, composé autant que possible d’amateurs et horticulteurs étrangers à la ville de Gand, se réunira le 13 mars, à dix heures.

Du jeudi 20 au dimanche 23 mai 1875, la Société d’horticulture de Mulhouse fera à Mulhouse une exposition d’horticulture, à laquelle elle convie tous les horticulteurs et amateurs. Il y aura trois catégories de concours : entre les horticulteurs; entre les amateurs ; entre tous les ex- posants. — Cette troisième catégorie nous paraît au moins inutile, puisqu’elle ne peut être faite que par les exposants des deux premières.

En outre des lots prévus au programme, des récompenses seront attribuées, s’il y a

HORTICOLE.

lieu, aux apports imprévus. C’est au jury qu’il appartiendra de juger.

Les personnes qui voudront concourir devront en informer le président ou le se- crétaire de la Société, le 10 mai au plus tard, et faire parvenir avant le 15 mai la liste des objets qu’elles désirent exposer.

Tous les produits mis au concours devront être la propriété des exposants, et les fleurs coupées provenir de leurs cultures.

Les jurés devront se réunir le 20 mai, à neuf heures du matin, et leur travail de- vra être terminé avant l’admission des visi- teurs.

Quant aux récompenses, elles consisteront en médailles d’or, de vermeil, d’argent, de bronze et en mentions honorables.

Aujourd’hui que la mode est aux Bégonias bulbeux, et cela se conçoit lors- qu’on songe à leur beauté tout exception- nelle, — nous croyons devoir donner l’énu- mération des variétés les plus méritantes, car dans le beau même il y a du choix : c’est le ce très-beau » caractère que présen- tent les plantes dont voici les noms : Alata coccinea , Boliviensis superba, Charles Raes, Docteur Master’s, Emeraude, Inter- media, Léviatan, Mastodonte, Onix, Profes- seur Thysselton, le Corrége, Léger, Rubra superba , Sedeniperfecta, Stella , Vesuvius, Worthiana.

En donnant cette liste, nous ne préten- dons pas dire que, en dehors d’elle, l’on ne puisse encore trouver des plantes de mérite ; seulement d’après nous, ce sont celles que, d’une manière générale, l’on peut considérer comme les plus jolies et celles qui convien- dront au plus grand nombre de personnes. Tout amateur pourra donc les acheter avec confiance et, comme l’on dit, « les yeux fermés. »

Le 11 du Vignoble , qui vient de paraître, ligure et décrit les variétés de Vignes suivantes :

Madeleine violette . D’origine inconnue, cette variété se rapproche des Pinots et tout particulièrement du Morillon hâtif ou Madeleine, bien qu’elle lui soit supérieure. Elle est pourtant d’une qualité médiocre, et son plus grand mérite est sa précocité, qui permet de la cultiver dans des localités les Raisins mûrissent difficilement. Ses grains, petits, sont noir pruineux.

CHRONIQUE HORTICOLE. 7

Mezes blanc. Ce cépage, qu’on suppose originaire de Hongrie, est très-productif, quelle que soit la forme sous laquelle on le cultive; ses grains, riches en jus bien sucré, semblent le recommander comme méritant pour les vignobles peu favorisés pour la ma- turation des Raisins, ce qualités qui, sans doute, le font rechercher dans les vignobles de Bude, où, cultivé en grand, il produit, d’après le comte Odart, un vin dont le bou- quet et le goût aromatique peuvent le dis- puter au vin muscat. » En faisant la part de l’exagération probable que renferment ces dires, il n’en reste pas moins à peu près certain que le Mezes blanc pourrait être introduit avec avantage dans beaucoup de vignobles. La grappe est de moyenne force, et les grains, qui sont sphériques, ont la peau d’un blanc verdâtre qui passe au jaune doré à la maturité, qui est de première époque.

Muscat gris de la Calmette.r Cette va- riété, qui est un gain de M. Henri Bouchet, de Montpellier, est le résultat d’un pépin de Muscat noir du Jura, qui avait été fécondé par le Chasselas violet dont elle a conservé le caractère de se colorer en rouge violet in- tense aussitôt après la floraison. Elle n’a pris de la mère, le Muscat noir du Jura , que la forme de la grappe et la saveur musquée du fruit. C’est un cépage de vigueur moyenne et d’une bonne fertilité, par conséquent avantageux à cultiver pour la table dans beaucoup de localités du Nord, la plu- part des Muscats ne mûrissent pas. Ses grains sont petits et sphériques, et la peau, qui est résistante, bien que mince, est d’un rouge violet pruineux à la maturité, qui est de deuxième époque.

Chasselas doré. Ce cépage, quant à l’ori- gine, est à la Vigne ce que la Reine-Claude est aux Pruniers, c’est-à-dire que personne ne pourrait dire d’où il est, ni à quelle époque il est apparu. Pour nous, c’est une forme qu’on rencontre partout le Chasselas se convient lorsqu’il est bien ex- posé. C’est donc en réalité une variété toute relative, variable , et dont les qualités seules peuvent justifier l’appellation: Chasselas doré ici , non là. C’est le cas de rappeler ces pa- . rôles de Pascal : « Vérité en deçà, erreur au-delà. » Mais, du reste, à qui ou à quoi ne pourrait-on faire une semblable applica- tion?

Dans un des précédents numéros de ce journal, à la suite de l’article sur le Radis japonais Daicon (1), nous avons fait quel- ques observations sur la prétendue fixité absolue de cette espèce, fixité que nous n’avons même pas craint de mettre en doute, en nous appuyant sur ce fait que tous les Radis varient de couleur, de grosseur, de formes et de dimensions. La preuve ne s’est pas fait attendre, et déjà nous apprenons que, à Lyon même, le fameux Daïcon a présenté des variations de forme et de couleur qui compromettent ou plutôt détruisent cette prétendue fixité. Ce n’est pourtant qu’un prélude, et l’on peut être certain que le Daïcon sera un jour absorbé par les races auxquelles iL aura donné naissance. Ai mi le veut le destin : les enfants doivent succéder à leurs parents. C’est la grande loi qui agit partout sous nos yeux, qui est écrite jusque dans les entrailles du globe par les restes des| milliers d’êtres qui, descendant les uns des autres, constituent une chaîne sans fin, maisMont pourtant aucun chaînon n’est semblable.

A propos de ce Radis, nous avons reçu de M. Henri Vilmorin une lettre que nous croyons devoir reproduire. La voici :

Paris, 4 décembre.

Cher Monsieur,

Enlisant la description du Radis du Japon que vous recommandez à vos lecteurs, j’ai été frappé’ d’un fait : c’est que la description de cette forme de Radis s’appliquerait parfaitement au Radis russe GarwosM (2) que vous avez en la bonté de nous donner en 1872. Il ne serait pas surprenant que les Russes, plus avancés que nous dans l’exploration du Japon, en aient tiré de les graines avant nous et peut-être même depuis longtemps. Comme nous allons pour ).i première fois annoncer cette année le Racih russe, il nous intéresserait beaucoup de con- naître votre impression au sujet de l'analogie des deux races. Elle nous paraît très-grande, mais nous craignons de nous tromper en voyant qus vous n’en dites rien dans la Revue horticole. Il n’est pas possible que vous n’en ayez pas été frappé comme nous. Il faut donc que vous aji*z eu quelque motif de ne pas vous arrêter à cette pensée.

Nous vous serions trés-obligé si, par un petit mot, ou mieux par l’intermédiaire de la. Revue, vous vouliez bien nous éclairer sur ce sujet.

(1) Voir Revue horticole , 1874, p. 444.

(2) Id., 1873, p. 227 ; id ., p. 424.

CHRONIQUE HORTICOLE.

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En attendant, voici quelques renseignements qui, je crois, pourraient être utiles à vos lec- teurs. Des trois racines que vous avez bien voulu nous donner en 1872 et que nous avons plantées au printemps de 1873, nous avons obtenu une trentaine de grammes de graines qui, ressemées de suite, nous en ont donné plusieurs kilo- grammes. D’un semis que nous avons fait en mai, nous avons obtenu en décembre des ra- cines dont le poids dépassait 3 kilogrammes.

Veuillez, etc. H. Viimorin.

L’idée émise par M. H. Vilmorin, que les Radis Ddicon et Garwoski pourraient bien être synonymes, ne nous surprend pas, et nous sommes disposé à la partager. C’est même celle qui était venue à notre pen- sée lors de la lecture de l’article de M. Louis Sisley. Cela nous avait d’au- tant plus frappé que les caractères botaniques indiqués par M. Morel s’accordaient parfai- tement avec ceux que nous avions constatés sur le Radis Garwoski (l.c., p. 228), et que, d’une autre part, les dimensions et les for- mes paraissent être à peu près les mêmes. Ce qui nous a empêché de manifester cette opinion, ce sont d’abord les qualités de « chair serrée , diaphane , juteuse, d'un gcnit très-délicat, qui rappelle celui de nos meilleures petites Raves, »queM. Sisley reconnaît au Daïcon ; ensuite l’origine si différente (Russie et Japon) des deux plan- tes. Mais en réfléchissant, on reconnaît que ces Ghoses peuvent facilement se concilier et «'expliquer, se justifier même. En effet, ce que dit M. Vilmorin des relations russes et -japonaises paraît être très-probablement vrai ; voilà pour l’introduction. Quant aux qualités, indépendamment que cela est dif- ficile à apprécier d’une manière absolue, que la question de milieu ou de climat peut exercer une grande influence, il reste en- core le goût individuel, qui, différant chez chaque individu, fait que l’un peut trouver très-bon ce qu’un autre a trouvé seulement bon ou même médiocre, parfois mauvais. Si l’on joint à cela la tendance qu’il y a chez les deux sortes à donner des individus à racines colorées, on conviendra avec nous que les Piadis Ddicon et Garwoski, s’ils ne sont pas identiques, sont tout au moins pro- ches parents, frères peut-être, dans tous les cas deux bonnes choses qu’on devra se procurer.

La question de l’emploi du tan comme paillis, dont il a déjà été question dans ce

journal, nous a valu d’un de nos confrères une intéressante lettre que voici :

Angers, 27 novembre 1874.

Monsieur Carrière,

A la suite de la lettre si remarquable de M. Weber, au sujet de l’emploi de la tannée fraîche comme paillis (1), vous engagez ceux de vos lecteurs qui en auraient fait l’essai à vous faire connaître les résultats qu’ils ont obtenus ; c’est ce qui m’engage à vous écrire les lignes qui suivent :

Il y a six ou sept ans que, dans l’établissement de MM. Rotereau et Cie, à Angers, j’étais et suis encore comme chef de culture, on en fit l’essai sur une petite échelle. On considéra la chose bonne d’abord, car les plantes ainsi trai- tées ne semblaient pas en avoir souffert, au contraire, ce qui paraissait d’autant plus avan- tageux que les sarclages avaient été nuis, l’herbe ne poussant pas sous cette matière. Encouragé par ce succès, on continua l’année suivante, et alors sur une très-grande échelle. Mais cette fois mal nous en prit, car nous ne tar- dâmes pas à remarquer l’inconvénient de ce procédé.

La végétation fut considérablement ralentie, presque nulle même dans tous les carrés qui en avaient été couverts l’année précédente, mais particulièrement et surtout elle n’avait pas été retirée avant les pluies d’automne, et plus tard mélangée au sol par de petits labours.

Il y a trois ans, nous fûmes obligés de re- manier presque toutes les plantes placées dans ces conditions, et alors l’on trouvait en terre une sorte de Champignon qui ressemblait beau- coup à celui dit blanc de Champignon.

L’intérieur des pots, les racines des plantes et la terre composant la motte en étaient parfois couverts.

Nous avons aussi remarqué que, bien que la tannée ne cause pas de si graves dommages quand on a soin de la retirer avant l’automne, il faut néanmoins tenir compte de la nature des plantes pour lesquelles on l’emploie. Ainsi, par exemple, les Conifères craignent son contact, surtout lorsqu’ils sont en végétation. Ce qui, selon nous, semblerait le mieux s’en accom- moder, ce sont les plantes dites de terre de bruyère , telles que Camellias, Azalées de l’Inde et Rhododendrons, mais en ayant soin toutefois de la retirer à l’automne, ce qui du reste n’a rien d’étonnant, ces diverses essences de plantes vi- vant très-bien dans de la vieille tannée. Bien souvent, en effet, nous avons fait enraciner des boutures ou des couchages de Camellias et de Rhododendrons dans de la vieille tannée arrivée à l’état de terreau. Malgré cela, nous ne l’em-

(1) Voir Revue horticole , 1874. p. 421.

GREFFE DES GROSEILLIERS.

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ployons qu’avec réserve, car nous la croyons susceptible de fournir beaucoup de vers blancs.

Tel est, Monsieur, le résultat de nos observa- tions, et que nous vous autorisons à publier, si vous le jugez convenable.

Veuillez, etc.

Arsène Pothier,

Chef des cultures de l’établissement horticole de F.-E. Rotereau et Cie.

En rapprochant les faits contenus dans cette intéressante communication de ceux qui se trouvent dans la note de M. le comte de Lambertye, qu’on trouvera plus loin, on pourra conclure que si, dans certains cas et dans certaines conditions, l’emploi de la tannée comme paillis peut être mauvaise, il en est d’autres son emploi pourrait présenter quelques avantages. Aussi ne considérons-nous pas la question comme résolue, et engageons-nous tous nos col- lègues à tenter de nouveaux essais.

Dans le Bulletin d'arboriculture, de floriculture et de culture ‘potagère de Gand, M. Burvenich décrit et figure une Poire magnifique d’aspect et de dimen- sion, qu’il dit (( très-bonne, » mais que nous ne pouvons recommander, ne sachant à quelle époque elle mûrit, l’éminent auteur ayant oublié de le dire. Néanmoins, les éloges qu’il en fait et la beauté de la gra- vure nous engagent à la signaler aux ama- teurs qui, pour plus de détails, devront

s’adresser à notre savant confrère, lequel, nous n’en doutons pas, s’empressera de donner tous les renseignements sur cette Poire qui, obtenue en 1818 par M. Joseph de Gaest, de Braffe, porte le nom de Sainte- Dorothée.

Ce même Bulletin nous apprend deux autres nouvelles qui intéressent également nos lecteurs et que nous devons aussi leur faire connaître: la première qu’une exposition internationale d’horticulture aura lieu à Ams- terdam en 1876 ; la seconde, la découverte faite dans le Paraguay parM.Balansa d’une magnifique Nymphéacée qui, dit-on, efface de beaucoup tout ce qui était connu en ce genre. En envoyant des graines de cette merveilleuse plante à M. Durieu de Mai- sonneuve, directeur du jardin botanique de Bordeaux, M. Balansa lui écrivait : « Je vous envoie par la poste un petit paquet ren- fermant quelques graines de la plus splen- dide Nymphéacée qui existe peut-être dans le monde ! La Victoria regia pâlit devant elle ! C’est la plante qui, dans tous mes voyages, m’a le plus impressionné. »

Ainsi, d’après M. Balansa, la Victoria regia, cette Reine des eaux, serait sur le point d’être remplacée par une Nymphéacée plus belle ; c’est d’ailleurs la loi du pro- grès. et nous ne pourrions que nous en réjouir.

E.-A. Carrière.

GREFFE DES GROSEILLIERS

La facilité avec laquelle on peut multi- plier les Groseilliers par boutures fait que l’on a rarement pensé à les propager autre- ment, et que très-probablement même il est peu de personnes qui croient la chose pos- sible. C’est pourtant le contraire qui est vrai, et ce qui peut-être surprendra encore davantage, c’est que les sujets dont on se sert sont les Ribes aureum, palmatum, tenuiflorum, qui sont à peine très-légère- ment différents les uns des autres, bien que très-gratuitement les savants en aient fait des espèces, ce qui du reste nous importe fort peu, car pour nous, et surtout au point de vue nous nous plaçons, c’est exacte- ment la même chose. La greffe qu’on em- ploie est celle en écusson, qui se pratique comme on le fait pour tous les autres arbres, et aux mêmes époques, lorsque l’écorce est

suffisamment mûre et qu’elle se détache bien du bois.

On peut greffer séparément ou sur le même sujet une ou plusieurs variétés, et dans ce dernier cas l’effet est parfois des plus singuliers, surtout si l’on a eu soin de choisir des espèces différentes, par exemple des Groseilliers à maquereau et des Groseil- liers à grappes de couleurs variées, blanches, roses, rouges et même noires. Au commen- cement de l’été dernier, nous avons vu dans les pépinières de MM. Croux et fds, horti- culteurs-pépiniéristes, vallée d’Aulnay, à Sceaux (Seine), un certain nombre de sujets de Ribes palmatum , qui avaient été élevés sur une seule tige et greffés ainsi que nous venons de le dire, et nous pouvons assurer que l’effet ornemental était des plus singu- liers, outre qu’il ne manquait pas d’intérêt.

LIL1UM AURATUM SPECIOSUM.

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Nous avons aussi remarqué qu’il paraissait y ayoir conformité complète de nature entre le sujet et le greffon, à ce point que, dans beaucoup de cas, c’est à peine si l’on pouvait distinguer l’endroit les greffons avaient été posés, surtoutpour les Groseilliers à ma- quereau, qui semblaient ne faire qu’un avec le Ribes palmatum, fait qui nous a quelque peu surpris, car à 'priori nous au- rions cru le contraire.

Nous engageons les amateurs à pratiquer ces sortes de greffes, et pour cela d’élever

le plus haut possible des sujets de Ribes palmatum , de manière à avoir des Groseil- liers en arbre , ce qui ne se voit jamais, surtout pour les Groseilliers à maquereau. Toutefois nous devons faire observer que les R. palmatum , aureum , tenuiftorum , sont très-disposés naturellement, mais surtout lorsqu’ils sont greffés, à émettre des dra- geons ; il faut donc y veiller et les enlever au fur et à mesure qu’il s’en développe.

Carrière.

LILIUM AURATUM SPECIOSUM

Nous n’avons pas à insister sur la beauté toute particulière de la plante à laquelle est consacré cet article ; la figure ci-contre est plus que suffisante pour cela. Disons seule- ment qu’elle provient du stock considérable que M. Loise-Chauvière, marchand-grainier, 14, quai de la Mégisserie, à Paris, avait fait venir du Japon l’an dernier. Cet arrivage, dont nous avons déjà parlé, qui comprenait plusieurs milliers d’Oignons dont nous avons en grande partie suivi le développe- ment, nous a permis de nous faire une idée plus exacte que celle qu’on avait en général sur cette plante, et de nous convaincre que, comme tout ce que l’on nomme cc une es- pèce )> ou type, celle-ci comprend un nombre de formes ou variétés plus ou moins di- verses qui, en reliant cette espèce à une autre, tend à les confondre. En effet, rpar ses feuilles, les unes courtes et dressées, les autres étalées, étroites, presque linéaires, d’autres très-larges et à nervures très-mar- quées, le Lilium auratum paraît se con- fondre d’une part avec le L. tigrinum , L. , de l’autre avec le Z. speciosum , Sieb. (L. lan- cifolium, Hort.). Ajoutons que’dans’certains cas, les fleurs, qui varient considérablement quant à la largeur et à la longueur des pé- tales, parfois un peu par la coloration, se prêtent assez au rapprochement de ces es- pèces, bien que nous ne prétendions pas dire qu’on doive les confondre. On trouve aussi des formes à peu près dépourvues de macules caronculaires, tandis que d’autres en ont beaucoup et plus ou moins dévelop- pées. Il en est de même quant à la couleur; ainsi, tandis que certaines variétés, proba- blement celles sur lesquelles on a établi la qualification spécifique auratum (jaune

d’or), et qui en effet sont presque unifor- mément d’un beau jaune, on en voit qui sont d’un jaune pâle ou blafard, tandis que d’autres sont plus ou moins lavées de rouge orangé. Au nombre de ces dernières nous pouvons placer celle qui est représentée ci- contre qui, par la couleur de ses fleurs et l’ampleur de son feuillage, est une plante très- méritante. Ajoutons encore comme variation une particularité que nous n’avons rencontrée que sur quelques individus seulement ; elle se rencontre dans la couleur du pollen. Ainsi, tandis que chez presque tous le pollen est d’un rouge orangé très-foncé, comme celui que présente notre figure, chez les quelques rares individus dont nous parlons le pollen était jaune roux et d’une nature moins compacte.

De tout ceci il résulte que, dans l’espèce qui nous occupe, c’est-à-dire dans toute la série comprise sous la dénomination Lilium auratum, l’on pourrait trouver des indivi- dus assez distincts les uns des autres pour être considérés comme des espèces ; nous n’hésitons même pas à dire que nous en connaissons dans presque tous les genres, et même dans le genre Lis, qui sont bien moins distinctes que celles que l’on pourrait établir dans la forme auratum, l’espèce, quoi qu’on en dise, n'étant autre quela ma- nière de voir de celui qui la fait. Toutefois nous ferons remarquer que pour spéciéiser ces plantes, il ne faudrait pas suivre la marche généralement adoptée, c’est-à-dire faire précéder le qualificatif des variétés de celui de l’espèce, car alors on pourrait avoir des non sens comme : auratum album, au- ratum rubrum ou d’autres analogues.

Mais quoi qu’il en soit et qu’il arrive, le

L vbùurrv cl urciticm, specvosiLnv',

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EMPLOI DU TAN CONTRE LE

L. auratum speciosum qui fait le sujet de cette note n’en est pas moins une bonne ac- quisition ; à une bonne vigueur et un joli feuillage cette variété joint des fleurs qui at- teignent jusqu’à 22 centimètres et plus de diamètre et qui sont parfaites de forme ; le fond des pétales blanc nacré est relevé çà et de macules brunes, et portant dans toute la partie médiane, au lieu d’une bande jaune, une large ligne rubanée nuancée de rouge grenat. Quant à l’odeur, elle est absolument semblable à celle du type. Du reste, sous ce rapport, et autant que nous avons pu le

PUCERON NOIR DU MELON.

reconnaître, toute les variétés, quels qu’en soient les caractères, ne présentent aucune différence.

Dans un prochain article nous revien- drons sur le L. auratum, et en même temps que nous en indiquerons la culture et la multiplication, nous ferons connaître quelques particularités sur cette espèce qui, nous en avons l’espoir, devra se vulgariser et se trouver un jour dans la plupart des jardins dont elle fera un des beaux orne- ments.

E.-A. Carrière.

EMPLOI DU TAN CONTRE LE PUCERON NOIR DU MELON

RÉPONSE A UNE LETTRE DE M. WEBER, JARDINIER EN CHEF DE LA VILLE DE DIJON (1)

Je ne citerai textuellement qu’un pas- sage de cette lettre. Le voici :

« Dans votre chronique du 16 juillet dernier, vous faites connaître que M. de Lambertye a réussi à empêcher le puceron noir d’envahir ses Melons de primeur, par l’application d’un épais paillis de tannée très-fraîche. Aujourd’hui que la récolte des Melons est terminée, vous devriez, dans l’intérêt de vos lecteurs, tâcher de savoir comment les Melons ont végété sous cet épais manteau de tannée, et le faire con- naître : le fait me paraît important. »

Dans les quelques lignes M. Carrière parlait de mon procédé, il n’est nullement question d’un épais paillis ou épais man- teau de tannée ; il est dit : « M. de Lam- bertye eut Vidée, au lieu de paillis de fu- mier, d’employer de la tannée fraîche extraite des fosses, dont il recouvrit le sol t> {Revue horticole, 1874, p. 262). Il ne reproduisit pas ma note entière (Bidletin de la Société d’horticulture d’Epernay, 3, p. 12). J’y disais que ce lit de tan était épais de i5 millimètres. Juste l’épais- seur convenable pour couvrir la surface entière du sol dans les châssis.

M. Weber désire savoir comment mes Melons ont végété, mais il me semble que M. Carrière le lui a appris, car n’ajoute-t-il pas: « La réussite fut complète; pas un pu- ceron ne se montra. »

Les cultures de primeur de Melons et de Concombres ont lieu de décembre à la fin de mai ; or, si au mois de juillet M. Car-

(1) Voir dans le numéro du 26 novembre dernier de la Revue horticole.

rière a pu enregistrer ce résultat, n’ est-il pas de toute évidence qu’il s’est produit pendant toute la durée de cette culture de primeur, terminée alors depuis plus de deux mois? D’ailleurs, il n’a jamais été dans mes habitudes d’avancer un fait qui ne se soit accompli.

En faisant, connaître à la Société d’horti- culture d’Epernay le succès que j’avais obtenu, j’engageai les jardiniers qui au- raient à se plaindre du puceron noir à essayer la tannée, et les priai de vouloir bien me communiquer le fruit de leurs observations.

M. Carrière joignit dans son journal ses recommandations aux nôtres, car, comme moi, il pense que quand il s’agit d’un pro- cédé nouveau, on ne saurait trop y mettre de réserve.

Deux horticulteurs de la Marne ont ré- pondu à mon appel: MM. Dubois, chez M. de Montebello, à Mareuil-sur-Ay, et Le- grand, jardinier maraîcher à Épernay.

Voici ce que le premier m’écrivait le 20 novembre dernier.

« Au mois d’avril de cette année, je plantai des Melons qui ne tardèrent pas à se couvrir de pucerons noirs qui résistèrent aux fumigations et aux seringages d’infu- sion de tabac. Je fis alors comme vous l’indiquez dans le Bulletin de notre Société (n° 3, p. 12) : je paillai mes Melons avec du tan, en place de fumier; les pucerons disparurent complètement, et je n’en revis pas un de l’été. »

Je passe à M. Legrand :

« J’avais d’abord, dit-il, sept tranchées à

i°2

EMPLOI DU TAN CONTRE LE PUCERON NOIR DU MELON.

Melons d’un seul carré, paillées avec du vieux fumier des tranchées de l’année précédente, et par-dessus le paillis, un centimètre de tannée. J’aperçus du puceron noir dans trois panneaux ; les fruits étaient alors gros comme les deux poings. Je seringuai avec une décoction de tabac, et le lendemain plus un seul puceron noir ; ils ne reparu- rent plus dans ces trois panneaux.

ce Quelques jours plus tard, plusieurs li- gnes de ce même carré furent envahies presque partout ; l’idée me vint d’arroser avec, de l’eau ordinaire, à sept heures du matin, par un beau soleil, et de laisser les panneaux fermés jusqu’à neuf heures. Le soir même, il n’existait plus un seul puce- ron en vie ; on les trouvait tous séchés sous les feuilles des Melons. Je ne sais, ajoute-t- il, si ce résultat doit être attribué à l’éva- poration de l’acide que possède ce tan, acide développé par l’humidité produite, et concentré sous ce châssis fermé.

« A la mi-juin, je plantai sept lignes de Melons dans les mêmes conditions (paillés et une petite couche de tan par-dessus ce paillis) ; j’aperçus du puceron noir dans deux panneaux. J’employai les mêmes moyens (arrosage le matin par le soleil et panneau fermé jusqu’à neuf heures); le soir, plus un 'puceron, et je n’en revis plus depuis. »

Dans mes cultures maraîchères, à Chal- trait, quelques pucerons se sont montrés vers la mi-juin, malgré le paillis de tan. Il était alors desséché ; des seringages répétés en l’ humectant firent développer le principe acide, et les pucerons disparurent.

Voici maintenant mes conclusions :

Depuis l’année le puceron noir ap- parut dans les cultures des Cucurbitacées, à Paris et ailleurs, aucun moyen n’avait pu débarrasser complètement les récoltes, plus ou moins compromises, selon l’époque le puceron commençait à se montrer.

: L’emploi des fumigations de tabac, même renouvelées chèque jour, des serin- gages d’eau de nicotine, n’étaient que des palliatifs.

La tannée fraîche que j’ai employée en guise de paillis (hiver et printemps 1872-1873) dans mes cultures forcées au thermosiphon a été un remède complète- ment efficace; il est dû, sans nul doute, à l’évaporation de l’acide tannique, concentré sous les châssis.

Si, dans les cultures maraîchères quf ont lieu plus tard en saison, le puceron noir s’est montré parfois, malgré le paillis de tannée, c’est quand cette tannée, se dessé- chant, ne laissait plus évaporer son odeur acide, et ce qui le prouve, c’est qu’il suffit d’arroser par le soleil, de fermer les pan- neaux, de faire développer une humidité chaude concentrée, pour activer l’évapora- tion de l’acide tannique, qui tue en quelques heures tous les pucerons.

Un paillis de tannée fraîche, d’une épaisseur de 1 à 1 centimètre et demi, tel que je l’ai employé et le conseille, ne porte aucun préjudice à la santé des plantes, du moins de celles appartenant à la famille en question.

M. Weber, dans la même lettre dont j’ai cité un passage, constate dans la région qu’il habite les effets désastreux de l’em- ploi en couverture de la tannée, et surtout de la tannée fraîche, sur la végétation des plantes et arbustes. Cela s’explique par l’épaisseur des lits qu’il signale, qui a été parfois de 6 à 7 centimètres !

Cte Léonce de Lambertye.

Que résulte-t-il et que peut-on conclure de ce qui précède ? D’abord, que la tannée fraîche fait mourir les pucerons noirs, mais aussi qu’elle peut nuire aux plantes quand il y en a trop épais, et surtout si on la laisse longtemps sur le sol. L’usage est donc bon ; ce qui est mauvais, c’est l’abus ; évitons-le. Ce qui paraît surtout évident, c’est que la partie active du tan réside dans l’acide qu’il contient, qui, en partie soluble dans l’eau, communique à celle-ci des principes insectici- des dont l’horticulture pourra probablement retirer de grands avantages. Et qui sait si à l’aide de bassinages faits avec cette eau, il ne sera pas possible de se débarrasser de certains insectes qui jusqu’ici ne pouvaient être dé- truits avec les décoctions d’eau de tabac ou de savon noir ? Il y a d’intéressantes ex- périences à faire, et nous appelons tout par- ticulièrement l’attention des horticulteurs, et même des antiphylloxéristes, sur ce sujet.

Aussi en terminant, au nom de tous nos abonnés et en notre nom, adressons-nous de sincères remercîments à MM. de Lam- bertye, Weber et Arsène Pothier (1) pour leurs intéressantes communications.

[Rédaction.)

(1) Voir Revue horticole , 1875, p. 8.

PETITES INDUSTRIES HORTICOLES PARISIENNES.

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PETITES INDUSTRIES HORTICOLES PARISIENNES

On ne s’imagine pas combien sont nom- breux et variés les besoins d’une grande ville comme Paris, quelles ressources et quels débouchés ils offrent à une foule d’in- dustries qui, ailleurs, n’auraient aucune raison d’être.

Pour n’en citer qu’un exemple pris parmi les besoins qu’amène la saison d’hiver, nous citerons l’obligation qui dérive de l’habitude qu’on a prise dans les restaurants, petits et grands, de servir les fruits sur un feuillage, une verdure quelconque.

Gela est facile en été, lorsqu’on a sous la main et à discrétion des feuillages de toutes sortes et de toutes formes, parmi lesquels on n’a que l’embarras du choix ; déjà cela n’est plus aussi facile à celui qui, ne possé- dant aucun jardin, est obligé d’aller chaque jour ou àpeu près chercher au marché, à a halle, sa provision de feuillage frais. De est un commerce considérable et qui peut se chiffrer par plusieurs centaines de mille de bottes de feuilles, qui de Fougères, qui de Châtaigniers, qui de Lilas, et surtout de la classique feuille de Vigne, etc.

On pourra juger de l’importance d’un pareil commerce quand nous [dirons qu’il n’est pas un marchand tenant boutique ou étalage de fruits, de fleurs, de légumes ou de poisson, qu’il n’est pas un marchand parcourant les rues, et vendant au panier ou en voiture, qu’il n’est pas un restaura- teur quelconque qui n’emploie du feuillage pour supporter, garnir ou servir sa mar- chandise.

Mais quand arrive l’hiver, une partie des ressources végétales naturelles et habituelles vient peu à peu à faire défaut : c’est alors qu’il faut s’ingénier à trouver sur les^arbres lents à perdre leurs feuilles ce que les vi- gnes, les champs et les bois dépouillés ne fournissent plus ; mais encore ici il y a un choix à faire, car le public est difficile, et il n’accepte pas la première couleur ou forme de feuille venue. Il faut encore que ces feuilles réunissent certaines formes et con- textures, certaines qualités décoratives et de bon goût, qui ne sont pas toujours faciles à réussir et à trouver.

Les feuilles de Lilas sont admises comme pis aller ; mais on leur reproche une forme trop régulière, une contexture trop ferme ;

elles sont trop lisses et trop unies. On pré- fère alors les dernières feuilles des Érables, celles des Mûriers, parfois les feuilles des Noisetiers, de certains Ormes et Peupliers. U y a bien d’autres arbres qui gar- dent leurs feuilles un peu tard ; mais il ne faut pas non plus que ces feuilles aient de l’odeur ni rien qui choque l’odorat et la vue. Dans les plantes herbacées, le Persil ordi- naire et surtout le Persil frisé, si jolis et si usités pour orner les plats de viande et de poisson, ne conviennent pas pour décorer les fruits ; il faut donc trouver autre chose.

Les personnes assez privilégiées pour avoir un jardin bien tenu, un parc, une serre, peuvent toujours trouver à y glaner un peu de verdure pour la décoration de leur table; mais nous le répétons, le public tlie mïlion, comme disent les Anglais est plus exigeant, et il lui faut surtout quan- tité et bon marché.

Ces conditions ont pu être trouvées chez un des végétaux les plus abondants en France, et surtout dans les bois qui entou- rent Paris : nous voulons parler des grandes Ronces vulgaires, qui conservent une partie de leur feuillage en bon état pendant tout l’hiver, surtout dans les parties des bois en- caissées et abritées par les taillis, les val- lonnements, etc.

Ces feuilles, quoique piquantes (et sur les Ronces venues ainsi sous bois, ces feuilles sont beaucoup plus belles et moins épineu- ses que celles des] Ronces venues en grand air), sont cueillies, mises en paquets, puis comprimées, ce qui ôte de la rigidité aux aiguillons qui les accompagnent, et c’est p ar centaines de mille qu’elles sont vendues chaque jour sur les marchés de Paris, et particulièrement aux Halles centrales, d’où elles vont se répartir dans les restaurants de la ville et des environs, servir à orner les fruits de la saison.

Dans un prochain article, nous nous pro- posons de revenir sur ce sujet et d’indiquer quelques végétaux trop négligés ou trop peu connus, dont la culture, étant faite autour de certaines villes sur une grande échelle, pourrait devenir assez lucrative et procurer pour l’approvisionnnement des marchés un débouché assez important et très-rémunéra- teur. Mayer de Jouhe.

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GREFFES DE CUCURBITACÉES.

GREFFES DE CUCURBITACÉES

A l’exposition dernière de la Société centrale d’horticulture de France, le pu- blic, en admirant la magnifique collection de Cucurbitacées exposée par M. Gaillard, et dont nous avons dit quelques mots dans le compte-rendu que nous avons fait de cette exposition (1), était surtout frappé par quelques assemblages de fruits de formes et de couleurs diverses et qui, bien que réunis, appartenaient à des espèces diverses. Ces faits, qui étaient le résultat de greffes, et qui étonnaient ceux qui sont étrangers à la cul-

ture, n’avaient au contraire rien de surpre- nant pour ceux qui, familiers avec l’étude des végétaux, savent que toutes les fois que, dans des t conditions appropriées, l’on met en contact des parties en voie de formation, il y a adhérence, puis soudure plus ou moins complète] de ces parties. Toutefois, une condition qui est indispensable , c’est que ces parties appartiennent à des végétaux de nature analogue, qui rentrent dans un même groupe botanique. En dehors de cette loi, la soudure n’a| pas lieu ou ne se fait que

Fig. lre. Greffe de Courge.

Giraumont vert d’Espagne, sur le côté duquel on a greffé un Pâtisson ou Bonnet d’électeur (au l/5e de grandeurnaturelle).

Fig. 2. Greffe de Courge.

Courge de Virginie dont on a coupé l’extrémité que l’on a replacée après avoir enlevé les graines (au 1/4 de grandeur naturelle).

partiellement, et le plus souvent il n’y a que juxtaposition, et les deux végétaux qu’on a rapprochés ne vivent que]par une sorte d’imbibition. Une autre précaution également indispensable pour que la sou- dure s’opère, c’est d’enlever l’épiderme ou la peau des parties que l’on veut unir, de manière à mettre en contact le tissu cel- lulaire en voie de formation, car tant que la peau (épiderme) ou pellicule qui recouvre les tissus, et qui est une partie faite ou protectrice , existe, il n’y a pas de soudure possible. Une comparaison des plus sim- ples que nous allons faire mettra au courant, de la théorie de la greffe l’homme même le plus ignorant en ce qui concerne l’étude des végétaux, et lui fera parfaitement (1) Revue horticole , 1874, p. 432.

comprendre ce que nous venons de dire. Ainsi les) doigts de la main, quoique très- rapprochés, ne se soudent jamais dans l’état ordinaire ; mais si l’on enlevait l’épi- derme qui les recouvre, qu’on rapproche l’une de l’autre les parties, et qu’on les maintienne, au bout de peu de temps ils seraient soudés et constitueraient un tout dans lequel le sang circulerait, ainsi que le fait la sève des végétaux qu’on a réunis au moyen de la greffe.

A l’aide de ces quelques principes, le lec- teur, quelque étranger qu’il soit aux lois de | la physiologie qui constituent l’es- sence de la vie, se rendra facilement compte de la théorie de la greffe, et comprendra sans aucune difficulté les fi- gures 1 , 2 et 3, qui se rapportent à des gref-

GREFFÉS^ CUCURBITACÉES. 15

pèces diverses, fait . qui, au point de vue commercial, ^ounfcit présenter quelques avantages par 'ifiilfFdes bizarreries de for- mes ou de couleurs provenant des diffé- rentes combinaisons. Au point de vue physiologique, il en résulte cette démons- tration que les tiges de Cucurbitacées peu- vent se souder avec les fruits de céfr mêmes plantes, ce qui s’explique par Taütfbgie que

Fig. 3. Greffe de Courge.

Coloquinte à fruits jaunes , dans laquelle on a introduit la queue d’une Coloquinte Poire verte dont le sommet, qui avait été coupé, a été remplacé par une partie équivalente d’une Coloquinte à fruits blancs (au 1/3 de grandeur natu- relle).

fes de fruits de Courges de différentes sortes. La figure 1 représente un Pâtisson , vulgairement Bonnet d’électeur ou Arti- chaut de Jérusalem , greffé sur un Girau - mont vert d’Espagne ; ici il a suffi d’enlever l’écorce du Giraumont et d’entamer un peu le tissu, de manière à former^ une sorte de cuvette dans laquelle on a placé le~ Pâtisson dont on avait aussi enlevé l’écorce de la partie qui devait se trouver en contact avec le tissu cellulaire du Giraumont.

La figure 2 représente une Courge de Virginie dont on avait coupé l’extrémité et évidé en grande partie l’intérieur pour en extraire les graines ; l’opération faite, on a rapproché les deux sec- tions qu’on a maintenues avec une ficelle ; les angles avaient été pla- cés de manière à ce qu’ils ne con- cordent pas, afin d’augmenter les difficultés. Malgré cela, la reprise s’est effectuée parfaitement.

La figure 3 est plus, compli- quée; elle se compose de deux Co- loquintes dont l’une, la supérieure, qui adhère à la plante est jaune9; au-dessous est une Coloquinte Poire verte dont la peau maculée blanc passe au jaune marmoré. La base, c’est-à-dire le sommet du fruit, a été coupée et remplacée par une autre dont l’écorce 'solide était d’un blanc mat ou nacré. Cette dernière partie ayant été ligaturée, on enleva l’épiderme de la queue de la Coloquinte Poire verte, comme cela se fait pour une greffe en che- ville par exemple, et ayant été ajustée dans une petite ouverture faite sur le côté de la Coloquinte jaune, on ligatura le tout, que l’on maintint ensuite à l’aide de ficelle. Au bout de quelques jours toutes ces parties étaient reprises, et l’on avait une Colo- quinte Poire verte à base blanche qui, par sa queue, était greffée par le ventre dans une Coloquinte jaune adhérant à la plante qui, elle, était en. réalité le sujet , c’est-à-dire la mère qui alimentait le tout.

Que peut-on conclure de ces faits, et quel avantage pourrait-on en tirer ?

Sur le premier point: qu’on peut greffer entre eux lès fruits de Cucurbitacées d’es-

semblent présenter les tissus de ces di- verses parties. Observons toutefois que cette facilité qu’ont toutes les parties des Cucur- bitacées de s’unir entre elles est due à un principe particulier . gomm o-résineux qui se trouve dans tous les tissus des tiges et surtout des fruits de ces plantes, et qui fait que, greffés même après qu’ils sont déta- chés des plantes, ces fruits sont susceptibles de se souder assez fortement pour qu’on ne puisse les séparer sans y mettre une cer- taine force.

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UN MURIER NAIN.

D’une autre part, de cette disposition qu’ont les fruits de pouvoir se souder entre eux et de s’accroître meme lorsqu’on en a enlevé les graines, ne pourrait-il se faire qu’en enlevant celles-ci en temps opportun, que le fruit proprement dit, c’est-à-dire la chair, prenne plus d’accroissement par suite de la nourriture qui, n’étant plus employée par les graines, qui, comme l’on sait, en

absorbent une très-grande quantité, passe- rait à son avantage?

Toutes ces choses nous paraissent mériter l’attention des physiologistes et même des jardiniers, et nous prions ceux de ces derniers qui auraient quelques loisirs d’en employer une partie à faire des expé- riences et vouloir bien nous en faire con- naître les résultats. E.-À. Carrière. i v if , r c : \\ r. t j?r 3

UN MÛRIER NAIN

En faisant parvenir la notice sur le Ne- rium de Brun (1), qu’un prote trop gé- néreux me faisait doter de fleurs de 40 centimètres de diamètre au lieu de 4, 1 par suite d’une simple transposition de virgule, je promettais quelques détails sur un Mû- rier très-nain que j’avais remarqué chez M. Joseph Brun, à la Seyne. Je viens rem- plir aujourd’hui mon engagement.

Au printemps de l’année 1864, M. Joseph Brun fit en terrine un semis du Morus Moretti , variété qui se reproduit franche- ment, et qui est recherchée par certains éducateurs de vers à soie. Les jeunes plants ayant poussé à souhait, furent dépo- tés et mis en pépinière à l’automne suivant. Parmi ceux-ci, M. Joseph Brun remarqua un étrange individu qui, à peu près acaule, offrait une touffe très-serrée de feuilles en rosette. B se garda bien de le mêler avec les autres sujets, et lui donna une place à part d’où il n’a plus été dérangé, et où, par conséquent, il a végété en toute liberté depuis neuf ans.

Pendant les trois premières années, la plante, bien que vigoureuse et portant de très-belles feuilles, resta très-rapprochée du sol, puisqu’elle ne s’éleva pas à plus de 35 centimètres, pendant que les autres, issues du même semis, s’élançaient à plus de 3 mètres de hauteur. La végétation res- tait la même, c’est-à-dire que d’amples feuilles se développaient très-dru autour d’un axe gros et fort court, de manière à figurer une sorte de rosette, comme on en voit aux extrémités des rameaux du Phyto- lacca dioica.

Le développement du sujet fut plus ac- centué les années suivantes, et aujourd’hui, la neuvième année de sa naissance, l’arbre a atteint lm 80 de hauteur totale, c’est-à-

(1) Voir Revue horticole , 1874, p. 385.

dire qu’il a cru en moyenne de 20 centi- timètres par an ou de 30 centimètres an- nuellement pendant les six ans de la deuxième période.

L’aspect de cet arbre, si remarquable- ment nain, est très-original pendant la belle saison. Ses feuilles cordiformes, ayant à leur base 10 centimètres de largeur et 15 centimètres de longueur, portées sur des pétioles de 2 à 5 centimètres, sont d’un beau vert, d’une épaisseur plus marquée que celles du Morus Moretti , et révè- lent, par leur végétation, une espèce douée d’un tempérament singulièrement robuste ; elles sont fortement implantées sur la tige suivant deux spires régulières et parallèles, comprenant 12 feuilles dans un espace de 6 centimètres à la base du ra- meau, de 5 centimètres vers son extrémité. Elles persistent très-longtemps après les premiers froids, et lorsqu’elles tombent, vers la mi-novembre, elles ^ laissent sur la tige une cicatricule ovoïde creux^ surmontée du bourgeon pour la pousse prochaine. Le bois est d’une couleur grise, et l’épiderme est hérissé de rugosités comme subéreuses, qui ne sont que des lenticelles très-sail- lantes.

A la hauteur de 40 centimètres, le tronc se divise en deux tiges principales qui se subdivisent à leur tour en branches secon- daires dont l’ensemble affecte naturelle- ment, et sans le secours de la taille, la forme d’un gobelet. L’arbre n’a pas encore fructifié : est-ce parce qu’il est encore trop jeune ? Mais les plants issus du même semis ont porté du fruit dès la cinquième année. Sera-t-il stérile, comme l’Acacia pa- rasol ? Ce serait encore un avantage qui le recommanderait aux amateurs, les fruits du Mûrier salissant le sol et attirant les mou- ches et les guêpes, qui en sont très-friandes.

LETS CATALOGUES.

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M. Joseph Brun ne s’est pas occupé de la multiplication de cette curieuse variété dont l’exemplaire est, jusqu’à présent, unique. Entre les mains d’un pépiniériste intelli- gent, il pourrait donner lieu à une avanta- geuse spéculation, car, greffé en tête sur un Mûrier ordinaire, cette variété formerait des boules aussi régulières que celles de l’Acacia parasol, mais bien autrement touffues et impénétrables au soleil, par l’ampleur et le rapprochement des feuilles. Ce Mûrier nain servirait ainsi à former des avenues tout à fait originales et parfaitement abritées contre les ardeurs de l’été. En outre, on pourrait, sous cette forme de greffe en tête, en planter quelques sujets sur les gazons et pelouses, ils formeraient un véritable parasol.

Mais ce n’est que l’aspect ornemental de ce gain si remarquable. Etudions main- tenant son côté utile.

Tous ceux qui s’occupent de sériciculture savent que les maladies du ver à soie pro- viennent de l’inobservation des lois de l’hygiène. Ce précieux insecte, élevé en domesticité depuis une longue série de siècles, a perdu de sa rusticité native, surtout lorsque les éducations industrielles sont venues multiplier, par des agglomérations mal soignées, des germes d’infections ana- logues à ceux qui déciment les populations

des casernes, des camps et des hôpitaux. L’on n’a pas oublié les remarquables succès dus aux éducations en plein air, et l’on se rappelle les résultats obtenus par le maré- chal Vaillant, en Lombardie, avec des vers à soie élevés sur un Mûrier.

Ce qui a empêché ces éducations d’essai et de grainage de se multiplier, c’est la difficulté de protéger les insectes contre les oiseaux et les fourmis,’’ qui les attaquent avec prédilection.

Or, notre Mûrier nain serait très-facile à protéger, d’une part contre les oiseaux au moyen de petits filets, d’autre part contre les fourmis en entourant le pied avec du coton goudronné ou des godets remplis d’eau.

Donc, au moyen de ces petits arbres qui ne dépasseraient pas lm 50, c’est-à-dire la taille d’un homme, il serait très-facile d’avoir à côté de chaque maison de campagne l’on se livre à la sériciculture un ou deux su- jets pourla"graine, sur lesquels on élèverait en plein air un Certain nombre^ de chenilles qui ferait race irréprochable et non conta- minée parles maladies trop fréquentes dans les éducations en chambre de la méthode or- dinaire. Nous soumettons avec confiance ce point de vue aux sériciculteurs et aux agro- nomes, persuadé qu’ils en comprendront l’évidente utilité. L. Turrel.

LES CATALOGUES

La Société générale algérienne, dont l’établissement est au Hamma, près Alger, vient de publier son catalogue général 3, comprenant les végétaux et graines dont elle peut disposer. Le climat et la position tout exceptionnels dans lesquels est situé cet établissement font qu’il est en mesure de fournir, à des prix relativement bas, et en plantes de forces très -diverses, une quantité considérale de végétaux qui, chez nous, ne peuvent vivre qu’en serre, tels que Palmiers, Pandanées, Gycadées, plantes grasses, etc., de même que des espèces de serre tempérée et de serre froide apparte- nant aux diverses familles du règne végétal, ce qui n’empêche que, vu l’importance et l’étendue de l’établissement, on ne s’y livre aussi sur une grande échelle à la culture des végétaux variés, tels que : arbres, ar- bustes et plantes diverses de pleine terre,

ainsi qu’à la culture des arbres fruitiers, Poiriers, Pommiers, Vignes, etc., etc. Il va sans dire que les Mûriers et beaucoup d’au- tres plantes industrielles sont aussi l’objet d’une culture particulière.

Les demandes doivent être adressées à M. Auguste Rivière, directeur du Jardin du Hamma, 64, boulevard Saint-Michel, à Paris, ou à M. Charles Rivière, sous- directeur au Jardin du Hamma , près Alger.

Parmi les nouveautés vendues cette année par M. Léonard Lille, marchand- grainier, cours Morand, 7 et à 9, Lyon, nous remarquons les deux espèces suivantes : Raphanus acanthiformis , Morel, espèce ja- ponaise, très-remarquable par les dimensions vraiment extraordinaires qu’elle atteint (jusqu’à 80 centimètres de circonférence). C’estle fameux Radis Daïcon dont la Revue

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LES GLAÏEULS NOUVEAUX DE 1874.

horticole a donné récemment une descrip- tion (1).

Helianthus annus foliis variegatis , plante remarquable par la couleur jaune d’or que prennent les feuilles et même les tiges. Quant aux dimensions et à la vigueur, elles sont les mêmes que celles du type.

Ausseur-Sertier, pépiniériste à Lieu- saint (Seine- et-Marne). Catalogue prix- courant des arbres fruitiers, forestiers, ar- bres, arbrisseaux et arbustes d’ornement. Conifères, Vignes, Rosiers, plantes de terre de bruyère, etc., etc., de diverses forces, plants forestiers et fruitiers, de Conifères de différents âges. On peut aussi se procurer chez M. Ausseur-Sertier le magnifique Amandier à feuilles panachées dorées dont nous avons donné une description (2), plante des plus remarquables par la constance de sa panachure, ce qui ne l’empêche d’être très-vigoureuse.

Baltet frères. Catalogue des arbres fruitiers, forestiers et d’ornement, dispo- nibles dans leur établissement situé àTroyes (Aube). Nous n’essaierons pas de faire res- sortir l’importance de cet établissement, au- jourd’hui connu du monde entier par ses cultures spéciales d’arbres fruitiers ; nous nous bornerons à dire que, en outre de ces collections, on trouve des assortiments com- plets de Rosiers, Conifères, plantes grim- pantes, plantes vivaces, Fraisiers, etc., etc., ainsi que des jeunes plants d’arbres, d’ar-

brisseaux et d’arbustes pour pépinières, clôtures, etc. Le catalogue que viennent de publier MM. Baltet frères n’est pas une simple énumération des plantes qu’ils sont en mesure de fournir. C’est un abrégé d’ar- boriculture dans lequel les amateurs trou- veront les principaux renseignements sur la nature et et le mérite des arbres, la qua- lité des fruits, toutes choses utiles, sinon in- dispensables à toute personne qui veut s’occuper de plantations. En faire la de- mande par lettre sffranchie.

Loise-Chauvière, marchand-grainier horticulteur, 14, quai de la Mégisserie, à Paris. Catalogue pour 1874-1875 de Glaïeuls, Fraisiers, plantes de serre chaude, de serre tempérée, plantes vivaces, plantes à feuillage, etc., etc. Culture spéciale de Lis, de plantes bulbeuses et tubéreuses diverses, telles que : ; Agapanthes, Amaryllis, Als- troemères, Bégonia, Canna, Arum, Cala- dium, Cyclamens, Fritillaires, Ixia, Oxalis, Tigridia, etc., etc.

Nous rappelons aussi que M. Loise est en mesure de fournir de forts oignons A Amaryllis procera, l’une des plus jolies espèces du genre, à très-grandes fleurs, d’une belle couleur violet ou nuancé bleu. Il va sans dire que l’on trouve aussi chez M. Loise-Chauvière des assortiments com- plets de graines de plantes potagères, orne- mentales, industrielles, etc., etc.

E.-A. Carrière.

LES GLAÏEULS NOUVEAUX DE 1874

Suivant l’habitude que nous avons con- tractée, nous venons entretenir les lecteurs de la Revue horticole des nouveaux Glaïeuls obtenus de semis dans les cultures de M. Souchet, et mises cette année en vente par ses anciens collaborateurs, MM. Souil- lard et Brunelet, de Fontainebleau, devenus ses successeurs.

A quiconque pratique et cultive les Glaïeuls, et s’est tenu au courant des variétés émises successivement par l’éminent horticulteur de Fontainebleau, nous n’apprendrons rien de nouveau en disant que, à très-peu d’ex- ceptions près, toutes les variétés de Glaïeuls obtenues par M. Souchet, édités par les quelques maisons qui ont le monopole de

(1) Voir Revue horticole , 1874, p. 444.

(2) Ibid., 1874, p. 333.

la vente de ses produits, sont des plantes d’un g’choix supérieur et hors ligne, qui tiennent encore le cc haut du pavé, y> comme l’onl dit, dans les collections, malgré les innombrables semis faits de tous côtés et le chiffre assez considérable de nouveautés mises dans le commerce par plusieurs au- tres semeurs dont l’habileté et l’honnêteté ne sont ici nullement mises en cause.

Loin de nous donc la pensée de rabaisser en quoi que ce soit le mérite des autres cultivateurs et la valeur des variétés qu’ils ont obtenues et mises en circulation, et on pourrait en citer de très-remarquables ; mais ce que personne ne pourra révoquer en doute, c’est que, d’une manière générale, les Glaïeuls Souchet ont une supériorité remarquée, notamment sur ceux obtenus à

LES GLAÏEULS NOUVEAUX DE 1874.

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l’étranger, et que la sévérité apportée dans le choix des nouveautés mises chaque année dans le commerce par ce semeur et ses successeurs, contrôlés d’ailleurs dans ce choix par leurs vendeurs, permet aux ama- teurs d’acheter de confiance, et pour ainsi dire les yeux fermés, toutes les variétés nouvelles qui portent cette origine sur leur étiquette.

Quelques personnes ont fait remarquer que ce genre semblait être arrivé, dans ces dernières années, à son apogée de per- fectionnement et qu’il n’y avait plus, comme autrefois, un progrès aussi sensible dans la marche ascendante et dans l’amé- lioration de ces plantes.

Gela est vrai jusqu’à un certain point, et il est évident qu’il, y a à toutes choses une limite qu’on ne saurait dépasser. Pour ce qui est des Glaïeuls, nous n’hésitons pas à affirmer que la limite maximum du beau et du nombre des coloris n’est pas encore at- teinte, et nous en offrons pour preuve, non seulement les douze variétés nouvelles de 1874, ainsi que pourront en juger les per- sonnes qui en enrichiront leurs collections, mais aussi celles que nous avons vues en culture, à l’étude et en multiplication pour l’avenir, et parmi lesquelles nous avons re- marqué des plantes tout à fait supérieures et distinctes comme ampleur, forme et co- loris, de tout ce que l’on connaît jusqu’ici, en un mot de véritables plantes à sensa- tion. Mais cette conformité qu’on remarque chez quelques personnes, à l’égard de cette plante, ne proviendrait-elle pas de ce que le nombre des variétés augmentant de 12, 15, 20, 25 chaque année, alors qu’on \ ne supprime aucune des variétés anciennes, il en résulte que beaucoup se ressemblent, font presque double, emploi, et que, dans l’embarras l’on est de faire un choix dans des collections aussi étendues, les amateurs, qui ne peuvent distinguer sur de simples descriptions très-écourtées, et le plus souvent incomplètes, quelles variétés sont les plus tranchées et les plus méritan- tes, prennent au hasard des noms qui plaisent ou des sortes trop analogues dans leur teinte , et ils se lassent de collectionner ces plantes, alors que, si on élaguait des collections toutes les ^variétés depuis longtemps sur- passées et remplacées en mieux, ou celles qui ont entre elles trop d’analogie pour ne conserver qu’une collection sévèrement élitée,

on entretiendrait et on augmenterait même la vogue que ces plantes ont eue jusqu’à ce jour et qu’elles méritent à si juste titre, au lieu de les faire prendre en dégoût.

La chose est, je le sais, très-délicate et difficile ; des raisons complexes, et en somme fort justes, très -intéressantes et respecta- bles, font hésiter les grandes maisons qui s’occupent de ce commerce à faire ces suppressions ; mais, nous le répétons, elles sont devenues nécessaires, et comme en somme il faudra, tôt ou tard, en arriver là, surtout pour prévenir la lassitude des ama- teurs et les exciter, au contraire, à persé- vérer dans la culture de ces plantes, en ne leur offrant que des variétés belles et vrai- ment distinctes, il importe que quelqu’un commence, et qu’il ait le courage de donner le branle et fasse aux collections commer- ciales existantes l’amputation nécessaire. Nul doute que son exemple soit prompte- ment suivi par les autres cultivateurs ou vendeurs, qui doivent tous désirer de voir réduire des collections qui menacent de produire, par l’extension croissante du nombre des variétés et par les embarras de culture et de cataloguement que cette grande variété exige, la lassitude et l’abandon.

Voici, en terminant, les noms et les des- criptions des douze variétés nouvelles qui sont annoncées pour la première fois comme provenant des cultures de Fontainebleau. Nous copions textuellem ent :

GLAÏEULS, VARIÉTÉS HYBRIDES DE GANDAVENSIS.

Nouveautés de i 87 4.

Andromède , très-long épi de grandes fleurs parfaites, d’un beau rose légèrement teinté cerise clair, flammé cerise carminé très-vif, et largement ligné blanc; grande macule jaune pur. Très-belle et remarquable plante; hauteur moyenne.

Astrée. Blanc pur panaché violet carminé, centre lavé lilas très-pur ; macule violette. Plante admirable, coloris tout nouveau; hauteur : 80 cen- timètres.

Cybèle. Long épi de fleurs parfaites, très- grandes, bien ouvertes, blanc flammé du plus beau rose carminé, épi très-étoffé; hauteur : 70 centimètres.

Giganteus. Très-long épi de grandes fleurs bien ouvertes, d’un beau rose largement bordé de rouge cerise, les divisions supérieures rose transparent, toutes les divisions lignées blanc, macule carmin foncé, épi atteignant 90 centimè- tres. Plante très-vigoureuse; hauteur : lm 50.

90 PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.

Ginevra. Très-bel épi de fleurs bien rangées, très-grandes, beau rose cerise très-clair, flammé rouge, toutes les divisions lignées blanc pur, très-pelite macule carmin pourpre sur large fond jaune. Fine et splendide plante, vigoureuse ; épi souvent terminé en bouquet; hauteur moyenne.

Grand-Lilas. Très-long et bel épi de fleurs grandes, très-nombreuses et parfaitement ran- gées; beau lilas tendre, bordé lilas plus foncé. Perfection; coloris nouveau, très-frais.

Hercule. Long épi de fleurs extra-grandes, parfaites ; épi très- ample, beau rouge feu, très- brillant velouté du coloris le plus éclatant, flammé et strié de très-beau rouge orangé, ma- 1 cule violette sur fond blanc lilacè. Plante d’un grand mérite, splendide; hauteur moyenne.

Léda. Très-beau blanc rosé glacé et strié lilas, grande fleur bien ouverte. Magnifique plante, d’une fraîcheur remarquable ; hauteur moyenne.

Lydie. Fond blanc ou rose, bordé et flammé roage carminé, divisions inférieures jaune d’or, macule du plus riche carmin; fleurs parfaites, très-bien rangées. Splendide perfection; hauteur:

1 mètre.

Pactole. Très-long épi, parfaitement garni ; beau jaune pur légèrement bordé de rose, divi- sions inférieures largement maculées de jaune plus foncé. Plante d’un grand effet.

Sylvie. Blanc très-largement bordé rose cerise très-tendre, centre très-éclairé ; fleurs parfaites, bien ouvertes, les divisions inférieures blanc d’ivoire formant une très-large macule. Plante des plus séduisantes ; hauteur : 1 mètre.

Thémis. Épi très-ample, rose frais transpa- rent, très-largement bordé et flammé rouge car- miné, grande macule blanc de crème. . Char- mante plante, unique dans son genre ; hauteur moyenne.

En outre des douze variétés ci-dessus, nous remarquons, parmi les nouveautés de Glaïeuls d’autres provenances annoncées dans les catalogues de 4874-1875, une va- riété que nous nous rappelons avoir beau- coup remarquée à l’une des séances de la Société centrale d’horticulture, notre collègue, M. Berger, horticulteur à Ver- rières, habile et persévérant semeur en ce genre, avait apporté ses meilleurs semis pour les soumettre à l’appréciation du comité compétent. Ce nouveau gain, qui a été baptisé par son obtenteur du nom de Richard- Cœur- de- Lion, et dont nous donnons ci-après la description, se recom- mande aux amateurs par son beau port, un rameau bien étoffé de fleurs grandes, de bonne forme, et surtout par un assemblage de couleurs qui en fait une plante tranchée et sensiblement distincte des variétés exis- tant déjà dans les cultures :

Glaïeul Richard- Cœur-de-Lion (Berger). Bel épi compact formé de grandes fleurs d’un beau rouge cramoisi, richement flammé et bordé grenat, poudré et maculé de jaune d’or sur les divisions inférieures. Noblet.

PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES

Ligustrum Quihoui. Si nous revenons de nouveau sur cette espèce dont plusieurs fois déjà nous avons parlé, c’est afin d’attirer sur elle l’attention qu’elle mérite et engager tous les jardiniers et amateurs à en planter dans leur jardin, elle se fera remarquer par la beauté de son port et de son feuillage, et surtout par celle de ses fleurs, qui for- ment des panicules spiciformes qui attei- gnent jusque 50 centimètres, parfois même plus, de longueur. Ajoutons que la plante est extrêmement rustique, vient à peu près dans tous les terrains et à toutes les exposi- tions, que non seulement elle est très-flo- ribonde, mais qu’elle remonte. Depuis le mois de juillet jusqu’à ce jour, cette espèce n’a cessé de fleurir, et dans ce moment

encore (10 octobre), toutes ses jeunes pousses sont terminées par de très-longs épis racémiformes d’un très-beau blanc.

Le L. Quihoui, Carr., est originaire de la Chine, d’où il a été introduit par le jardin d’acclimatation du bois de Boulogne, l’on pourra se le procurer, ainsi que chbz MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux.

On le multiplie par boutures herbacées ou ligneuses qui s’enracinent facilement et promptement, et aussi par graines qui, se- mées aussitôt qu’elles sont mûres, c’est-à- dire à l’automne, germent au printemps suivant. Par ce dernier moyen, on aura la chance d’obtenir des variétés.

E.-A. Carrière.

Orléans, imp. de G. Jacob, cloître 04nt-Etienne, 4.

CHRONIQUE HORTICOLE

Nomination de M. Chevreul, directeur du Muséum d’histoire naturelle, à la dignité de grand'croix dans l’ordre national de la Légion- d’Honneur. Nécrologie : M. Courtois-Gérard. Une Cucurbitacée peu connue : le Concombre d’hiver d’Alsace. Un Cycas revoluta au Japon : extrait d’une lettre de M. Léon Sisley. Destruction des fourmis et des pucerons par l’emploi du savon jaune. Effet des gelées printanières sur les fruits : absence de pépins, constatée par M. Daniel, dans des poires atteintes par la gelée. Développement de bourgeons au sommet de la hampe d’un Agave xalapensîs. Plantes du Japon : l’art de naniser les végétaux. Le Bégonia AscoUiensis : sa réputation. Destruction des lombrics : emploi de l’eau salée ; emploi de l’eau de chaux. La Pomme Belle de Lippe. Une Poire énorme ; culture des arbres fruitiers à Guernesey : communication de M. Bréhanf. La maladie du Café d’Arabie, à Ceylan : introduction du Coffea Liberiana; les Anglais et leurs colonies.

Un savant des plus illustres dont s’honore la France, M. Chevreul, membre de l’Ins- titut, professeur de chimie générale au Mu- séum d’histoire naturelle et directeur de cet établissement, vient, tout récemment, d’être honoré d’une distinction tout à fait exceptionnelle de la part du gouvernement français, qui vient de lui conférer le titre de grand’croix , qui jusqu’ici n’avait jamais été accordé qu’à quelques grands dignitaires tels que ministres, maréchaux de France et amiraux. C’est là, toutefois, une heureuse exception que nous nous em- jyressons de constater et que, sans aucun doute, tous les organes delà presse ne man- queront pas de faire connaître.

Grâce à une érudition des plus profondes et à une prodigieuse activité, M. Chevreul, qui est arrivé à l’âge de quatre-vingt-neuf ans sans jamais s’ètre fait suppléer dans ses cours, a pu mener de front presque l’uni- versalité des sciences ; aussi, bien que la chimie ait été le principal sujet de ses étu- des, il n’est aucune des sciences naturelles dans lesquelles il ne se soit distingué, et il serait peut-être difficile de dire quelle est celle qui lui a particulièrement valu cet honneur. Pourtant, l’on^ peut supposer qu’on a voulu récompenser surtout ses belles découvertes industrielles, dont l’hu- manité tout entière recueille les fruits, et c’est sur la proposition du ministre du commerce que le Président de la Républi- que a conféré à M. Chevreul cette marque de haute distinction. En tout état de cause, on peut dire que si, dans cette circonstance, le savant est honoré, le pays lui-même ne l’est pas moins.

Nous n’essaierons pas d’indiquer les nom- breux et très-remarquables travaux de

16 janvier 1875.

l’éminent directeur du Muséum. Ce serait infiniment au-dessus de nos forces, et cette tentative pourrait, à juste titre, être consi- dérée comme une excessive prétention de notre part; il nous suffisait d’applaudir à une récompense si bien méritée, heureux que notre position, toute modeste qu’elle fût, nous permît d’enregistrer le fait.

Le 31 décembre dernier mourait, à l’âge de soixante-trois ans, un homme dont le nom est avantageusement connu , M. Courtois-Gérard. C’est une grande perte pour l’horticulture théorique et pratique, car, à des connaissances aussi étendues que variées dans toutes les parties du jardinage, il joignait l’esprit de synthèse, qui lui per- mettait de résumer ses observations et d’en faire de véritables guides. Son Traité de ta culture maraîchère surtout restera comme un véritable modèle en ce genre, et suffirait seul à perpétuer la mémoire d’un des pra- ticiens des plus éclairés, dont personnelle- ment nous nous honorons d’avoir été Fanai.

- Qu’il s’agisse de fruits ou de légume#, il n’est pas rare de voir des faits analogues se montrer, par exemple des variétés qui, quoique très-avantageuses, sont souvent lo- calisées, abondent dans tel village, parfois même dans un jardin, tandis qu’elles sont inconnues ou à peine connues dans un vil- lage voisin. Telle nous parait être une Cucur- bitacée qui, dans certains villages d’Alsace, est connue sous le nom de « Concombre d’hiver , » et où, comme telle, elle rend d’immenses services. C’est une Courge un peu longue, souvent arquée, très-obtuse aux deux bouts et dont la forme générale rap- pelle un peu la Courge pleine de Naples ou

HORTICOLE.

2C2 CHRONIQUE

<c porte-manteau. » Est-ce bien un Concom- bre ? Nous ne le pensons pas, car elle n’en a pas les caractères, et les plantes viennent aussi beaucoup plus fortes que les Concom- bres. De plus, elle se conserve très-long- temps, non seulement entière, mais même lorsqu’elle est coupée, ce qui, ajouté à ses qualités qui permettent de la manger crue, explique, sans peut-être le justifier, le nom de Concombre d’hiver qu’on lui a donné. Sa chair blanc jaunâtre, très-fine, ferme et d’une saveur qui rappelle celle d’un cul d’ Artichaut, est délicieuse lorsqu’elle est assaisonnée. C’est donc un excellent hors- d’œuvre qu’on pourra servir sur toutes les tables pendant les mois d’hiver et même d’automne, ces mets sont généralement peu abondants et peu variés.

La Revue horticole en donnera prochaine- ment une figure et une description, en la rattachant au groupe auquel elle paraît ap- partenir, et en en faisant l’historique, autant, du moins, que les renseignements le per- mettent.

D’une lettre écrite du Japon par M. Léon Sisley, notre ami M. Jean Sisley nous adresse l’extrait suivant :

Nous sommes allés à Osaka, nous

avons visité les temples des environs ; il y en a de très-beaux, et surtout un petit qui est re- marquable par un Cycas revoluta qui fut, dit-on, planté par Taïkosama, c’est-à-dire il y a trois cents ans ; cet arbre est, du reste, fort gros.

Le cicérone de l’endroit nous a raconté qu’on l’avait fumé avec une grande quantité de fer- railles, et que c’est pour cela qu’il avait si bien prospéré.

Aujourd’hui encore, les visiteurs jettent sur la terre des zémis (petite monnaie en fer) qui sont bientôt convertis en rouille.

Dans un des précédents numéros du journal le Sud-Est , M. de Mortillet fait connaître qu’un des meilleurs insecticides est le savon jaune , dont l’effet, dit-il, a dépassé ses espérances , et que les fourmis, pucerons verts, noirs et gris ont été fou- droyés ; que seul le puceron lanigère n’a pas été atteint, en un mot que <c la recette est souveraine. » Pour compléter ses dires et renseigner sur ce produit, M. de Mor- tillet a ajouté :

Le savon jaune est jaune foncé; il ressemble à s’y méprendre à de la cire à frotter les appar- tements ; c’est bien le savon dit de palme , parce

qu’il est fabriqué avec l’huile de palme ; et vrai- semblablement le principe toxique qui agit sur les insectes doit être attribué à cette huile. Je dois constater cependant que parmi les savons jaunes il en est de meilleurs les uns que les autres; un second échantillon n’opérait pas aussi bien que le premier qui m’a été remis, et dont l’effet, je puis le dire, était foudroyant.

Ce savon était très-employé autrefois pour donner du lustre aux étoffes de soie; il a été remplacé depuis par d’autres compositions, ce qui fait qu’il est maintenant assez rare, et qu’il n’est pas toujours facile de s’en procurer.

Pour le faire dissoudre, on râpera le savon avec la lame d’un couteau, et il sera mieux d’employer de l’eau chaude. Je ne saurais indi- quer des proportions exactes; il suffit que l’eau soit bien teintée de jaune ; il ne peut y avoir, au reste, aucun inconvénient à forcer la dose, puisque la dissolution ne nuit en rien aux plan- tes. Je crois qu’il est bon néanmoins d’opérer toujours le soir, afin de prolonger l’effet des- tructif.

Un curieux phénomène dont il a déjà été question dans ce journal (1) est l’in- fluence produite sur les fruits par l’effet des gelées printanières. Ce phénomène s’étant renouvelé cette année, nous croyons devoir appeler sur lui une attention toute particulière. Comme l’année dernière, nous en devons l’observation à un de nos bons collaborateurs, M. Daniel, plus connu des lecteurs de la Revue sous le pseudonyme de J. Batise. Voici à ce sujet ce que nous écrivait cet excellent confrère, à la date du 20 octobre dernier :

... .Je vous parlais dans une lettre, ce prin- temps, de l’absence de pépins dans nos Poires de plein vent. Maintenant qu’on les mange, on peut s’en assurer sur toutes, et le fait est général, non seulement ici, mais dans les jardins du voi- sinage qui ont ressenti les gelées de ce prin- temps comme nous. C’est véritablement curieux. J’ai examiné de superbes Duchesses il n’y avait plus traces de loges ; des Beurrés Hardy, Superfin et Dumon se trouvaient dans le même cas, et dans quelques-unes il n’y avait qu’une masse charnue l’axe du fruit même était presque invisible. Malheureusement, il y avait fort peu de fruits dans ces positions, et nous n’avons à compter que sur nos espaliers qui, au reste, sont fort beaux et dont les fruits ne présentent pas le même effet.

Les faits qui viennent d’être rapportés paraissent dus à la destruction des organes sexuels. On pourra peut-être se demander

(1) V. Revue horticole , 1874, p. 25.

CHRONIQUE

si, en abattant ceux-ci, il ne serait pas pos- sible, ainsi que le disait M. Daniel, d’obtenir des fruits plus volumineux, ayant plus de chair et moins de granules. Voici à ce sujet ce qu’il écrivait, l. c. :

Ainsi, voici donc des fruits dont les or- ganes de reproduction ont été détruits par l’effet du froid et qui, malgré cela, ont grossi et sont arrivés à mûrir d’une façon tout à fait normale. Sur 125 Poires, j’en ai pu visiter 62, et aucune ne m’a donné de pépins en bon état.

L’action de la gelée a-t-elle eu lieu avant ou après la production? Ce dernier terme paraît plus probable. Toutefois, on est en droit de se demander si l’on ne pourrait arriver artificiel- lement au même résultat, et supprimer ainsi certains cœurs ou «c trognons » pierreux qui, comme dans la Poire de Saint-Germain, par exemple, lui ôtent parfois presque tout son mérite?

L’exemple de la Poire Belle de Bruxelles, les pépins manquent parfois presque complète- ment, et celui de beaucoup d’espèces de Musa , semblent prouver que la chose n’est pas impos- sible.

Tout récemment, en visitant l’un des premiers établissements de France, particu- lièrement pour les Palmiers et Gycadées, en dehors des magnifiques collections qui s’y trouvent, nous avons remarqué un fait physiologique des plus curieux et des plus rares, unique peut-être, et que nous croyons devoir faire connaître. Ce fait con- siste dans le développement de nombreux bourgeons au sommet de la hampe flo- rale d’un Agave xalapensis. Des différents pieds de cette espèce qui ont fleuri, celui dont nous parlons est le seul qui a présenté ce caractère ; chez les autres, la hampe s’est desséchée quand la floraison fut terminée, ainsi du reste que cela a lieu normalement, pourquoi en a-t-il été autrement de celui- ci? Que deviendra cette hampe florale? Per- sistera-t-elle pour alimenter les bourgeons qui la terminent? Que deviendront ces bourgeons? Reproduiront-ils l’espèce? Ce sont autant de questions que nous ne pou- vons résoudre, mais sur lesquelles nous nous proposons de revenir plus tard, lorsque nous donnerons une figure du fait que, pour aujourd’hui, nous ne faisons qu’indiquer.

Signalons encore, dans ce même établis- sement, un arrivage de plantes du Japon, la plupart remarquables par leur forme naine et tourmentée, qui donne une idée de l’art avec lequel les horticulteurs japonais

HORTICOLE. £r

savent naniser les plantes. Comme espèces remarquables , citons des Nageia ovata variegata, Gord., à feuilles très-courtement ovales, élégamment striées, panachées de blanc ; une autre espèce voisine du Nageia loti folia, mais à feuilles moins larges et plus longuement cuspidées ; quelques indi- vidus d’une espèce de Ligustrum , voisine du L. coriaceum ; plusieurs Podocarpus , voisins du Chinensis,k feuilles élégamment panachées, striées de blanc; puis des Evo- nymus radicans, sulfurea et tricolor , mais tous greffés sur des sujets relative- ment gros, sur lesquels on avait posé plu- sieurs greffons en couronne ou de côté. C’est, croyons-nous, en employant de gros et vieux sujets qu’ils tiennent en pots qu’ils obtiennent ces individus, aussi éton- nants par l’âge que par la forme rabougrie. Ajoutons que ce qui doit contribuer énor- mément au rachitisme de ces plantes, c’est le soin que prennent les Japonais, au fur et à mesure que poussent les branches, de les attacher en les rabattant vers le sol et en les y maintenant à l’aide de liens, de manière à former une sorte de lacet inextricable.

Un fait bien peu connu, qui pourra même paraître singulier, c’est que le Bégonia Ascottiensis , si répandu chez nous, l’on en tire un excellent parti, est à peine connu en Angleterre, bien qu’il en soit ori- ginaire. Ce n’est que tout récemment, après que des horticulteurs anglais l’eurent ad- miré dans nos jardins, qu’ils l’importèrent chez eux, où, sans aucun doute, il jouira bientôt d’une renommée qu’à juste titre il a acquise en France. Ce fait, toutefois, n’a rien qui doive étonner; il est, au contraire, des plus simples par une particularité qu’on ignore généralement et que nous allons faire connaître. Voici comment les choses se sont passées :

Il y a quelques années, M. Keteleer, visi- tant les cultures de M. Standish, horticul- teur à Ascott (Angleterre), remarqua, dans un semis de Bégonias, un sujet qui lui pa- rut présenter de l’intérêt. M. Standish, qui n’y attachait aucune importance, le lui vendit pour la modique somme de deux shillings et demi (environ 3 fr.). MM. Thi- baut et Keteleer le vendirent également un prix très-faible, et personne presque n’y fit attention. Ce ne fut que l’année dernière, à l’exposition d’horticulture de Versailles,

U CHRONIQUE HORTICOLE.

M. Duval en avait exposé de très-foTts exemplaires qui furent jugés méritants et récompensés, ensuite admirés de tous les visiteurs, qu’on fit attention à cette espèce. Mais à partir de là, sa réputation était faite, et cette plante, que l’on avait à peine remarquée, se trouva tout à coup avoir une très-grande valeur ; ainsi, au lieu de 1 fr. 50 et même moins [qu’on l’avait vendue jusque-là, elle acquit le prix de 8, 9, 10 et même 12 fr. A quoi tiennent parfois les choses !

Plusieurs fois déjà, dans la Revue hor- ticolej on a agité la question des lombrics ou vers de terre ; mais malgré les dires de cer- tains écrivains, les praticiens sont unanimes pour déclarer que ces animaux sont plus nui- sibles qu’utiles. Au point de vue horticole, nous n’hésitons pas à les proscrire comme n’étant jamais utiles ; quanta être nuisibles, c’est une question de plus ou de moins, voilà tout. Mais si l’on est à peu près unanjme quand il s’agit de les proscrire, il n’en est pas de même quand il s’agit des moyens à em- ployer pour y parvenir : l’eau salée, répandue sur le sol qui contient des lombrics, est, de tous les moyens recommandés jusqu’ici, celui qui rallie le plus de partisans. Voici pour opé- rer cette destruction un procédé que nous indique un de nos abonnés, et que nous croyons devoir communiquer à nos lecteurs, en les engageant à l’expérimenter :

Monsieur Carrière,

J’avais dans une caisse un Palmier dont

la terre contenait beaucoup de vers ; voulant détruire ceux-ci, j’eus l’idée d’arroser avec de l’eau blanchie avec de la chaux. Quel ne fut pas mon étonnement lorsque, instantanément, je vis les vers monter à la surface du sol, d’où, après quelques mouvements précipités, probablement déterminés par la souffrance, ils ne tardèrent pas à mourir ! Un fait qui me confirme dans l’opinion que l’eau chargée de chaux est nuisible aux lombrics et peut servir à les éloigner des cultures est le suivant :

J’avais cette année fait en pleine terre des semis de diverses espèces auxquelles je tenais beaucoup, telles que Cinéraires, Calcéolaires, Pri- mevères, etc. A peine les plants étaient-ils levés, que je m’aperçus que les vers les tiraient ou les bouleversaient; j’eus alors recours à l’eau blanchie à la chaux, et avec quelques bassinages légers je les éloignai et n’en vis plus, de sorte que mes plantes se développèrent parfaitement. Pour les semis faits en pots ou en terrines, il suffit pour les préserver des lombrics de mettre

au fond des vases une petite couche de chaux qu’ils n’essaieront jamais de traverser.

Si vous trouvez que ces petits renseignements peuvent être de quelque utilité pour vos lecteurs, je vous autorise à les publier.

Veuillez, etc. Adam,

Jardinier chez M“* la baronne de Châteaubourg, à Villeneuxe-sur-Yonne.

C’est avec plaisir que nous insérons l’in- téressante communication qu’on vient de lire, laquelle, nous en avons la conviction, sera accueillie avec empressement des lec- teurs de la Revue, qui ne manqueront pas de la mettre à profit.

L’organe du Cercle d'arboriculture de Belgique, dans son numéro d’octobre dernier, figure et décrit une magnifique Pomme, la Belle de Lippe, sur l’origine de laquelle on est loin d’être d’accord. Mais ce qu’il y a de remarquable, c’est que cette belle et bonne variété, « qui est cultivée dans les jardins et dans plusieurs vergers de Saint -Trond et des environs de cette ville, où, dit-on, elle a été importée il y a un demi-siècle de la Normandie, » n’ait jamais été décrite dans aucun ouvrage de pomologie et ne se trouve non plus dans aucune pépinière, fait qui semblerait démon- trer que, contrairement à ce qu’on répète toujours, il y a encore quelque chose de nouveau sous le soleil. Quoi qu’il en soit et c’est l’essentiel la Pomme Belle de Lippe est, dit -on, précieuse ; sa maturité « commence en novembre, et les fruits se conservent sans aucune peine d’une année à l’autre, pourvu qu’on ait soin de ne pas choisir les plus gros. »

Au nombre des phénomènes remar- quables de végétation, l’on peut, sans hésiter, placer celui d’une Poire Belle Angevine , présentant une circonférence de 50 centi- mètres et pesant 2 kilogr. 268 grammes. Ce fait, probablement sans exemple, s’est produit dans l’iîe de Guernsey, chez un de nos abonnés, M. T.-C. Brehant, à Rich- mond-House, qui nous écrivait à la date du 10 décembre 1874 la lettre suivante :

Cher Monsieur,

Je viens d’exposer à Londres six Poires « Belle Angevine » qui ont reçu le premier prix pour les « six Poires du plus grand poids. » Un de ces fruits avait une circonférence de 50 centimètres et pesait 2kil. 267,72, et les six ensemble pe- saient à peu près quatre fois autant.

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ESSAIS COMPARATIFS DE QUELQUES VARIÉTÉS DE POIS.

Je désire donc savoir de vous si cette Poire n’est pas la plus grosse qu’on ait jamais fait croître en Europe. J’ignore même si en Amérique on eu a jamais récolté qui présentât de si fortes dimensions. De plus, ces six Poires étaient le produit d’un seul arbre, dressé en cordon oblique, qui, en 1872, avait produit six Poires également victorieuses dans leur classe.

Comme la taille d’arbres fruitiers est origi- naire de France, vos lecteurs apprendront sans doute avec plaisir que cet excellent système donne de bons résultats, sous des conditions de climat si différentes de celles qu’on rencontre en France. Je suis, Monsieur, à peu près le pre- mier en Angleterre qui ait reconnu les mérites de cette taille, et certainement le premier aussi qui ait il y a dix-huit ans essayé de con- duire le Pêcher en serre de cette manière , tou- jours, bien entendu, en apportant les modifica- tions que l’expérience m’a fait reconnaître nécessaires. Jusqu’à présent ce système a parfai- tement réussi ici, à Guerncey.

Agréez, etc. Thomas C. Bréhant,

Auteur de Taille en cordon , 1860; Taille mo- derne du Pêcher, 1866; rapporteur à l’Expo- sition de Paris, classe 86, etc., etc.

Nous n’hésitons pas à croire que la bonne direction donnée aux arbres ne soit entrée pour une bonne part dans les résultats si remarquables qui viennent d’être signalés ; pourtant nous nous croyons obligé de re- connaître que le climat si favorable de Guernsey y entre aussi pour quelque chose ; nous serions donc tout particulière- ment reconnaissant envers notre collabo- rateur qu’il voulût bien de temps à autre nous faire quelques communications, soit sur la culture des végétaux, soit sur des par- ticularités qui s’y rattachent. Nous osons l’espérer et l’en remercions à l’avance.

Si en France la Vigne, les Mûriers, les Cerisiers et beaucoup d’autres espèces sont malades et préoccupent vivement les cultivateurs, nos voisins les Anglais ne sont pas exempts de choses analogues, et beau- coup de plantes industrielles, telles que le !

Café, la Canne à sucre, sont sur différents points de leurs colonies atteintes de ma- ladies équivalentes à celles qui frappent nos arbres fruitiers ; aussi, comme nous, cher- chent-ils les moyens de parer à ces ma- ladies. Le Café surtout est l’objet de solli- citudes toutes particulières, ce qui s’explique par l’important commerce auquel il donne lieu. Dans beaucoup de colonies anglaises, et notamment à Ceylan, il faut, nous assure-t-on, renoncer à cultiver le Café d’Arabie, qui, pa- rait-il, n’y peut plus croître comme autrefois, et n’y donne plus de produits rémunérateurs. Mais, il faut bien le reconnaître, il n’en est pas comme chez nous, et ce proverbe : « Qui veut la fin doit employer les moyens, d n’est pas un vain mot. Dans cette circonstance,, deux moyens sont employés : guérir le mat ou remplacer les malades. C’est à ce dernier que nos voisins se sont arrêtés, mais avec cette conception large qui leur est habi- tuelle. Déjà, en 'effet, ils ont pris des me>- sures pour importer à Ceylan une nouvelle espèce de Café de la Liberia ( Coffea Lïhe- riana) (1), qui est à feuilles plus larges que celles du Café commun et que l’on dit aussi beaucoup plus robuste. Nous tenons ces intéressants détails de notre collègue, M. Loury, chef multiplicateur au Fleuriste de la ville de Paris qui, lors d’un récent voyage qu’il fit en Angleterre, a pu voir, à Kew, une serre contenant des quantités considérables de jeunes Coffea Lïberiana élevés pour la destination de Ceylan. C’est un de ces exemples qui ne sont pas rares chez nos voisins d’ outre-Manche quand il s’agit d’enrichir le pays et de conserver le monopole des grands intérêts commer- ciaux. Loin de les blâmer, si nous avions à formuler un vœu, ce serait de voir notre pays suivre une voie analogue pour les quel- ques colonies que nous possédons. Doit-on l’espérer, lorsqu’on réfléchit à ce qu’on a fait pour notre possession d’Afrique?

E.-A. Carrière.

ESSAIS COMPARATIFS DE QUELQUES VARIÉTÉS DE POIS

Persuadé que beaucoup de personnes se trouvent fort embarrassées pour faire un

(1) Liberia, république de l’Afrique occidentale, fondée en 1821 par des nègres des États-Unis, sous le patronage de la Société de colonisation améri- caine, et reconnue en 1848 par la France et l’An- gleterre. Elle s’étend sur la côte de la Guinée, a 330 kilomètres de long sur 40 à 45 kilomètres de

choix parmi les nombreuses variétés de Pois annoncées sur les catalogues, j’ai fait

large, et est comprise entre le et de latitude nord, et le 11° et 14° de longitude ouest, entre le cap Palma et la colonie anglaise de Sierra-Leone. Colonie essentiellement agricole. Produits nom- breux et variés. La capitale delà Liberia est Mon- dovia.

ESSAIS COMPARATIFS DE QUELQUES VARIÉTÉS DE POIS.

cette année un semis comparatif des princi- pales variétés, afin de pouvoir étudier et distinguer celles qui me paraissent les meilleures et les plus avantageuses à cul- tiver.

* Les variétés décrites ci-dessous ont été cultivées dans une bonnne terre de jardin un peu sablonneuse, et plutôt sèche qu’humide.

Afin de bien se rendre compte des hau- teurs qu’elles sont susceptibles d’atteindre, •tous les pieds furent ramés, et aucune tige n’a été pincée, contrairement à ce que l’on fait souvent afin d’en hâter la fructification. Tous ces Pois ont été semés le même jour (16 mars) et à la même exposition.

Par suite des grandes chaleurs prolongées que nous avons eues cette année, la plupart des variétés tardives ont mûri un peu plus tôt que d’ordinaire, et par contre les tiges de ces mêmes variétés s’élevèrent moins. Toutefois, ainsi qu’on le verra par les des- criptions ci-dessous, j’ai pu me rendre compte des différences que présentent ces, variétés, tant au point de vue des hauteurs relatives que de l’époque ordinaire de ma- turité.

Pois Joseph. Variété naine ou à demi- rames, à grains lisses. Cette variété a été donnée à mes prédécesseurs, MM. Courtois- Gérard et Pavard, par le jardinier dont elle porte le nom. Ces messieurs l’ayant essayée et reconnu sa précocité, l’ont fait cultiver. Dans le semis comparatif dont j’essaie de ' rendre compte, il a mûri quatre jours avant le Pois Prince Albert. En outre de sa pré- cocité, ce Pois se distingue des autres varié- tés par son feuillage vert clair, à reflets mé- talliques. Un peu délicat, comme tous les Pois hâtifs, il demande à être semé de prin- temps ; le semis d’automne pourrait souffrir dans les hivers rigoureux. Fleurs blanches, tiges simples de 50 à 55 centimètres, por- tant de 4 à 5 cosses longues d’environ 6 centimètres, contenant 5 à 6 grains petits, jaune clair. En fleur le 8 mai; bon à con- sommer le 26 mai ; complètement sec le 20 juin.

Pois Carter. Les variétés vendues sous le nom de Caractus , Bingleaded, etc. ,

( sont, ainsi que le Pois Carter, des sélections de l’ancien Pois Prince Albert , qu’il est . fort difficile maintenant de se procurer dans toute sa pureté. (Dans un semis que j’ai fait de ces quatre variétés, elles étaient à peu

de chose près semblables.) Fleurs blanches, tiges simples d’environ 60 centimètres, portant 8 à 9 cosses : une, quelquefois deux par maille. Cosses droites, longues de

6 centimètres, contenant de 5 à 6 grains. En fleur le 15 mai ; bon à consommer le 1er juin ; complètement sec le 20 juin.

Pois nain de Vincennes. La meil- leure variété pour cultiver en bordures ou le long des espaliers ; sa petite taille le rend aussi précieux pour la culture sous châssis. Presque aussi hâtif que le Prince Albert , c’est le plus nain et le plus productif, par rapport à la hauteur, que l’on ait dans la culture. Fleurs blanches, tiges de 20 à 25 centimètres, portant 5 cosses : une, quelquefois deux par maille. Cosses longues de 5 à 6 centimètres, contenant 6 à 7 grains petits, jaune clair. En fleurie 15 mai ; bon à consommer le 2 juin ; complètement sec le 20 juin.

Pois nain hâtif de Hollande. Une des meilleures variétés de Pois nain pour la culture de pleine terre ; presque aussi hâtif que le Carter , il lui est supérieur comme rendement. Très-rustique. Tiges simples, de 35 à 40 centimètres, portant 8 à 10 cosses : deux par maille. Cosses de 4 à 5 centimètres, très-étroites, légèrement arquées, contenant 6 grains très-petits, jaune clair. En fleur au 15 mai ; bon à con- sommer le 2 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois Michaux de Hollande. Rustique, productif et de très-bonne qualité. Cette variété peut se semer d’automne. Pincée au-dessus de la troisième fleur, elle peut être cultivée sans rame. Tiges de 85 à 90 centimètres ; fleurit au deuxième ou au troisième nœud. Cosses longues de 6 à

7 centimètres : une, quelquefois deux par maille. Cosses contenant 6 à 7 grains petits, jaune clair. En fleur au 19 mai ; bon à con- sommer le 4 juin ; complètement sec le 27 juin.

Pois nain V Evêque ou Bishop hâtif. Cette variété est naine, hâtive et productive, mais ses grains sont toujours un peu plus gros et pâteux ; le nain hâtif de Hollande lui est de beaucoup préférable comme qua- lité. Tiges simples de 40 à 45 centimètres de hauteur, portant 6 à 8 cosses, presque toutes au sommet : deux par maille. Cosses longues de 6 à 7 centimètres, contenant 6 à 7 grains moyens, jaune grisâtre. En fleur

ESSAIS COMPARATIFS DE QUELQUES VARIÉTÉS DE POIS.

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au 28 mai; bon à consommer le 10 juin; complètement sec le 1er juillet

Pois Daniel O’Rouck. Cette variété n’est également qu’une forme du Michaux de Hollande, duquel elle diffère à peine lorsqu’on peut l’avoir franche. Tiges de 80 à 85 centimètres, portant 6 à 7 cosses : une à deux par maille, commençant à fleurir au deuxième ou troisième nœud. Cosses lon- gues de 6 à 7 centimètres, contenant 7 grains petits, jaune clair grisâtre. En fleur au 95 mai ; bon à consommer le 4 juin ; com- plètement sec le 30 juin.

Pois nain vert petit. Cette variété est la meilleure à cultiver dans les fermes et dans tous les établissements il faut pro- duire une assez grande quantité de Pois. Très-naine et n’ayant pas besoin de rames ; elle est très -productive ; le grain est très- sucré et très- fin. Pour les marchés, la cou- leur un peu bleuâtre du grain en empêche la vente ; mais pour les établissements qui con- somment leurs produits, peu de variétés lui sont égales comme rendement et qualité. Tiges de 60 centimètres. Cosses légèrement arquées, longues de 5 à 6 centimètres, con- tenant 6 à 7 grains petits, vert foncé. En fleur le 28 mai; bon à consommer le 15 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois Scimitar. Variété anglaise, ayant beaucoup d’analogie avec le Pois nain vert gros. Tiges de 60 centimètres. Cosses lé- gèrement arquées, longues de 7 centimè- tres, contenant 8 à 9 grains, gros bleuâtre. Très-productif. En fleur au 1er juin ; bon à consommer le 20 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois nain vert gros. Même qualité que le Pois nain vert petit, aussi productif, mais à grains plus gros, mûrissant plus tardivement. Tiges de 70 centimètres. Cosses longues de> 7 centimètres : deux par maille, contenant 6 à 7 grains très-gros, vert bleuâtre. En fleur au 1er juin; bon à consommer le 20 juin; complètement sec le 4 juillet.

Pois nain Tom-Pouce. Variété excel- lente, mais un peu tardive; son principal mérite est sa petite taille, qui permet de le cultiver en bordures. Tiges de 40 centi- mètres, simples, portant 10 à 12 cosses lé- gèrement arquées, longues de 5 à 6 centi- mètres, contenant 7 grains moyens, jaune clair. En fleur au 15 mai ; bon à consom- mer le 8 juin ; complètement sec le 25 juin.

Variétés a rames a grains lisses. Pois Clamart hâtif. Tiges ramifiées, d’environ 85 centimètres : deux cosses par5 maille. Cosses longues de 7 centimètres, contenant 6 à 7 grains moyens, déprimés. En fleur au 28 mai ; bon à consommer le 10 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois Laxton et Suprême. Les variétés de Poix Laxton sont vraiment remarqua- bles par la longueur et par la grosseur de leurs cosses; elles sont très -appréciées en Angleterre, l’on en mange les fruits sim- plement cuifs à l’eau, assaisonnés de jus de viande ; mais les grains sont beaucoup trop gros et farineux pour être appréciés en France. Tiges de lm 10, très-grosses, non ramifiées. Cosses longues de 8 à 9 centi- mètres, légèrement arquées : deux par maille, contenant 8 à 9 grains moyens, vert clair. En fleur au 20 mai ; bon à con- sommer le 15 juin; complètement sec le 1er juillet.

Pois Laxton superlative. D’origine anglaise comme la précédente, cette variété est remarquable par la longueur de ses cos- ses. Tiges d’environ lm 30, très-grosses. Cosses longues de 11 à 12 centimètres : deux par maille. Ces cosses contiennent 10 à 12 grains très-gros, vert foncé. En fleur au 28 mai; bon à consommer le 15 juin; complètement sec le 1er juillet.

Pois Laxton quality. Très-productive et de très-bonne qualité. Tiges de 1 mètre. Fleurit au troisième ou quatrième nœud. Cosses longues de 7 centimètres, contenant 7 à 8 grains moyens, vert clair : deux cosses par maille. En fleur au 1er juin1; bon à consommer le 20 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois Clamart ordinaire. Cette variété est certainement la meilleure des Pois tar- difs. En plaine, elle s’élève mcins que dans les jardins, on la cultive sans rame en la pinçant au-dessus de la troisième fleur, et en buttant fortement le pied. Tiges de lm 10 environ. Cosses longues de 7 à 8 centimètres, légèrement arquées, contenant 7 grains, gros, déprimés, presque carrés, d’un jaune verdâtre : deux cosses par maille. En fleur au 1er juin ; bon à consommer le 20 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois d’ Auvergne ou Serpette. Un de nos meilleurs Pois comme produit et qua- lité. Tiges de 1 mètre, souvent ramifiées à

n

ESSAIS COMPARATIFS DF. QUI

la moitié de la hauteur. Cosses très-arquées, longues de 8 centimètres : deux par maille, contenant 9 à 10 grains très-fins, grisâtres. En fleur au 1er juin ; bon à consommer le 20 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois Corne de Bélier (mange-tout). Tiges de lm 40. Cosses courbées, longues de G à 7 centimètres : deux par maille, contenant 6 à 7 grains gros, jaune clair. En fleur au 8 juin; bon à consommer le 20; complètement sec au 15 juillet.

Variétés naines a grains ridés. Pois ridé à bordures (Mac Lean’s litte Gem). Très-productif. (Un décalitre en cosse m’a rendu 2 litres 6 décilitres de grains.) Tiges simples de 40 à 45 centimè- tres, portant 5 à G cosses : une par maille. Cosses longues de 6 centimètres, conte- nant 5 à G grains ridés, vert clair. En fleur au 15 mai; bon à consommer le 3 juin; complètement sec le 20.

Pois ridé nain vert de Knight. Cette variété est souvent désignée dans les cata- logues sous le nom de Pois Napoléon ; elle est plus productive que la précédente. Tiges de 60 à 65 centimètres, simples, très- grosses ; feuilles larges. Les tiges portent 40 à 12 cosses : deux par maille. Cosses longues de 8 centimètres, contenant 5 à G grains très-gros, ridés, vert clair. En fleur au 19 mai; bon à consommer le 15 juin ; complètement sec le 1er juillet.

Pois ridé nain blanc de Knigth. Cette variété, souvent vendue sous le nom de Pois ridé nain Eugénie, ne diflère du Pois nain ridé vert que par la couleur de son grain, qui est blanc étant sec. Elle est également un peu plus tardive.

Variétés a rames a grains ridés. Pois ridé de Knigth à grains blancs.

H existe une autre variété qui ne diffère de celle-ci que par la couleur de son grain, qui reste vert étant sec. Tiges de lm 10, rami- fiées. Cosses longues de 7 centimètres : deux par maille. Grains gros, ridés, blancs, au nombre de 5 à 6 par cosse. En fleur au 1er juin; bon à consommer au 15 juin; complètement sec le 1er juillet.

Pois Laxton quantity. Cette variété d’origine anglaise est très-productive. Tiges de 1™ 10; fleurit au quatrième nœud : deux cosses par maille ; les cosses, longues de 7 à 8 centimètres, contiennent G à 7 grains vert clair, gros, ridés.

Pois Cartels Leviathan. Comme le

:elques variétés de rois.

précédent, cette variété est d’origine an- glaise. Tiges de lm 20. Cosses longues de 9 centimètres : deux par maille, contenant 7 à 8 huit grains blancs ridés, très-gros. En fleur au 8 juin ; bon à consommer le 20 juin; complètement sec le 1er juillet.

Pois merveille. Variété très -tardive. Tiges de lm 60. Cosses longues de 9 centi- mètres , très-larges : deux par maille, grains très-gros, ridés, blancs, au nombre de 6 à 7 par cosse. En fleur au 8 juin ; bon à consommer le 20 ; complètement sec le 15 juillet.

Choix des variétés qui me paraissent

RÉUNIR LE PLUS DE MÉRITE, ET QUE PAR

CONSÉQUENT JE RECOMMANDE.

Pour les jardins de peu d’étendue l’on ne peut cultiver que des variétés naines, on devra choisir les suivantes :

Pois nain de Vincennes pour première saison, c’est-à-dire pour semis de fin fé- vrier et commencement de mars.

Pois nain hâtif de Hollande pour semis successifs de mars en mai.

Ces deux variétés suffisent pour récolter des Pois pendant toute la saison.

Pour les grands jardins et dans la plaine, on prendra :

Pois Michaux de Hollande pour semis d’automne, c’est-à-dire vers la fin de no- vembre.

Pois Joseph ou à défaut Prince Albert pour premier semis de printemps, c’est-à- dire en février.

Pois d’ Auvergne ou Serpette pour semer en mars et récolter en moyenne saison. Cette variété se recommande par l’abondance de son produit et la finesse de son grain. Il est nécessaire de lui donner des rames.

Pois Clamart. Comme Pois tardif et très- productif, c’est un des meilleurs; songrain, quoique assez gros, est très-sucré ; c’est la variété la plus cultivée aux environs de Paris pour faire les Pois de conserves.

Pois nain vert petit pour semis succes- sifs de mars en mai. Cette variété, par son grand produit, sa rusticité et la qualité de son grain, est recommandable pour les grands établissements tels que fermes, col- lèges, hôpitaux, etc.

Variétés a grains ridés . Les personnes qui ont une fois cultivé cette race de Pois ne veulent plus en cultiver d’autres, fait qui s’explique par la propriété qu’ils ont de

MULTIPLICATION DE STATICE LIMONIUM.

29

pouvoir être mangés lorsque les grains sont très-gros et complètement formés, tout en restant tendres et sucrés. Mais la mode qui chez nous, en cela comme en beaucoup d’autres choses, règne en souveraine, est à peu près la seule cause qui fait que la cul- ture en est peu répandue. Une maîtresse de maison se croirait déshonorée si elle laissait servir des gros Pois à ses convives, quand bien même ils seraient meilleurs et plus sucrés que les fins.

Mais pour toute personne qui a un jardin de quelque étendue, c’est le Pois par excel- lence, et comme on en possède maintenant des variétés naines et hâtives, on peut les cultiver à l’exclusion des variétés à grains lisses, qui toutes ont l’inconvénient de durcir et de sentir la Fève, s’ils ne sont pas cueil- lis quand ils ont atteint une grosseur conve- nable, et pour ainsi dire à jour fixe.

MULTIPLICATION DI

Peu de plantes vivaces peuvent rivaliser de beauté avec les Staticées en général qui, à peu près toutes, [sont [d’un mérite ornemental tout à fait hors ligne. Il en est beaucoup qui, sans être très-sensi- bles au froid, exigent cependant sous notre climat l’abri d’une serre tempérée ou du moins d’une serre froide pendant l’hiver. Nous n’essaierons pas d’en faire l’énumé- ration, notre but étant, ainsi que l’indique le titre de notre article, de parler des Statice limonium au point de vue de la multiplication. Contrairement à beaucoup d’autres espèces, celle-ci ne donne pas de graines ou du moins n’en donne que très- peu. Fort heureusement ses racines, qui sont nombreuses et' très-longues, ont la propriété d’émettre de nombreux bour- geons, de sorte qu’il suffit de les couper par petits fragments pour en obtenir des plantes qui se développent absolument comme si elles provenaient de graines.

Ce procédé, que nous avons vu employer sur une grande échelle par un horticulteur très-intelligent, M. Naudin, horticulteur, 16, rue Yvart, à Paris, se pratique de la ma- nière suivante : vers le mois de septembre, époque M. Naudin met ses Staticées en pots pour les livrer au commerce, les plantes, indépendamment du chevelu qu’elles ont développé abondamment, ont produit

Variétés les plus recommandables. Pois ridé nain hâtif (Bijou de Mac Lean’s). Très-bon pour les semis de la fin de février. En alternant les semis à trois semaines d’intervalle, on peut, avec cette variété, avoir des Pois pendant toute la saison, ce qui est précieux pour les jardins l’on ne peut ramer les Pois.

Pois ridé nain vert ou blanc. L’un des meilleurs pour semer en mars et récol- ter en moyenne|saison.

Pois ridé de Knigth blanc ou vert, ou le Ridé merveille. Excellente variété à cul- tiver comme Pois très-tardif. Ces variétés, qui demandent de grandes rames, ne doi- vent pas être semées plus tard que la fin de mars.

E. Chouvet,

Marchand grainier, 24, rue du Pont-Neuf, à Paris.

STATICE LIMONIUM

quelques grosses et longues racines dont on fâit la suppression, de manière à conserver une bonne motte. Ce sont ces racines, qui sont pourvues de bourgeons, qu’on sec- tionne et met en pots dans des petits godets qu’on enterre près à près dans un coffre sur une petite couche qu’on a préparer à cet effet pour en faciliter et activer la re- prise. Dans ces conditions, les boutures rie tardent pas à pousser et à développer une rosette de feuilles. Quand arrive le prin- temps, on prépare du terrain plus ou moins, suivant la quantité de plantes qu’on pos- sède, et on met celles-ci en pleine terre, alors elles n’exigent d’autres soins que d’être arrosées et tenues propres, choses essentielles qui seront rendues plus faciles encore si, après la plantation, on recouvre le sol 'avec un bon paillis.

C’est en opérant ainsi qu’il vient d’être dit que M. Naudin, chaque année, arrive à livrer au commerce de Paris plusieurs mil- liers de Statice limonium , qui au printemps se couvrent de milliers de belles fleurs dont la légèreté et la disposition constituent un des plus jolis effets et se prêtent très-avantageu- sement à [la garniture des corbeilles, ou qui, coupeés et mélangées parmi les bouquets, donnent à ceux-ci une élégance toute par- ticulière.

On doit comprendre que l’on pourrait,

CRATÆGUS CORALLINA. CEANOTHUS OVATUS ROSEUS.

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par des moyens plus simples, mais par le même procédé, multiplier les Statice limo- nium : il suffirait par exemple , au

printemps, de déchausser les pieds, d’en détacher quelques grosses racines qu’on couperait et planterait en pleine terre en pépinière, pour plus tard les mettre en place ; mais ce procédé, qui suffiraitpour sa- tisfaire aux besoins restreints d’un amateur, serait insuffisant à ceux d’un horticulteur, qui en peu de temps, et bien, doit en livrer

CRATÆGUS

Cette espèce, que je cultive depuis très- longtemps dans les pépinières de Trianon, me paraît mal connue et surtout peu répan- due, beaucoup moins surtout qu’elle mérite de l’ètre. Je dis mal connue , parce que j’ai très-souvent vu cultivé, sous le nom d’Epine corail [Cratœgus corallina), des plantes tout autres que celle que je possède et que j’ai lieu de croire vraie, puisqu’elle date de l’ancienne école d’arbres qui avait autrefois été plantée à Trianon, et il reste encore quelques sujets très -remarquables. Parfois aussi, j’ai vu l’espèce que je cultive étiquetée Cratœgus cordata , nom qui me paraît mal appliqué, puisque ses feuilles sont profondé- ment dentées et parfois irrégulièrement lo- bées. Il est vrai que le nom de corallina a aussi été donné à d’autres espèces, et qu’alors il en résulte une synonymie assez embrouillée.

Mais, quoi qu’il en soit, l’espèce que je cultive sous le nom de corallina , et qui, je le répète, me paraît authentique, est une plante doublement ornementale et qu’on ne saurait trop recommander. Elle est d’abord ornementale par ses fleurs, qui sont d’un beau blanc et odorantes, comme le sont, du reste, toutes les Épines ; elle l’est surtout par ses fruits qui, pendant presque deux mois, sont d’un rouge tellement brillant que les yeux peuvent à peine en supporter l’é- clat. Voici l’énumération de ses principaux caractères :

au commerce de très-grandes quantités, ce que permettent de faire les moyens employés par M. Naudin et que nous avons fait con- naître. Inutile d’ajouter que cet horticul- teur, chez* qui l’on trouve aussi un grand nombre d’autres plantes d’ornement à feuil- lage ornemental, est en mesure de fournir en aussi grande quantité qu’on le désirera des Statice limonium en pots et de force à fleurir.

E.-A. Carrière.

CORALLINA

Arbrisseau de vigueur moyenne. Ra- meaux épineux, à épines simples, étalées à angle droit, longues d’environ 3 à 5 centi- mètres, d’un roux foncé ou rougeâtre, très- aiguës, à écorce fortement colorée en rouge foncé ou rougeâtre, luisante surtout à l’au- tomne, époque presque toute la plante revêt cette teinte. Feuilles coriaces, luisantes, irrégulièrement dentées, parfois même pro- fondément lobées, surtout à la base, qui forme alors comme des oreillettes. Fleurs blanches pédicellées, naissant à l’extrémité de longues ramilles pédonculaires de di- verses longueurs et constituant une inflores- cence très-irrégulièrement corymbiforme. Fruits nombreux, déprimés, d’environ 8 à 10 millimètres de diamètre, à cicatricule ombilicale large, régulièrement arrondie, peu profonde, à divisions calycinales très- ténues, courtes.

Mais ce qui, je le répète, fait la beauté tout exceptionnelle de cette plante, ce sont ses fruits qui, à partir du mois d’août-sep- tembre jusqu’en novembre et même décem- bre, sont d’un rouge corail des plus bril- lants, qui efface de beaucoup celle du Cra- tœgus pyracantha , ce qui n’est pas pen dire, et qui à l’automne, époque tous les arbres ont perdu leurs feuilles, Constitue uu ornement des plus remarquables.

Briot.

CEANOTHUS OVATUS ROSEUS

Cette espèce a, avec l’élégance, la forme et la beauté des fleurs, le mérite de la pré- cocité. Elle constitue un arbuste nain, subsphérique, compact, d’une très-grande

régularité. Bourgeons dressés, à écorce rouge. Feuilles caduques subelliptiques ou ovales, à peine dentées, minces, très-gla-, bres, longues de 6-7 centimètres, larges

Revue - Iforticale

Chron-iœlàbh;. G-. Se/D ere/yi'tS' ~

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Cecuiothios ouatas

roseas

PALMIERS. LES CORYPHINEES.

31

d’environ 4 centimètres, très-régulièrement atténuées aux deux bouts, surtout au sommet, qui est obtus. Inflorescence en racèmes om- belliformes ramifiées. Fleurs nombreuses, d’un très-beau rose tendre, ainsi que toutes les parties de l’inflorescence.

Le Ceanothus ovatus voseus est très- floribond. Ses fleurs, qui apparaissent dès la fin de mai, alors que les autres espèces du genre commencent seulement à montrer des boutons, sont portées sur des ramilles dres- sées, courtes et tellement nombreuses, que la plante disparaît complètement sous une masse de fleurs du plus joli effet.

Cette première floraison, qui dure très- longtemps, est, surtout à l’automne ou mieux vers la fin de l’été, suivie d’une autre, de sorte que la plante est rarement sans fleurs. Par suite de sa floribondité, de la grande régularité et du nanisme des plantes, le

PALMIERS. - I

Tout le monde connaît le Corypha aus- tralis et le Latania borbonica , variétés de Palmiers qui appartiennent à deux sous-di- visions des Coryphinées. Le commerce les produit par milliers, et ils sont devenus ce qu’il est convenu d’appeler des « plantes de marché.» Malgré une telle vogue, les di- verses formes de ces types sont peu connues, il est même très-rare de les rencontrer dans les serres sous leur véritable nom ; nous croyons donc utile de donner ici la liste des principaux synonymes des sept genres appartenant à la grande tribu des Coryphinées.

I. Corypha. Ces Palmiers, de toute beauté, sont non seulement agréables dès leur jeune âge à cause de leur utilité pour la décoration des appartements, mais encore pour celle des serres froides ils pous- sent rapidement; leur culture est facile dans une terre de jardin très-riche et très- légère en même temps. Les arrosements doivent être très -copieux pendant l’été, et on y ajoutera de temps en temps des engrais liquides. Il faudra surtout avoir le soin d’abriter contre les rayons directs du soleil les sujets tenus dans les serres ; autrement ,ces plantes pourraient être grillées. Rele- vons même à ce propos une erreur assez ré- pandue parmi les amateurs et les horticul- teurs : presque tous se figurent, lorsqu’une ou plusieurs plantes ont reçu « un coup de

C. ovatus roseus pourrait être employé avec avantage à l’ornementation des plates- bandes. On pourrait aussi, en le culti- vant en pots, en faire une plante de marché qui, nous en avons la conviction, serait très- recherchée du public. Le meilleur moyen, croyons-nous, serait de les greffer, afin d’en former de jolies touffes, ce qui serait d’au- tant plus facile à faire que naturellement cette espèce est très-rameuse, très-flori- bonde et d’une végétation régulière qui fait que les plantes, sans même être soumises à la taille, prennent une forme arrondie.

Cette plante est rustique, peu difficile sur le terrain ; sa multiplication se fait par bou- ture et par greffes. On peut se la procurer chez M. Rougier-Chauvière, horticulteur, 152, rue de la Roquette, à Paris, et chez MM. Thibaut et Keteleer, horticulteurs à Sceaux (Seine). E.-A. Carrière.

!S CORYPHINÉES

soleil » faute d’ombrage ou de ventilation, qu’il n’y a qu’un remède possible, celui d’ombrer la serre et d’ouvrir les châssis ; c’est là, nous le répétons, une grave erreur, et procéder ainsi n’est pas un remède : c’est en quelque sorte mettre de l’huile sur le feu. Quand un pareil danger menace les plantes par suite de négligence ou d’une élévation subite de la température, ce qui a lieu souvent au printemps, lorsque le ciel se découvre subitement, il faut prendre une pompe à main et bassiner fortement ; cette opération terminée, on donne de l’air, mais progressivement, de façon à ne pas faire dis- paraître de suite la vapeur que cette pluie artificielle aura produite.

Ces détails pourront paraître un peu longs à quelques lecteurs ; ils nous les pardonne- ront en apprenant qu’il n’est pas rare de voir un beau Corypha se dessécher subite- ment et mourir au bout de huit ou dix jours; la cause du mal n’est pas difficile à trouver : c’est presque toujours « un coup de soleil » ou le manque d’eau aux racines ; le remède est bien facile, et avec un peu de soin, nul accident de ce genre n’est à craindre.

Les Coryphas destinés à l’ornementa- tion des pelouses pendant l’été seront placés au nord aussitôt leur sortie des serres ; au bout d’une quinzaine de jours, ils seront durcis et n’auront rien à craindre du soleil. Ces Palmiers ne sont pas encore assez em-

32

PALMIERS. LES CORYPIIINÉES.

ployés pour la décoration des parcs et jar- dins ; le vent ne déchire pas leurs feuilles, et rien n’empêche, par conséquent, de les voir rivaliser de grâce avec les Chamærops , qui cependant auront toujours sur eux l’avan- tage d’une très-grande rusticité dont nous parlerons plus loin.

C. australis (R. Br.), C. Taillera (Griff.), ou encore Livistona australis. Serre froide sous le climat de Paris, rusti- que dans le midi de la France, par exemple à Hyères, dans le jardin de M. Denis. Dans les cultures, les pétioles de cette forme sont plus trapus que ceux du C. umbraculifera qui a la feuille plus large et plus plate.

C. Cuminghii (Lodd.). Philippines ; serre chaude.

C. elata (le Budjour-Katoul des ha- bitants du Bengal). Est un des plus grands Palmiers de l’Inde ; son stipe atteint plus de 20 mètres. Serre froide.

C. gebanga (Bl.), originaire de Java et de la Malaisie ( gebang en Malais). Pal- mier très-élevé ; fleurit à l’âge de quarante ans et meurt ensuite. Cette forme est fort gracieuse, moins raide que le C. australis , en revanche plus frileuse. Serre tempérée. C. glauca, syn. Sabal glaucescens.

C. frigida. N’est autre que le Brahea dulcis (Lodd.).

C. maritima , syn. Copernicia ma- ritima.

C. macropoda (Hort,.). Nouvelle es- pèce mise au commerce en 1872. Iles Anda- man.

8 bis. Le C. robusta , Wendl. est le Saribus subglobosa.

C. spinosa, syn. Copernicia robusta. 10° C. tectorum , syn. Copernicia tec- torum.

11° C. Martiana (Hort. belge), tantôt désigné sous le nom de Chamærops Martii} et quelquefois sous celui de Pritchardia martiana.

12° C. umbraculifera. Cette espèce, sou- ventdésignée sous le nom de Tallipot( arbre à ombrelles), sert à couvrir les huttes des Malais et des habitants de l’île Ceylan. Ses feuilles servent de papier, et l’on trouve parfois de curieux manuscrits sur leurs morceaux qui, après avoir été desséchés, sont découpés en lanières de 3 centimètres de large sur 20 de hauteur, puis attachées les unes sur les autres par un ruban, à la manière de nos éventails. Un spécimen de

cette application artistique figurait à l’expo- sition faite au profit des Alsaciens-Lorrains.

II. Brahea (Mart.). Ce genre est très-voisin des Copernicia. Jusqu’à présent on ne connaît que le B. dulcis , qui croît dans la partie la plus tempérée du Mexique, il atteint 10 mètres environ de hauteur. Syn. B. frigida et Corypha frigida. Serre froide; devra être essayé pour la culture en pleine terre dans le midi de l’Europe.

III. Chamærops. Un fait assez cu- rieux, dit Seemann, c’est la division géo- graphique formée par la limite des Palmiers à feuilles pennées et à feuilles palmées. En effet, dans les pays les plus méridionaux se trouvent les Areca, Jubœa et Phoenix , tous Palmiers à feuilles pennées, tandis que les régions plus septentrionales sont plantées de Sabals, de Chamærops et de Corypha (espèces à feuilles palmées) ; ces derniers toutefois sont moins communs, et leur pré- sence dans plusieurs contrées est due à l’in- troduction qu’on en a faite. En Europe et en Asie, le petit groupe des Chamærops forme l’extrême limite. Presque toutes les variétés de ces Palmiers sont plus ou moins caules- centes.

C. humilis (Lin.). Généralement dési- gné sous le nom de Palmier nain. Cette es- pèce est la seule croissant naturellement dans l’Europe méridionale, surtout en Es- pagne, et arrivant jusqu’à Nice ; on la ren- contre fréquemment sous deux formes très- bien décrites dans le Manuel général des plantes.

A. C. humilis depressa (Mart.). Tronc très-court , produisant beaucoup de rejetons à sa base; feuilles raides ayant le pétiole presque de même longueur que la lame qui est divisée en un petit nombre de lanières obtuses, bifides, celles du milieu réunies jusqu’au delà du tiers, toutes ayant les ner- vures revêtues d’un abondant duvet flocon- neux. Fleurs assez lâches. En Algérie, ce Palmier trace énormément; pour le dé- truire, il faut incendier les terrains qu’il a envahis.

B. C. humilis elata (1) (Mart.). Tronc

(U Nous avons encore ici, dans le rapproche- ment de ces deux mots, humilis et elata , qui se complètent, un de ces non-sens si communs dans les sciences naturelles, quand, ayant pris pour point de départ un terme de relativité, on y en accole un autre. Ici nous avons humilis, humble, petit, et immédiatement elata, élevé; en d’autres termes, quelque chose de petit qui est grand .(Rédaction.)

PALMIERS. LES CORYPHLNÉES.

droit assez haut, ne donnant pas de rejets ; feuilles médiocrement raides, ayant le pé- tiole plus long que la lame qui est divisée en nombreuses lanières aiguës bipartites, dont celles du milieu sont retenues jusqu’au tiers; duvet des nervures ou fugace ou pres- que nul. Fleurs nombreuses et serrées. Syn. C. arborescens (Pers.).

C . Biroo (Hort.),du Japon; est un Li- vistona .

C. Khasyana( Griff.), à peu près sem- blable au C. Martiana du même auteur.

C. excelsa (de la Chine et du Japon). Le plus intéressant de tous à cause de sa très-grande rusticité. Sous le climat de Paris, livré à la pleine terre, il résistera bien à 10 et 12° centigrades (1) au-dessous de zéro, à la condition d’être légèrement abrité contre la neige qui ferait gâter le cœur. Dans le département de Maine-et-Loire, les Chamærops que nous cultivons en pleine terre n’ont nullement souffert pendant l’hi- ver 1870-71, par une température qui, pendant près de trois semaines, s’est mainte- nue entre 14 et même 17° centigrades ; ces plantes étaient couvertes par un paillasson formant un chapeau, puis le pied était caché sous un épais lit de feuilles et de fumier. Les jeunes Chamærops livrés à la pleine terre ne doivent pas être touchés pendant la gelée; si leur tronc recevait un coup, ils se- raient perdus, car ils gèleraient infaillible- ment. Ce fait s’est produit chez un horticul- teur d’Angers, et comme il est assez singu- lier, il mérite d’être signalé aux semeurs de C. excelsa ; du reste, les lecteurs peu au courant de leur culture trouveront tous les détails possibles dans les si pratiques arti- cles de notre rédacteur en chef (v. Rev. hort. 1870-71, p. 329,359, 577). Les sy- nonymes sont : C. sinensis et C. Fortunei ou Trachycarpus Fortunei ; ces deux der- niers noms ont été appliqués particulière- ment à des spécimens introduits du Japon, mais en réalité il n’y a aucune différence entre les Palmiers chinois et japonais (2).

(1) Plusieurs exemplaires, au Muséum, plantés en pleine terre depuis longtemps, ont atteint une hauteur de 2 mètres et même plus. Ils fructifient chaque année. Leurs dimensions ne permettant plus de les couvrir, ils restent tout à fait à l’air libre l’hiver. En 1871, ils ont supporté 22 degrés et plus au-dessous de zéro, les feuilles ont gelé, mais d’autres ont repoussé, et aujourd’hui ces plantes sont d’une beauté peu commune. (Rédaction.)

(2) Faisons toutefois remarquer qu’il en est du

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C. Martiana (Wall.) (de l’Himalaya). Arbre d’une douzaine de mètres d’élévation, croissant à une altitude de 2,400 mètres. Syn. Trachycarpus Martianus (Wendl.). Il ne faut pas le confondre avec le C. Mar- tiana de Griffith.

C. Ritchiana (Griff.), syn. G. Griffi- thiana (Lood.). Ce Palmier forme d’épais massifs sur le plateau de l’Afghanistan et du Beloutchistan, à la même altitude que la va- riété précédente. Espèce naine et presque acaule. Très-rare dans les cultures.

C. tomentosa (Morr.), syn. Trachy- carpus Martianus et peut-être C. Griffi- thii. (Y. à ce sujet Rev. hort ., 1870-71, p. 275.)

Espèces américaines :

C. stauracantha (Hort.). C’est un fort beau Palmier de serre tempérée et même de serre froide, qui se rencontre au Mexique. Il se rapporte au type Acantho- rhiza, syn. A. aculeat a (Wendl.) et Thri- nax aculeata (Lieb.)

C. Guinensis.

10° C. hystrix. De la Géorgie et de la Floride ; vulgairement appelé Palmier porc- epic.

Les Chamærops Gihesbreghtii, Mocini, Palmetto et serrulata sont des Sabals.

III. Latania. Ges Palmiers sont très- connus ; il nous paraît donc suffisant d’en donner les principaux noms.

L. aurea (Hort.), syn. L. Verschaf - felti (Lemaire). Serre chaude, assez délicat.

L. Borbonica (Lam.), syn. Livistona Chinensis (Mart.). Serre tempérée, plein air l’été.

L. Chinensis (Jacq.); est le Livistona

Chamærops excelsa comme de toutes les plantes : que les semis donnent des variétés. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que quelques-unes de celles-ci soient assez distinctes pour mériter une qualifica- tion spéciale (*). Ainsi nous en cultivons une que nous devons à l’obligeance de nos amis et confrères MM. Thibaut et Keteleer, et qu’ils nous ont donnée sous le nom de Ch. Fortunei , qui est très-distincte de tout ce que nous avons jamais vu dans ce genre : elle est beaucoup plus grêle et effilée dans toutes ses parties, et elle l’est également par sa végéta- tion ; son tronc, très-renflé à sa base et effilé vers le sommet, se dirige obliquement, ainsi que le fait celui des Sabals. Ajoutons que cette forme, sur la- quelle nous reviendrons prochainement, est tout aussi rustique que les autres qui appartiennent à cette même espèce. (Rédaction.)

(*) C’est un fait analogue qui, tout récemment, a donné lieu à la dénomination de plusieurs espèces de Kentia qui ne sont que des formes ou des variétés d’un même type. A. D.

PALMIERS. LES CORYPHINÉES.

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Hoogendorpii, syn. L. sinensis et quel- quefois L. Mauritiana,

L. glaucophylla (Hort.) ; est le L . Loddigesii (Mart.). Ce Palmier se distingue du L. rubra par la teinte rouge de ses pé- tioles dès la base ; les feuilles, portées par des pétioles presque droits, sont moins lar- ges, plus raides et plus rouges que celles de l’autre variété. Serre chaude humide.

L. rubra (Jacq.),syn. L. Commersoni (Lin.). Ses pétioles sont verts à leur base; moins délicat que le L. Loddigesii , il se contente d’une bonne serre tempérée.

Ces deux derniers Lataniers doivent être bien ombrés pendant l’été, car leurs feuilles se tachent facilement ; pour éviter la rouille ou grise qui leur est particulière, il faut les saupoudrer aveo de la fleur de soufre, après leur avoir donné un bon lavage à l’eau de savon noir ou à l’eau de tabac. Notons en passant que toutes les plantes de serre chaude à feuillage rouge sont plus délicates que les autres. Les Dracœnas de cette cou- leur ont souvent besoin du remède indiqué plus haut ; ce soufrage, il est vrai, n’est pas très-agréable à l’œil, mais on est large- ment dédommagé de cet inconvénient lors- qu’au bout de quelques semaines, en enle- vant cette poussière jaune, on trouve des feuilles dont les teintes sont vives et pures, indice d’une bonne santé.

L. olivœformis. Celui-ci est un Sa - ribus ou Livistona, et encore le Chamœ- rops Biroo de l’horticulture. C’est une plante peu intéressante à cause de sa très- grande ressemblance avec le Latania Bor- bonica; ses feuilles sont plus grêles que celles de ce dernier type.

L. Jenkinsiana (Hort.). D’après Grif- fith ( Palms of India, 128), ce Palmier, qu’il nomme Livistona Jenkinsmna (de l’As- sam), serait planté près des habitations des indigènes de haut rang; les arbres sont d’ailleurs rares et ont une grande valeur ; ils ne se rencontrent jamais à l’état sauvage. Les palanquins et les bateaux sont couverts de leurs feuilles, qui servent aussi à fabri- quer des chapeaux d’une forme toute spé- ciale qui leur a valu le nom de chapeaux ombrelles. Ce qui se passe dans l’Assam pour ce Palmier est à peu près ce qui a lieu pour le Pritchardia pacifica des îles Viti.

IV. Livistona (1). Palmiers de

(1) Ou Livistonia. Gén.pl., ed. Spreng, p. 283, 1465.

la Nouvelle-Hollande et de l’Asie tropi- cale.

L. altissima (Hort.), très-vraisembla- blement le même que le L. spectabilis de Griffith. Ce magnifique Palmier, qui atteint 50 à 60 pieds d’élévation, croît dans les par- ties basses de Malacca, au milieu des ri- zières ; c’est assez dire qu’il doit être cultivé en bonne serre tempérée.

L. chinensis et Latania Borbonica , syn. Livistona Mauritiana (Wall.), Sari- bus chinensis (Bl.), Livistona sinensis (Griff.), et dans l’île Maurice Livistona Mauritiana (Hort.)

L. Hoogendorpii (de Java). Dans quelques collections il porte le n om de La- tania chinensis (Jacq.). Très-belle plante de serre tempérée. Le Sarïbus robustus (Hort. Chantin), qui est de serre froide, est très-voisin de ce Livistona. Cette forme est, suivant nous, celle qui doit être rangée sous la dénomination de Saribus subglobosus ou mieux Corypha robusta (Wendl.). Nous pos- sédons un très-bel exemplaire de ce Palmier, qui est rare dans les cultures.

L. rotundifolia (Mart.), de Java., syn. Saribus rotundifolius. Charmante forme qui se distingue du L. altissima par ses pétioles et ses feuilles plus recourbées ; elle est aussi plus délicate. Serre chaude.

L. Zollingeri.

V. Saribus. Les Saribus et les Li- vistona sont les mêmes plantes, Livistona Saribus (Poimph.). Voici, d’après M. Wend- land, la synonymie de ces Palmiers :

Saribus chinensis ou Livistona chinen- sis, Saribus subglobosus ou L. chinensis , L. olivœformis , L. rotundifolia , L. sub- globosa.

VI. Copernicia. Les plantes de ce genre sont originaires de l’Amérique tropicale ; leur port et leur organisation sont à peu près les mêmes que ceux des Livis- tona et des Chamœrops.

C. cerifera (Mart.). Cette espèce, qui est originaire du Brésil, est sans aucun doute la plus belle du genre. Son tronc annelé et nu dans le bas, couvert vers le haut par les bases persistantes des pétioles, atteint 10 à 13 mètres de hauteur. C’est cette es- pèce, appelée Carnauba par les indigènes, qui produit une cire qu’on retire en secouant ses feuilles. Serre chaude. (Voir notre ar- ticle sur les Palmiers à cire, Rev. hort. 1874, p. 215). Syn. Corypha cerifera .

FRUCTIFICATION DE h\

C. maritima (Mart.). De Cuba, syn. Côrypha maritima (H. et Kth.), et aussi Copernicia hospita.

C. macroglossa (Hort., Haage et Schmidt). Ce Palmier paraît très-voisin des Brahea , autant du moins qu’il est pos- sible d’en juger par les très-jeunes exem- plaires cultivés dans les serres.

C. robusta. Très-belle plante dont les feuilles ont un aspect qui tient le milieu entre celui du L. olivœformis et du Prit- char Ma pacifica. Cultivé au Jardin bota- nique de Leyde.

C. tectorum (Mart.), syn. Corypha tectorum (H. et Kth.). Du Venezuela. Cette espèce a reçu le qualificatif tectorum , parce que ses feuilles servent à couvrir les toits.

On cite encore :

C. Barbadensis (Antilles), syn. Thri- nax Barbadensis. Un magnifique exem- plaire de cette espèce est cultivé à Lyon, dans les serres du parc de la Tête-d’Or. Nous croyons que la dénomination de Thrinax est celle qui convient le mieux à ce Palmier.

VIL Licula. Ces Palmiers forment de jolis petits arbres à tronc arondinacé,

ASPIDISTRA PUNCTATA. 35

très-propres à l’ornementation des serres chaudes.

L. peltata (Mart.). Cette espèce est l’une des plus curieuses du genre, à cause de ses feuilles digitées en éventail, peltées, à folioles allongées en coin, ayant à leur extrémité des dents triangulaires irréguliè- rement bifides; pétioles armés de piquants. Inde au-delà du Gange.

L. acutifida (Mart.). Les tiges de celle- ci servent en Angleterre à faire des cannes. Originaire de Malacca.

L. horrida (Bl.). Doit son nom à ses épines longues et serrées. Java.

L. nana (Bl.). Sumatra.

L. spinosa. Indes-Orientales.

L. pumila. Java.

L. paludosa (Griff.), espèce à feuilles palmées dans le genre de celles du Carlu- dovica palmata.

8'* L. longipes (Griff.).

L. triphylla (Griff.). Feuilles ovales divisées en trois pinnules. Très-curieuse espèce, à en juger d’après l’ouvrage de Grif- fith où elle est figurée. Nous ne la croyons pas introduite en Europe.

A. de la Devansaye.

FRUCTIFICATION DE L’ ASPIDISTRA PUNCTATA

Un fait très-remarquable, qui a certaine- ment lieu d’étonner tous ceux qui s’occu- pent de l’étude des végétaux au point de vue scientifique, est sans aucun doute celui qui concerne la fructification de Y Aspidistr a , moins toutefois pour la singularité des faits que par leur rareté. En effet, il est peu d’auteurs, si même il en est, qui paraissent l’avoir vu ; tous ceux qui en ont parlé, après avoir décrit les caractères de la fleur et de l’ovaire, ajoutent : « Fructus ignotus. » Comment donc se fait-il qu’une plante aussi abondamment cultivée que l’est l’Aspidistra, qui chaque année fleurit en si grande quantité dans les conditions les plus di- verses, et souvent même dans celles qu’on considère comme étant les plus favorables à la production des graines, n’ait jamais fruc- tifié ? Ce fait nous avait frappé depuis longtemps ; aussi chaque année portions- nous sur cette espèce une attention toute particulière. Toutefois nos efforts furent couronnés de succès, et en 1872, pour la première fois, nous avions la bonne fortune

de découvrir un fruit chez M. Truffaut, horticulteur à Versailles. Voici ce que nous écrivions à ce sujet en 1872, dans la chro- nique de la Revue horticole , numéro du 16 mars, page 102 :

Un fait très-rare, sinon inconnu dans les cul- tures parisiennes, est la fructification de YAspi- distra elatior. Nous ne l’avions jamais observée, lorsque tout récemment, en visitant un établis- sement d’horticulture bien connu et des mieux soignés, celui de M. Truffaut, horticulteur à Ver- sailles, nous avons eu l’occasion de voir un fruit de cette espèce, dont nous allons indiquer les principaux caractères.

Le fruit de Y Aspidistr a naît à l’extrémité de bourgeons qui partent près du collet et se ter- minent par une fleur brune qui s’épanouit à la surface du sol et qui souvent même est à moitié recouverte de terre. C’est donc aussi que naissent les fruits, qui sont à peu près com- plètement sphériques, légèrement et très-cour- tement coniques au sommet, d’un diamètre d’en- viron 35 millimètres ; ils sont d’un vert foncé, excessivement durs, « comme des pierres ; » l’expression est exacte. L’individu qui a fructifié

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FRUCTIFICATION DE L’.

provient d’un éclat d’iln pied venu d’Algérie, qui avait servi à la multiplication.

La stérilité que l’on remarque à peu près tou- jours sur les Aspidistra de nos cultures, qui, pourtant, fleurissent abondamment chaque année, est-elle due à l’insuffisance de la chaleur? Le fait ne paraît pas probable, car si la plupart des Aspidistra sont cultivées en serre froide, il en est aussi beaucoup qui le sont en serre chaude, ils fleurissent abondamment. Cette stérilité nous paraît plutôt occasionnée par la non fécon- dation due à quelque cause physique, qu’on pourrait probablement faire disparaître à l’aide de la fécondation artificielle. Cela vaut la peine d’être tenté.

ASPIDISTRA PUNCTATA.

Les conseils que nous d onnions en 1872 ont-ils été suivis ? Nous ne le pensons pas. Aussi et très-probablement sont-ils « tombés dans l’eau, » comme l’on dit vulgairement. C’est regrettable, car indépendamment que la science y aurait gagné, l’horticulture surtout aurait pu y trouver son compte. Quoi qu’il en soit, la question en était restée là, car un malheur arrivé à l’unique fruit que nous connaissions nous avait empêché d’en suivre le développement, et toutes nos observations étaient limitées aux quelques caractères que nous avons rapportés ci-des- sus. Les choses en étaient à ce point, lorsque,

Fia-.

au printemps de 1874, nous apprîmes de notre confrère et ami, M. Touzet, fleuriste décorateur, rue Saint-Lazare, 92, à Paris, que deux fruits d’Aspidistra s’étaient déve- loppés dans ses serres situées à Bois-de- Colombes-Asnières (Seine). De ces fruits, un fut cassé par un ouvrier qui, n’en con- naissant pas l’importance, n’y fit même pas attention. Mais grâce aux recommandations toutes particulières de notre confrère et à la surveillance qu’il fit exercer, le deuxième fruit se développa parfaitement et atteignit toute sa perfection et sa complète maturité dans l’été de cette même année, ce qui nous a permis d’en suivre le développement et d’en faire exécuter les figures 4 à 8, qui re- présentent, la figure 4, la plante et un jeune

fruit, un fniit à grosseur et la graine. Quant à la ligure 5, elle a été faite d’après un fruit récolté chez M. Naudin, horticulteur, rue Yvart, 16, à Paris, sur un petit pied étaient J- venus deux fruits, dont l’un fut coupé par un ouvrier qui, trouvant la chose singulière et voulant s’en rendre compte, ne trouva rien de plus simple que de le couper. Ce fruit s’est arrêté (avorté) avant son parfait développement.

Malgré tous ces contre-temps, nous avons été assez heureux pour pouvoir étu- dier dans toutes ses phases la fructification de V Aspidistra, et d’en pouvoir constater tous les caractères, que nous allons faire connaître.

Fruit (fig. 6) bacciforme non déhiscent,

FRUCTIFICATION DE i/ASPIDISTRA PUNCTATA.

naissant à l’extrémité d’un très-court rhi- zome horizontal, d’abord atténué aux deux bouts, puis subglobuleux ou figuiforme à la maturité, à testa dur, très-résistant, bien que non corné, ordinairement rugueux, vert foncé, portant au sommet une cicatricule su- borbiculaire, à surface légèrement rugueuse, parfois subanguleuse quand le fruit n’a pas encore atteint tout son développement qui, comme nous l’avons déjà constaté, est d’en- viron 30 à 35 millimètres de diamètre ; paren- chyme sec et dur, devenant mou à la parfaite maturité, loges 4 (fig. 7) parfois moins par avortement, disent les auteurs conte- nant deux graines (notre fruit n’en conte- nait qu’une dans chaque loge), graines (fig. 8) lenticulaires très -grosses (at- teignant 13 millimètres de diamètre sur

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8 millimètres d’épaisseur), inégalement convexes sur les deux faces, qui sont jaunâ- tres, lisses et luisantes, cornées, très-dures, rappelant un peu celles des Asperges, pré- sentant une large cicatricule orbiculaire ; cloisons peu résistantes, fibreuses, jaunâtres comme la pulpe qui les accompagne.

Le fruit de YAspidistra commence à se montrer en février et continue à grossir jusque vers la fin de juin, il a atteint à peu près tout son développement, et de plus ou moins subconique (fig. 5) qu’il était, il est devenu subsphérique, légèrement atténué à la base, ainsi que le démontre la figure 6. Jusqu’à cette époque, le fruit est resté dur, d’un vert olive foncé, mais alors il change un peu de couleur, mollit et prend une teinte roux jaunâtre, comme fait un Ananas

Fig. 5.

Fruit d 'Aspidistra (aux 2/3 environ de sa grandeur naturelle).

Fig. 6.

Fruit de Y Aspidistra ayant atteint son complet déve- loppement (de grandeur naturelle).

Fig. 7.

Coupe du fruit de lMspi- distra (de grandeur na- turelle).

Fig. 8.

Graine de YAspi- distra (de gran- deur naturelle).

ou un Melon lorsqu’il mûrit, « qu’il se frappe, y> comme l’on dit dans la pratique, et, comme ces derniers aussi, il change de nature et dégage une odeur très-agréable qui rappelle un peu celle d’un Ananas ou d’une Pomme de Reinette, mais qui bientôt se modifie et acquiert une saveur vineuse assez analogue à celle qui se dégage des tonneaux dans lesquels il y a eu du vin quand, dé- bouchés, ils sont exposés à l’air et que la saveur vineuse semble rancir.

Les quatre graines que contenait le fruit dont nous venons de parler ont été semées dans les premiers jours de septembre 1874 et commencèrent à lever au 4 novem- bre 1874.

Nous allons terminer par quelques ré- flexions qui nous sont suggérées par les faits exceptionnels dont nous venons de parler.

Les fruits d’ Aspidistra que nous avons vus et dont nous venons de parler sont- ils dus à une modification qui tend à s’opérer dans cette plante et à la rendre de plus en plus féconde ? Que va-t-il en résulter ? Les plantes issues de ce semis seront-elles plus fécondes que celles dont elles proviennent, et ne verra-t-on pas par la suite un fait analogue à celui qui s’est passé chez tant d’espèces que nous connais- sons, lesquelles, pendant longtemps com- plètement stériles, ont enfin produit quel- ques graines qui, semées, ont donné naissance à des plantes qui, par suite de semis successifs, sont aujourd’hui excessivement fertiles ? Toutes ces choses sont possibles. Se réaliseront-elles ? Quoi qu’il arrive, n’ayant rien de contraire aux lois de la végétation, il n’y a pas témérité à les prévoir.

E.-A. Carrière.

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PHYSALIS EDULIS.

PHYSALIS EDULIS (TOMATE MEXICAINE)

Depuis très -longtemps nous entendions parler du Phy salis edulis sans le connaître; plusieurs amateurs se sont adressés à nous pour obtenir sur cette plante alimentaire et condimentaire des renseignements que nous n’étions pas en mesure de leur donner d’une manière satisfaisante. Aujourd’hui, grâce aux soins et à la générosité de la Société d’acclimatation, toujours désireuse d’intro- duire en France, soit des végétaux, soit des animaux utiles pouvant servir à l’alimenta- tion, l’honorable M. Balcarce, ministre de la Confédération argentine, vient d’intro- duire dans la culture des environs de Paris le véritable Physalis edulis , espèce qu’il avait d’abord annoncée sous la dénomination de Tomate mexicaine.

Dans le but de répandre cette espèce, M. Balcarce eut l’heureuse idée de mettre une partie des graines en distribution à la Société d’acclimatation, qui s’empressa d’en adresser un petit lot à chacun de ses mem- bres s’occupant plus particulièrement d’hor- ticulture ; c’est à ce titre que nous re- çûmes un petit paquet de ces graines, en janvier 1874. Nous les avons semées dans le courant de février, en même temps que nos Tomates ordinaires, c’est-à-dire sur couche chaude et sous châssis ; vers la fin de mars, lorsque les plantes furent assez développées, nous les repiquâmes une â une dans des pots de 15 centimètres et dans du terreau de fumier de couche, et nous les li- vrâmes à la pleine terre dans les premiers jours de mai. A ce moment déjà les jeunes Physalis edulis se couvraient de fleurs, et ils nous annonçaient une abondante récolte de fruits. Or, voici les caractères que nous avons constatés à Hanneucourt en 1874.

Tiges vigoureuses, un peu flexibles et rampantes, d’une longueur de 1 mètre â lra 30, assez grosses, cannelées et presque quadrangulaires, très-rameuses ; feuilles al- ternes, ovales et terminées en pointe, den- tées et portées sur un pétiole long de 2 à 3 centimètres ; de chaque aisselle, qui est le plus souvent violacé, sort une branche nou- velle qui donne naissance à son tour â une infinité d’autres ; en même temps que la branche paraît une fleur solitaire large de 15 à 20 millimètres, en roue, d’un jaune pâle et verdâtre, ayant au centre un cercle

de couleur lilacée ; les étamines sont cour- tes; les anthères, un peu lilacées, sont plus longues que leurs supports. La floraison a eu lieu chez nous de la fin du mois d’avril aux premiers jours de novembre ; après la floraison succédèrent les fruits, qui sont portés sur des pédoncules minces, violacés et longs de 2 à 4 centimètres, flexibles et laissant retomber la baie ou fruit le long de la branche ou de la tige, aussitôt qu’il gros- sit. Le calice, violacé jusqu’à la moitié en- viron de son développement, couvre presque entièrement le fruit et ne se déchire qu’à la maturité de ce dernier. Le fruit est d’un jaune très-pâle et verdâtre, lisse, couvert d’une matière un peu visqueuse dégageant un peu l’odeur de la Tomate ; il est rond, un peu aplati du côté du pédoncule, et forte- ment arrondi du côté de l’ombilic. Il est ordinairement du poids de 10 à 15 grammes, et mesure de 9 à 12 centimètres de circon- férence sur une largeur de 15 à 20 milli- mètres. La peau qui recouvre le fruit est ex- trêmement fine ; elle contient une partie grasse et mucilagineuse très -dense qui ren- ferme au milieu et au pourtour, parfaite- ment alignées et rangées, de nombreuses semences plates, lisses, lenticulaires, con- vexes sur les deux faces. Ces semences ont environ 2 millimètres de largeur. C’est l’in- térieur du fruit verdâtre et mou, c’est -à- dire la partie mucilagineuse, qui sert en cuisine, dans les sauces et dansles ragoûts, et à faire les plats si recherchés des Mexicains, nous assure-t-on; c’est également cette même substance qui est employée dans les officines à faire des sirops dont les méde- cins mexicains et les indigènes font un usage général, principalement pour la guérison des voies respiratoires.

Cette espèce vient de nous donner une variété à fruits d’un tiers plus gros ; la plante est forte dans toutes ses parties ; les tiges ne portent aucune trace de teinte vio- lacée ; elles sont entièrement vertes, de même que le calice qui enveloppe le fruit. Cette variété, à première vue, nous paraît plus avantageuse que l’espèce type. Nous verrons ce qu’elle nous produira l’année prochaine, si elle se maintiendra ou si elle rentrera dans l’espèce, ce qui pourrait bien arriver. Les Physalis edulis sont des plan-

PHYSALIS EDULIS.

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tes annuelles qui, dans tout leur ensemble, ressemblent assez à nos Piments ou Poivres longs ; le feuillage est vert foncé et luisant.

Les racines des Physalis edulis , dont on pourra se procurer des semences de l’espèce et de la variété chez MM. Duflot et Dela- ville, marchands de graines, 2, quai de la Mégisserie, à Paris , forment un chevelu très-compact ; elles sont courtes, capillaires, ramifiées et très-nombreuses au pied de la tige ; elles forment de fortes touffes qui ne se désagrègent pas lorsqu’on les arrache. Cette espèce demande beaucoup d’eau pen- dant sa végétation, [et réclame les mêmes soins que ceux que l’on donne aux Tomates : nous avons planté les Physalis à côté de nos To- mates, et nous les avons treillagés et tuteurés de la même manière ; la culture nous en a paru des plus faciles. Pendant quatre mois nous avons récolté des fruits mûrs, que le poids et la faiblesse du pédoncule font déta- cher instantanément de la plante, si on ne les récolte pas assez vite. Il est donc nécessaire de les surveiller si l’on veut ne pas les perdre.

Linné, qui créa le genre Physalis dans son Système sexuel, en décrit treize espèces dont huit vivaces et cinq annuelles . Dumont de Courcet, dans son Botaniste cultivateur , en mentionne quinze, huit vivaces et sept annuelles; il en donne ainsi le détail et les caractères botaniques :

Physalis , vulgairement Coqueret. Calice 5-fide ; corolle en roue, 5-fide ; anthères oblongues, conniventes, stigmate obtus, baie globuleuse enfermée dans le calice agrandi en forme de vessie ; plusieurs se- mences réniformes.

I. Espèces vivaces et ligneuses :

Coqueret Alkekenge, Physalis Alke- kengi , plante vivace très -traçante. Tiges de la hauteur de 30 à 35 centimètres, rameuses ; feuilles pétiolées, ovales, pointues, entières et géminées; fleurs blanches, solitaires et axillaires ; baie rouge, ainsi que le calice vé- siculeux qui la renferme, de la forme et de la grosseur d’une Cerise ; les fleurs apparais- sent en juillet et se prolongent jusqu’en septembre. Cette espèce est indigène en F rance . Pleine terre .

Coqueret de Pensylvanie, Physalis Pensylvanica. Tiges de 30 à 35 centimètres de hauteur, droites et rameuses; feuilles pétiolées, alternes, ovales, obtusément an- guleuses en leurs bords, vertes, un peu co- tonneuses en dessous; fleurs de juillet en

septembre, jaunes, solitaires, axillaires et pé- donculées ; baies petites et rouges. Originaire de l’Amérique septentrionale. Pleine terre.

Coqueret de Curaçao, Physalis Cu- rassavica. Tiges de 30 à 35 centimètres de hauteur; feuilles ovales, pétiolées, ondulées, pubescentes et grisâtres; fleurs de juillet en septembre, jaunâtres, solitaires, axillaires et pédonculées. Cette espèce est originaire de l’Amérique méridionale. Serre chaude.

Coqueret visqueux, Physalis viscosa. Tiges hautes de 60 centimètres, rameuses et paniculées; feuilles pétiolées, ovales, on- dulées, obtuses et un peu cotonneuses; fleurs en juillet, jaunâtres, avec des taches jaunes, axillaires, solitaires et pédonculées; baies ovales, orangées et visqueuses. Buenos- Ayres. Serre chaude.

Coqueret du Pérou, Physalis Peru- viana. Tiges élevées, à rameaux diver- gents, pubescentes, ainsi que les feuilles qui sont cordiformes et très-entières ; fleurs d’avril en octobre, jaunes avec cinq taches brunes, solitaires, pendantes et pédonculées. Amérique méridionale. Serre chaude.

Coqueret barbu, Physalis aristata , H. K. Tige frutescente; feuilles oblongues, entières, glabres ; les rameaux, les pétioles et les pédoncules sont lanugineux. Iles Ca- naries. Orangerie ou serre tempérée.

Coqueret somnifère, Physalis som- nifera. Tiges de 30 à 60 centimètres, ra- meuses, cotonneuses et grisâtres ; feuilles pétiolées, ovales, entières, molles et pubes- centes ; fleurs en juillet et août, d’un jaune pâle, petites, axillaires, pédoncu- lées et réunies au nombre de trois ou cinq. Région méditerranéenne, Orient, Mexique, Espagne. Cette plante est arbores- cente et toujours verte. Orangerie et serre tempérée.

Coqueret arborescent, Physalis arbo- rescens. Tiges de 1 mètre à lm 30 de hau- teur, rameuses, à rameaux tortueux; feuil- les ovales, presque obtuses, ondulées et pétiolées, d’un vert grisâtre; fleurs en juillet, jaunâtres avec des taches brunes, pédoncu- lées, axillaires et roulées. Plante toujours verte, originaire de Campêche. Serre chaude.

II. Espèces annuelles :

Coqueret anguleux, Physalis an - gulata. Tiges de 30 à 60 centimètres de hauteur, herbacées, anguleuses, glabres et très-rameuses; feuilles pétiolées, ovales,

PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES.

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pointues, anguleuses, glabres ; fleurs de juin en septembre, petites, d’un jaune pâle avec des taches roussâtres, axillaires, solitaires et pendantes. Indes.

10° Coqueret pubescent, Phy salis pu- bescens. Tiges de 30 à 40 centimètres de hauteur, succulentes, anguleuses, très-ra- meuses et pubescentes ; feuilles ovales, pé- tiolées, anguleuses, molles, velues, vis- queuses et d’un vert sombre ; fleurs de juin en septembre, petites, jaunâtres, avec des taches d’un pourpre foncé, axillaires et pendantes. Des deux Indes et de la Virginie.

14° Coqueret couché, Phy salis prostrata. Tiges couchées très-rameuses, cylindriques, hérissées de poils blancs et longues de 30 centimètres environ; feuilles alternes, légèrement ovales, molles, glabres et un peu charnues; fleurs en août et septem- bre, violettes, axillaires, pédonculées et veinées de pourpre. Pérou.

12° Coqueret nain, Phy salis minima. Tiges de 30 centimètres environ de hauteur, très-rameuses ; feuilles presque en cœur, pointues, un peu anguleuses, molles et pé- tiolées; fleurs axillaires, de juillet en août, petites, jaunâtres, avec cinq taches brunes, les pédoncules plus longs que les feuilles. Indes orientales.

43° Coqueret de Barbade, Phy salis Bar- badensis. Tiges de 00 centimètres à 4 mètre de hauteur, velues, creuses et cylindriques; feuilles pétiolées, cordiformes, pointues, molles et velues; fleurs jaunes, avec des ta- ches brunes, axillaires et solitaires ; les pé- doncules plus courts que les pétioles. An- tilles.

44° Coqueret velu, Phy salis pruinosa. Tiges très-rameuses ; feuilles velues ; les pédoncules droits ; anthères jaunes ; baies presque turbinées; fleurit en juillet et août. Amérique.

45° Coqueret à gros fruits, Physalis Philadelphica , Lam. Originaire de l’Amé- rique septentrionale.

On ne cultive guère les Coquerets que

dans les jardins botaniques, comme plantes de collection, excepté le Physalis Alkekengi et le Physalis edulis, le premier recherché pour ses baies curieuses qui sont employées en médecine, et le second qui rentre dans la série des plantes économiques et alimen- taires. Les autres espèces n’offrent qu’un intérêt secondaire ; il paraît cependant que les Espagnols mangent les fruits de l’Alke- kenge, qui ont une saveur aigrelette et sont diurétiques. Les vieillards surtout se trou- vent très-bien de l’usage de ces baies en dé- coction ; les ménagères de nos campagnes, les Alkekenges croissent spontanément, se servent des fruits pour colorer leur beurre, et nous-mêmes nous les avons em- ployés avec le plus grand succès pour cet usage, sans nuire aucunement à la qualité du beurre, ni à la santé des personnes qui s’en servent. Par la belle couleur jaune de ces fruits et par leur disposition sur les tiges, il nous semble qu’aujourd’hui l’Al- kekenge pourrait faire partie du groupe des plantes ornementales. Peut-être que dans le nombre des espèces on pourrait encore en trouver d’autres qui rempliraient ce but. Nous livrons ces réflexions aux amateurs des jardins d’agrément et paysagers. C’est ce qui nous a engagé à mentionner dans cet article les quinze espèces dont nous venons de donner la description.

Usages. Les fruits du Physalis edulis se préparent en cuisine à l’instar de ceux de nos Tomates. Les officiers de bouche en font un sirop délicieux, de la manière sui- vante, dont les détails viennent de nous être récemment fournis par M. Balcarce lui- même, et dont voici le texte : « Prendre 500 grammes de sucre, une vingtaine de fruits et environ un litre d’eau ; couper les fruits en quatre parties et les jeter dans l’eau que l’on fait bouillir jusqu’à réduction de moitié ; on passe ensuite le jus, en l’ex- primant dans une serviette ; on l’additionne de sucre et fait cuire jusqu’à ce que le tout soit réduit en sirop. » Bossin.

PLANTES NOUVELLES, RARES OU PAS ASSEZ CONNUES

Amygdalus grandiflora. C’est un petit arbre très-vigoureux, à branches longue- ment étalées et un peu réfléchies, formant une tête arrondie. En février-mars, très- grandes fleurs d’un beau rose, à fruits sub- sphériques, gros, rappelant des Pêches

dégénérées, mais de saveur à peine sensible. C’est l’Amandier-Pêche de certains horticul- teurs, forme curieuse et ornementale, un type intermédiaire comme il y en a beaucoup dans les Amygdalées. E.-A. Carrière.

Orléans, inap. de G. Jacob, cloître Saint-Etienne, 4.

CHRONIQUE HORTICOLE

Le Raphanistrum vulgare amélioré : graines de Raphanistrum mises à la disposition des abonnés de la Revue. Notes horticoles sur le Japon : correspondance de M. Léon Sisley. Variétés de Raisins décrites dans le 12 du Vignoble : Rïbier , Muscat Jésus , Muscadelle du Rordelais, Sicilien. Formation et maturation des graines sur une branche de Mahonia, coupée et mise dans l’eau : communication de M. Chargueraud, jardinier-chef à l’école vétérinaire d’Alfort ; les trois périodes de végétation. Exposition de la Société royale d’horticulture de Liège. Un nouveau Bambou rustique. Cours d’arboriculture de M. Verlot, à Grenoble. Le phylloxéra : son apparition dans les régions relativement froides. Différence entre les températures de Paris et de Bordeaux. La Clematis flammula robusta : communication de M. Durieu de Maisonneuve.

Au-dessus des théories, il y a les faits, et quand ceux-ci sont en contradiction avec celles-là et qu’elles ressortent d’hommes dont les noms font autorité, il n’y a, pour que la lumière puisse se faire, d’autre moyen que d’en appeler au juge souverain : Y expérience, en soumettant celle-ci au contrôle de l’opinion publique. C’est ce que nous n’hésitons pas à faire relativement aux produits que nous avons obtenus par sélection de graines du Raphanistrum vul- gare ou Radis sauvage, fait que l’on n’a pas hésité à nier, même sans examen. Deux choses nous engagent à agir ainsi : le désir de faire connaître la vérité et celui de main- tenir notre dignité en protestant contre une décision personnelle intéressée, et enfin le désir de répondre et de vulgariser un lé- gume qui, nous en avons la conviction, pourrait rendre de très-grands services.

En conséquence, nous mettons à la dis- position de tous les abonnés de la Revue horticole des graines de ces Radis amélio- rés, en les priant de les semer et, sans aucun ménagement, de nous faire connaître les résultats qu’ils auraient obtenus, lors même qu’ils nous seraient défavorables. D’une autre part, et afin de guider les personnes qui demanderaient de ces graines, nous nous permettrons de leur donner les quelques renseignements sui- vants : pour le printemps, aussitôt que les gelées* ne sont plus à craindre, semer sur labour ou mieux sur un simple binage, herser légèrement au râteau ou à la fourche, en ajoutant un peu de terreau, ainsi qu’on le fait ordinairement pour les graines de Radis ordinaires ; toutefois, il serait bon de semer beaucoup plus clair qu’on le fait pour ces derniers. Les semis d’automne se font du 15 juillet au 15 août environ, suivant le climat sous lequel on se trouve placé. Ces

1er février 1875.

semis, qui donneront à partir de la fin de septembre, pourront même les derniers surtout être conservés pour l’hiver. Quand on aura beaucoup de graines, on pourra semer pendant une grande partie de l’année, ainsi qu’on le fait des petits Radis. Faisons toutefois observer que ces Radis améliorés ou Raphanodes , ainsi qu’un de nos con- frères les a désignés, montant plus difficile- ment à graines que les Radis ordinaires et résistant aussi beaucoup mieux aux chaleurs, les semis pourront être moins rapprochés les uns des autres.

Les personnes qui désireraient recevoir des graines de Raphanodes pourront en faire la demande à la Librairie agricole, 26, rue Jacob, par lettre affranchie, en envoyant en même temps un timbre-poste de 25 cen- times pour payer l’affranchissement du pa- quet de graines.

D’une lettre de M. Léon Sisley, ingé- génieur au Japon, M. Jean Sisley, son père, nous communique l’extrait suivant, qui nous paraît de nature à intéresser nos lecteurs :

lkouno, 27 octobre 187 J.

Nous voici en automne ; les feuilles commen- cent à tomber, et les arbres à feuilles persistan- tes commencent à prendre leur teinte d’hiver.

C’ est aussi le moment de la récolte des graines qui mûrissent ici très-tard. Ainsi, pour avoir des graines bien mûres d’Azalées, il faut attendre encore un mois ; aussi n’est-il pas possible de faire un envoi de graines avant décembre ; néan- moins, je ferai mon possible pour en expédier cette année plus tôt que l’an dernier.

Mon interprète, qui est revenu dernièrement d’un voyage à Simonosiko et qui a fait la route par Samindo (parlie sud-ouest de Nipon), m’a rapporté quelques graines récoltées le long des chemins; j’enjoindrai quelques-unes à mon envoi.

Parmi les' graines que tu m’as envoyées, celles qui ont levé sont en petit nombre.

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CHRONIQUE HORTICOLE.

Les Zinnias doubles sont maintenant très- beaux, mais je crains qu’ils n’aient pas le temps de mûrir leurs graines avant les froids.

Les Phlox Drummondii paraissent se plaire beaucoup ici, ils fleurissent abondamment jus- qu’aux gelées.

J’ai eu aussi un beau massif de Balsamines doubles qui ont duré une bonne partie de l’été.

Parmi les légumes, les Gardons et les Choux- Baves ont bien profité, et nous en mangeons irès-souvent.

Augustin a semé des graines d’Asperges à mon intention ; les plantes sont très-belles pour une première année, et Augustin dit n’en avoir jamais vu de pareilles en France. 11 me fait espérer que je pourrai en manger en 1876.

Les Acacias que j’ai laissés en place ne sont toujours pas contents du terrain et ne poussent que fort peu; ceux que j'ai transplantés dans différents endroits du jardin sont généralement plus beaux ; l’un d’eux a même atteint plus de 2 mètres de hauteur, et je me dispose à l’élever

arbre dès le printemps prochain. J’ai l’inten- lion d’en faire planter quelques-uns cet hiver dans la montagne, au milieu des Bambous nains dont elle est couverte ; je pourrai ainsi juger par leur pousse de l'été prochain si l’essai mérite d’être continué. Le reboisement en Acacias né- cessiterait une dépense considérable, car il fau- drait détruire autour de chaque plante et sur 1 mètre carré tous les Bambous sauvages, qui étoufferaient infailliblement les jeunes plants.

J’ai comme toi des plantes de la graine que je t’ai envoyée de Campanule à fleurs doubles blanches. Ils me paraissent être des Platycodons. Je sup- pose que la variété à fleurs doubles blanches n’existe pas en France (1).

Si parmi les semis tu trouves quelque chose d’intéressant, signale-le-moi ; je pourrai t’en renvoyer des graines, et en même temps, si on peut te donner le nom des plantes, cela me fera plaisir

J’ai été dernièrement voir le Rosier à grandes Heurs blanches dont je t’ai parlé; j’y ai vu des graines, mais pas encore à maturité. J’y retour- nerai sous peu, afin de ne pas manquer le mo- ment opportun.

Je n’ai jamais vu de Lilas au Japon.

Léon Sisley,

Ingénieur des mines d’Ikouno, au Japon.

De cette lettre on peut conclure que le climat d’Ikouno a beaucoup de rapports avec celui du ( entre de la France, que par conséquent nos arbres fruitiers et nos légumes pour-

(t) Cette variété existe en France; on la rencon- tre assez fréquemment dans les semis qu’on fait des graines, soit du type qui est à fleurs bleues, soit de «•elles de la variété à fleurs blanches simples, qu’il n est pas non plus rare d’obtenir. ( Rédaction .)

raient y être cultivés. IB le nous apprend aussi que les Bambous croissent presque partout à l’état sauvage, et même que, dans beaucoup de cas, ces plantes peuvent être considérées comme de mauvaises herbes, l’analogue de ce que les Genêts, les Ulex ou Joncs marins, les Bruyères, etc., etc., sont dans certaines parties de la France. Mais quels sont ces Bambous ? Appartien- nent-ils à plusieurs espèces ? Voilà ce qu’il serait intéressant de savoir.

Dans son numéro 12, qui termine l’année, le Vignoble figure et décrit les cé- pages suivants :

Pàbier. Cette variété, qui est très-vigou- reuse, est le plus généralement désignée par la qualification de Rïbier de Maroc ; ses grains, qui sont distants, très-gros, ellip- soïdes, à peau épaisse, croquante, prennent une belle couleur violet, noir. La maturité, qui est de troisième époque, fait que ce cé- page doit être planté près d’un mur, à bonne exposition. Il est sujet à la coulure.

Muscat Jésus. Cépage de bonne vigueur; grains moyens, à peau épaisse qui, à la ma- turité, qui est de deuxième époque, prend une couleur jaunâtre, pruineuse ; la chair, ferme, sucrée, est relevée d’un parfum dé- licieux qui rappelle l’odeur de musc mélan- gée à celle de Heur d’Oranger. Cette variété doit être plantée dans un terrain sec et cail- louteux ; autrement il arrive fréquemment que les grains se fendent et pourrissent.

Muscadelle dît Bordelais. Contrairement à ce que le nom pourrait faire croire, ce cé- page, qui n’est pas très-répandu, même dans le Bordelais, n’appartient pas au groupe des Muscats dont, au reste, il n’a pas la sa- veur. Associé au Sémillon, il constitue dans la Dordogne un vin très-estimé. D’une bonne moyenne vigueur, la Muscadelle du Bordelais est très-productive. Les grain?, qui sont moyens, à peu près sphériques, ont la peau fine, ce qui les expose à la pourri- ture; à la maturité, qui est de seconde époque, ils prennent une couleur jaune doré sur les parties exposées au soleil.

Sicilien. D’une origine incertaine, ce cé- page, qui est assez répandu en Provence, est d’une maturité relativement hâtive, qui de- vance même un peu celle des Chasselas. Les grains, qui sont gros, ellipsoïdes, ont la peau ferme, un peu épaisse, passant au jaune , doré à sa complète maturité; la chair, ju-

CHRONIQUE

teuse, douce et sucrée, est peu relevée et manque de parfum.

Le phénomène signalé par M. Gum- bleton, que nous avons fait connaître dans la Revue horticole 1874, p. 462, nous a valu l’intéressante lettre que voici :

Alfort, le 24 décembre 1874.

Monsieur Carrière,

Le fait qui vous est cité par M. Gumbleton, et que vous rappelez en le signalant aux physiolo- gistes, de la formation et de la maturation des graines sur une branche de Mahonia, coupée et mise dans l’eau au moment de sa floraison, peut s’expliquer, en partie du moins, à l’aide d’une théorie qui, si elle n’est pas vraie toujours, et pour tous les végétaux, paraît au moins vrai- semblable et peut quelquefois, à cause de ses conséquences, rendre des services à l’horticul- ture en indiquant les soins à donner aux végé- taux, suivant leur degré de développement.

D’après cette théorie, émise par différents physiologistes, et que je vais essayer de résu- mer aussi succinctement que possible, la crois- sance d’une plante se divise en trois périodes, qui sont caractérisées comme il suit :

Pendant la première période, c’est-à-dire de- puis le commencement de la végétation ou ger- mination jusqu’au développement des feuilles, le végétal emprunte, pour se constituer, presque tout au sol ; pendant la deuxième période, qui commence avec les feuilles et qui s’arrête avec l’apparition des fleurs, le végétal emprunte beau- coup à l’air; et pendant la troisième période, depuis l’apparition des fleurs jusqu’à la maturiié des graines, le végétal transforme pour la cons- titution de ses graines une partie des éléments qu’il a acquis pendant les deux périodes précé- dentes.

Ces éléments ainsi transformables, et que l’on a nommés pour celte raison « éléments transi- toires, » ne sont pas, pendant toute la durée de la végétation, répartis également dans tout le végétal, et au fur et à mesure que l’époque de la floraison approche, ils viennent pour ainsi dire s’agglomérer dans les feuilles et les autres organes qui accompagnent les fleurs.

Si cette théorie est fondée, elle permet de concevoir comment une branche coupée au mo- ment de sa floraison peut constituer ses graines, puisque les éléments qui doivent y con- tribuer sont déjà acquis et prêts à être trans- formés : il suffirait donc que la branche fût mise dans des conditions qui lui permissent d’entre- tenir sa végétation pendant le temps nécessaire à la transformation, sans être obligée de vivre aux dépens des éléments destinés à former des graines.

Recevez, etc. A. Chargueraud,

Jardinier en chef à l’école vétérinaire d' Alfort.

HORTICOLE. 43

Tout en reconnaissant la valeur de la théorie invoquée et surtout si bien déve- loppée dans la lettre qu’on vient de lire, nous n’en maintenons pas moins nos pre- miers dires : que le phénomène observé par M. Gumbleton est très-remarquable et digne de fixer l’attention des physiologistes, car ce fait nous paraît complexe et échapper, au moins en partie, à la théorie que notre jeune confrère et ami a développée avec tant de talent. En effet, si vers la fin de sa végé- tation, c’est-à-dire à l’époque de sa floraison, une branche de Mahonia avait acquis tous les éléments nécessaires à la constitution de graines, on ne comprend pas pourquoi, lorsr qu’elle reste sur la plante, ce développe- ment n’a pas lieu, qu’il y a seulement for- mation et développement des fruits, mais non des graines, tandis qu’il en est autre- ment quand cette branche a été détachée de sa mère et mise dans l’eau. On ne peut pourtant à ce qu’il nous semble du moins admettre que l’eau pure du vase était plus nutritive que la sève de l’arbre sur la- quelle était née la branche.

Les 28 et 29 mars 1875, la Société royale d’horticulture de Liège fera dans cette ville une exposition d’horticulture à la- quelle les amateurs et les horticulteurs, membres de ladite Société, Sontseï ïls admis à concourir.

Le jury se réunira le 27 mars, à midi.

Dans le Bulletin de la Société du mois de novembre 1874, M. le docteur Turrel a publié une note sur un nouveau Bambou, sans autre désignation que celle- ci : <c Un Bambou rustique. » Des détails donnés par M. le docteur Turrel au sujet de ce Bambou il ressort que c’est une sorte très-voisine du Bambusa gracilis , avec le- quel du reste, dit M. Turrel, elle était con- fondue. Le principal caractère distinctif, c’est, paraît-il, une plus grande rusticité. En effet, placé dans des conditions à peu près semblables, à une température de 6, 7 et même 8 degrés au-dessous de zéro, le B. gracilis a plus ou moins souffert, tandis que le « nouveau Bambou rustique » n’a nullement été endommagé, d’où M. le doc- teur Turrel conclut que c’est une très- bonne acquisition pour la région « il a bravé victorieusement les plus grands froids et servi de brise-vent, à la place du Roseau de Provence. »

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CHRONIQUE HORTICOLE.

Sachant avec quelle attention M. le docteur Turrcl examine les choses, et les soins qu’il apporte à toutes ses observa- tions, nous n’hésitons pas à croire que pour la région des Oliviers le nouveau Bambou rustique ne puisse rendre de grands ser- vices; mais il en est autrement quand il s’agit de pays moins bien favorisés, et alors des doutes s’élèvent dans notre esprit. Nous fondons ces doutes d’abord sur ce fait : que le nouveau venu est « très-proche » parent du B. gracilis,e t que jusqu’à ce jour aucune sorte de ce groupe YArundinaria fal- cata y compris n’a présenté une rusti- cité assez grande pour être considérée comme plante de pleine terre. Il va de soi que ces dires sont hypothétiques, et que nous serions heureux de le voir infirmer par les faits.

Comme les années précédentes, notre éminent confrère et collaborateur M. Verlot, à Grenoble, fera un cours public et gratuit d’arboriculture. Voici, à ce sujet, l’arrêté de M. le maire de la ville de Grenoble :

Vu l’arrêté du 7 janvier 1856, portant création, au Jardin botanique, d’un cours d’arboricul- ture ;

Vu les propositions de M. Verlot, jardinier en chef de la ville, chargé de ce cours ;

Donne avis que le cours d’arboriculture, spé- cialement appliqué aux arbres fruitiers, com- mencera le dimanche 17 janvier courant, et sera continué jusqu’au jeudi 4 mars suivant. 11 aura lieu le dimanche et le jeudi de chaque semaine, à onze heures du matin, dans une des salles du Muséum, au Jardin-des-Plantes.

Des leçons seront en outre données chaque dimanche, à huit heures du matin, à partir du dimanche 25 avril jusqu’au 6 juin suivant.

Après chaque leçon théorique, des démons- trations pratiques s’y rapportant auront lieu au Jardin fruitier de la ville.

Contrairement à l’idée que générale- ment l’on s’était faite, le phylloxéra paraît ne pas redouter les pays relativement froids. Ainsi, d’après le Cultivateur lyonnais (1875, p. 24), aux environs de Tarare, à Pontcharra, il aurait fait son apparition à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, élévation qui, paraît-il, serait la dernière la Vigne puisse être cultivée avec avantage. A la même altitude, sur les montagnes voi- sines, « poussent des forêts de sapins. »

Toutefois il ne faudrait pourtant pas d’une manière absolue conclure de ceci que le phylloxéra devra un jour envahir tous les

vignobles, même des pays froids, car il ne faut pas oublier que les localités dont il s’agit sont situées dans le département du Rhône, qui présente une température moyenne relativement élevée, si on la com- pare à certaines autres dans lesquelles, néanmoins, on cultive encore la Vigne, et parfois même avec de beaux avantages.

De ce que nous avons eu beaucoup de neige à Paris cette année, et qu’il en a été de même dans certaines parties de l’Europe, elle était presque inconnue, il ne fau- drait pas en conclure qu’il en a été de même partout en France. Non, dans une lettre qu’il nous a fait l’honneur de nous adresser, et dans laquelle se trouvent beaucoup et de très-intéressantes observations, M. Durieu de Maisonneuve nous écrivait à la date du 3 janvier 1875 :

C’est avec un grand étonnement que nous li- sons dans les journaux qu’il fait un froid rigou- reux dans le Nord et même à Paris, tandis que nous avons ici, depuis très-longtempts, un temps I très-pluvieux sans doute et excessivement hu- mide, mais une température très-douce, presque printanière, à tel point que la nuit l’humidité se condense sur la paroi extérieure des vitres, lesquelles sont sèches intérieurement.

Les températures moyennes de Bordeaux et de Paris présentent si peu d’écart entre elles, qu’il est difficile d’apprécier une telle différence .

Il parait en effet difficile d’expliquer des différences si sensibles que celles qui vien- nent d’être signalées ; quant à nous, nous ne le tenterons même pas ; nous bornant à citer les faits, nous en laissons l’explication à d’autres.

Dans cette même lettre, au sujet de la Clematis flammula robusta dont nous avons donné une figure et une description dans la Revue horticole (1874, p. 465), M. Durieu nous dit :

Malgré une certaine ressemblance d’aspect de I votre plante avec le C. flammula, je crois à une différence spécifique. C’est un végétal splendide, formant une pyramide conique et serrée de 2 mètres de hauteur, couverte depuis la base de la plus opulente floraison. Elle ne porte pas ici le nom que vous lui attribuez. Je l’ai reçue du Japon sous le nom de Clematis ternata, D. C., nom qui pourrait bien être synonyme de CL bi~ ternala, du même auteur.

Il ne nous répugne nullement de croire qu’au lieu d’être une variété, notre plante est une espèce , d’abord parce que nous

LÉGUMES NOUVEAUX DE 1874.

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n’attachons à ces mots qu’une valeur rela- tive, ensuite parce que nous connaissons un grand nombre d’espèces infiniment MOINS bonnes que la notre, bien qu’elles aient été faites par des hommes auxquels, très-gra- tuitement, on accorde la compétence néces- saire pour faire ces sortes de dénominations, que, très-souvent à tort, on considère comme bonnes par le fait du nom du par- rain.

D’une autre part, est-il bien certain que la plante dont parle M. Durieu est la même que celle dont nous avons donné une figure

et une description? C’est ce dont nous pour- rons nous assurer si, comme nous l’espé- rons, l’éminent directeur du Jardin bota- nique de Bordeaux veut bien, à l’époque de la floraison de sa plante, nous en envoyer des rameaux, que nous comparerons avec la nôtre.

Quoi qu’il en soit, nous nous empressons de remercier M. Durieu de ces intéressantes communications, en témoignant toutefois le regret qu’elles soient aussi rares.

E.-A. Carrière.

LÉGUMES NOUVEAUX DE 1874

Au printemps de 1874, sur notre de- mande, MM. Vilmorin nous envoyaient gra- cieusement une série de graines de légumes nouveaux, destinés à être cultivés et étudiés au jardin-école de la Société d’horticulture de Soissons (Aisne).

Considérant ces sortes d’envois comme une bonne fortune pour notre école d’horti- culture, c’est un véritable devoir pour nous de suivre, pour ainsi dire pas à pas, le dé- veloppement de ces nouveautés, dont quel- ques-unes, chaque année, se placent au premier rang parmi les légumes à cultiver dans tous les jardins potagers.

Nous remercions bien sincèrement ces Messieurs de nous faciliter ainsi les moyens de nous instruire nous-même, ce qui nous permet aussi d’indiquer aux autres les moyens de choisir ces divers légumes, tout en les préservant d’introduire dans leur jardin les espèces médiocres ou qui offrent peu d’intérêt.

Nous n’avons pas la prétention, assuré- ment, de nous croire infaillible, et tel lé- gume que nous avons jugé sévèrement peut avoir donné de meilleurs résultats ou de moins mauvais ailleurs; aussi ne doit-on voir dans les lignes ci-dessous que nos ap- préciations personnelles et le désir que nous avons d’être utile aux personnes qui veulent essayer les meilleures nouveautés.

Nous devons dire aussi que nous nous sommes placé exclusivement au point de vue de notre terrain siliceux et chaud, tout èn tenant compte du climat des départe- ments de l’Est. Nous procéderons, pour les légumes de 1875, comme nous l’avons fait les années précédentes, et nos observations

s’appliqueront au mérite des légumes et à la culture à laquelle nous les avons soumis. Si de notables améliorations se produisaient sur quelques-uns, nous nous empresse- rions, comme les années précédentes, de réhabiliter ceux dont la réputation aurait pu être compromise par une première an- née d’essais. Nous accueillerons aussi bien volontiers les rectifications qu’on croirait devoir nous faire d’après les résultats obtenus dans d’autres localités dont le sol et le climat ne seraient pas les mêmes, et nous remercions par avance les personnes qui auraient l’obligeance de nous faire part de leurs observations.

En horticulture comme en agriculture, ce n’est .seulement qu’à l’aide d’essais com- paratifs qu’on peut arriver à des résultats sérieux et approximatifs se rapprochant le plus possible de la vérité.

Après ces quelques observations prélimi- naires, nous commençons cette sorte de compte-rendu par :

La Courge brodée galeuse. La chair, qui est épaisse, fine et sucrée, cuit en un ins- tant. Gomme elle n’est pas filandreuse, on peut en faire d’excellents potages, et même la placer à l’intérieur des tartes. On la re- connaît facilement aux gales qui recouvrent la peau, qui est d’un rouge terne, gris sale.

Cette Courge a, en outre, l’avantage de se conserver une partie de l’hiver au fruitier sans altération.

Comme elle est seulement de grosseur moyenne, on peut facilement en laisser six sur le même pied, qui viendront très-bien et rendront encore son emploi plus facile

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LÉGUMES NOUVEAUX DE 1874.

dans les petits ménages. Sa culture est la même que celle de ses congénères.

Vient ensuite YÉpinard monstrueux de Viroflay. Cette variété, intermédiaire entre l’Épinard à feuille de Laitue et l’Epinard Oreille d’éléphant, est une des meilleures à cultiver. Outre que ses feuilles, d’une cuisson facile et prompte, sont excellentes, elle a l’avantage de pousser très -vigoureu- sement et de donner des feuilles démesuré- ment grandes, ce qui favorise singulière- ment la cueillette.

Cet Épinard est des plus précieux pour les cultures printanières et automnales. Mal- heureusement, il monte à graines au moins aussi facilement que ses congénères.

Nous cultivons depuis quelques années une variété qui lui est bien supérieure sous ce rapport, dont nous ignorons le nom; nous nous ferons un devoir d’en adresser des graines aux personnes qui voudraient l’essayer dans les terrains secs et brûlants, elle résistera plus longtemps que les variétés indiquées ci-dessus.

Haricot nain blanc , unique , sans par- chemin. Variété très-vigoureuse et très- fertile, et d’une rusticité à toute épreuve. Son grain est délicieux, soit consommé en vert* soit mangé en sec. C’est une excel- lente acquisition pour le potager, nous conseillons de l’introduire le plus tôt pos- sible.

La gousse est dépourvue de parchemin. On pourra en tirer un grand parti dans les exploitations on a beaucoup de monde à nourrir. C’est donc une ressource de plus.

Haricot sabre panaché rames). N’est recommandable que par la bigarrure de son grain qui est de couleur café au lait, pana- ché de brun. Sa floraison est des plus tar- dives; sa fertilité laisse beaucoup à désirer; aussi préférons-nous de beaucoup la variété à grains blancs dont il est très-probable- ment sorti. Comme celle-ci, le Haricot sabre nain exige l’emploi de rames élevées et branchues.

Haricot nain blanc de la Malmaison. ( iette variété est une des plus vigoureuses de celles que nous cultivons dans notre collection. Son nanisme n’est pas absolu, car nous avons le soutenir avec des l ames. Il produit en assez grande quantité <les grains ovales, blancs, d’excellente qua- lité. Ce Haricot étant aussi sans parchemin, mi pourra également en utiliser les cosses

pour la cuisine, dans les établissements l’on a beaucoup de monde à nour- rir. Toutefois, il ne faudrait pas le cul- tiver à l’exclusion d’autres bonnes va- riétés qui ont fait leurs preuves depuis longtemps; on ne peut tout au plus que l’associer à celles-là.

Haricot chocolat (Vavin). Celui-ci nous a paru hâtif; mais l’extrême sécheresse a probablement troublé sa végétation ordi- naire (ce qui, du reste, est arrivé cette année sur toutes les variétés de Haricots en général), car il a peu produit. Toutefois, ses (( aiguilles )) vertes sont de bonne qualité, cuisent bien, surtout si les plantes sont cul- tivées dans une bonne terre à blé. Nous lui préférons la variété Comte de Vougy, que nous avons reçue l’année dernière, et avec laquelle elle a beaucoup de ressemblance; cette dernière, chez nous du moins, est plus rustique et plus fertile ; il faut donc seulement se contenter de l’associer à d’au- tres variétés dont l’emploi est le même ; son principal mérite réside dans la consomma- tion sous formes d’aiguilles vertes. Les grains mûrs produisent un jus noir, peu appétissant, et ne sont pas de toute pre- mière qualité.

L’année dernière, nous avions reçu une variété nouvelle de ce légume, désignée sous le nom de Haricot intestin; nous n’avons rien à changer à la description que nous en avons faite dans la Revue horticole. Nous ferons toutefois observer que cette variété est assez délicate et qu’elle lève surtout dif- ficilement dans les terrains forts et com- pacts ; aussi, si l’on veut en obtenir de bons résultats, convient-il de la semer fin d’avril, en godets, sous châssis, et de la planter à demeure du 15 au 25 mai, en lui appliquant ensuite les mêmes procédés de culture qu’aux autres variétés. Ainsi cultivé, ce Haricot donnera des résultats vraiment re- marquables, tant au point de vue de la qua- lité que de la quantité. Nous le considérons donc comme une des bonnes variétés à in- troduire dans le jardin potager.

Dans l’envoi qui, au même titre gracieux, nous avait été fait l’année dernière, se trou- vait aussi le Haricot nain blanc, qui a encore dépassé nos espérances cette année. C’est assurément le meilleur, le plus rus- tique, le plus fertile et l’un des plus hâtifs que nous connaissions. Il doit être cultivé sûr une grande échelle dans le jardin po-

LÉGUMES NOUVEAUX DE 1874.

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tager. Comme il ne rame pas, la grande culture peut en retirer de très-grands avan- tages; aussi, et à ce point de vue surtout, n’hésitons -nous pas à le recommander, Lien convaincu que nous sommes qu’on n'aura qu’à s’en louer.

Laitue verte grosse. Cette sorte s’est assez bien conduite au printemps et à l’au- tomne. Les chaleurs de l’été lui sont préju- diciables et lui communiquent un goût amer très-prononcé ; de plus, elle ne grossit pres- que pas à cette époque de l’année et monte même à graines avant de pommer. Aussi, le semis de printemps est peut-être le seul qu’on doive recommander.

Laitue romaine brune anglaise. Outre que cette variété n’a point ou n’a que très- peu pommé, sa couleur lui est préjudiciable comme les nombreux jets qui se détachent du pied et qui l’épuisent; nous la considé- rons ici comme n’étant pas digne de figurer dans nos carrés, la Romaine blonde pro- duit de si bons résultats.

Cependant, et bien que nous devions encore l’essayer l’année prochaine, nous re- commandons dès à présent aux amateurs •de Romaines de la cultiver sur une petite échelle et seulement à titre d’essai.

Tout autre est le Poireau monstrueux de Carentan, que nous considérons comme le roi des Poireaux ; vigoureux et rustique, il possède encore toutes les qualités requises par les amateurs de ce légume. Sa cuisson est extrêmement rapide, et il est alors tendre et savoureux tout à la fois. Voilà ce que nous avons constaté à son endroit. Aussi, dans un avenir prochain, sera-t-il probable- ment le seul cultivé par les maraîchers. C’est, à notre avis, avec les variétés de Pommes de terre citées plus loin, une des meilleures introductions de l’année 1874. Nous en adressons ici nos sincères félicita- tions à MM. Vilmorin, chez qui l’on pourra s’en procurer des graines.

Pomme de terre farineuse rouge (red Skinned flour Rail). Variété dont lés tu- bercules, de couleur rouge et de forme ronde et lisse, méritent tous les éloges qu’on en a faits. Ici elle produit beaucoup, est très-vigoureuse; de plus, ses belles fleurs blanches, qu’elle produit en très-grande quantité, sont assurément fort belles, et nous connaissons des plantes à fleurs ornemen- tales qui, pour la décoration des jardins, ne valent pas cette précieuse Solanée. En

somme, c’est une excellente variété à cul- tiver sous tous les rapports, car, indépendam- ment de ses qualités, elle a encore le mérite de se conserver sans altération pendant fort longtemps.

La variété désignée sous le nom de Pomme de terre Prolifique de Bresse (Rresee’s Prolifîc) aies tubercules de cou- leur jaune gris, gros, oblongs et lisses ; elle est productive, très -vigoureuse et possède, de plus, l’inappréciable avantage d’être de première qualité, car ses tubercules cuits rappellent exactement la saveur des Châtaignes. La petite et la grande cul- ture trouveront en elle un précieux auxi- liaire. Aussi n’hésitons-nous pas à la re- commander d’une manière toute particu- lière.

L’on peut en dire autant de la Pomme de terre Empereur hâtive (early Emperor). Nous constatons pourtant que la qualifica- tion hâtive est de trop, puisque dans notre collection elle n’était pas mûre le 1er août. Ses tubercules, ronds et réguliers, de cou- leur rouge sale, cuisent en quelques mi- nutes et sont très - farineux et de bonne qualité.

La Pomme de terre Incomparable (peerless) a les tubercules blanc jaunâtre, lisses, réguliers et d’excellente qualité, en même temps qu’elle produit abondamment. On ne devra pas hésiter à l’introduire aussi bien dans le potager que dans la grande cul- ture. Elle n’est que de seconde saison.

Nous arrivons enfin, et pour terminer la nomenclature des Pommes de terre intro- duites en 1874, à la variété qui a fait tant parler d’elle depuis le printemps, la Pomme de terre rose hâtive (early rose). Son extrême vigueur comme son abondante pro- duction, qui est une des plus élevées que nous ayons jamais rencontrées, en ferait cer- tainement la reine des Pommes de terre si la qualité ne laissait à désirer. Sous ce rap- port, nous en connaissons beaucoup de meil- leures, et, d’une autre part aussi, la déno- mination de « hâtive » nous parait hasardée, puisque le 30 août 1874 elle n’était pas tout à fait mûre ici. Aussi ne sommes-nous pas encore bien fixé sur son compte, et nous promettons-nous de l’examiner de nouveau l’année prochaine, et c’est alors que nous pourrons porter sur elle un jugement défi- nitif. En attendant, voici la description qu’en ont faite MM. Vilmorin dans leur catalogue.

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CHIONAMHES RETARDATAIRES.

et auxquels nous en laissons, pour cette an- née, l’entière responsabilité : « Variété à tubercules ordinairement allongés, généra- lement déprimés ou méplats ; yeux parfois proéminents, mais ordinairement à fleur de la peau, qui est d’un rouge clair ou pâle légè- rement teinté de jaune. Chair blanche, fine, de bonne qualité. Sa fertilité, qui est très- grande, la place sous ce rapport au premier rang des Pommes de terre potagères. Sous le rapport de la précocité, elle n’est que de huit à dix jours moins hâtive que la Marjolin. »

Malgré la réserve que nous venons de faire, on peut, dès à présent, considérer comme très-avantageuses toutes les variétés de Pommes de terre dont nous venons de parler : vigueur, produits abondants et de qualités remarquables, tel est le bilan de ces importations, qui font le plus grand hon- neur aux honorables importateurs.

CHIONANTHES :

Au nombre des singuliers phénomènes de végétation qu’il nous a été donné d’ob- server, on peut placer celui dont nous al- lons parler et que représente la gravure 9. Ce phénomène, qui est des plus remarqua- bles, consiste dans le développement d’un œil de Chionanthe sur un Frêne à fleurs {Fraxinus ornus , L. ; Ornus Europœa, Pers.), il avait été placé seize ans envi- ron avant l’époque il s’est développé, et a donné le jet vigoureux qu’on voit à gau- che de la gravure. Voici les faits :

Un massif de Frênes à fleurs ( Fraxinus ornus , L.), planté au parc Monceaux (1), à Paris, en 1873, étant devenu trop com- pact par suite de l’accroissement des arbres, on crut devoir en supprimer la moitié pour donner de l’air et en favoriser un certain nombre; mais, au lieu de les arracher, ce qui eût entraîné trop de travail et pu nuire aux arbustes qui s’y trouvaient mélés, on les coupa rez-terre quelques centimètres au-des- sus du sol, à l’automne 1872, et on [élagua ceux qu’on avait conservés. Deux des arbres coupés développèrent à leur base, près de

(1) Nous devons la connaissance de ces faits à notre confrère et ami, M. Troupeau, jardinier prin- cipal du Fleuriste de la ville de Paris, et qui est en même temps chargé des squares du parc Monceaux, des Champs-Éylsées et de l’Impératrice. C’est grâce à son obligeance que nous avons pu suivre ce phé- nomène et en faire exécuter un dessin.

Culture. La culture de ces différents légumes est exactement la même que celle qu’on applique à leurs congénères. Quant aux produits, ils seront toujours en raison directe des soins qu’on aura donnés aux plantes pendant leur végétation , soins qu’on peut résumer en ces quelques mots : labours profonds , engrais abon- dants, binages opportuns, arrosements co- pieux appliqués à temps et parfois chargés d’engrais dissous, ainsi que l’écartement suffisant des plants, joints au choix de l’é- poque la plus favorable pour le semis et la plantation, sont tout le secret à employer pour faire de la culture maraîchère intensive au plus haut degré, et obtenir des produits certains et toujours aussi beaux que rému- nérateurs.

E. Lambin.

rameaux de Frênes et en même temps, de très-vigoureux bourgeons de Chionanthe. Cette même année, sur un autre arbre qui n’avait pas été recepé, mais seulement éla- gué, il se développa également à sa base, près du sol, un rameau de Chionanthe qui, dans quelques mois, acquit plus d’un mètre de longueur et produisit, ainsi que les deux dont nous venons de parler, des feuilles de la plus grande dimension. D’où provenaient ces jets qui, pour beaucoup de gens, étaient inexplicables? Ils provenaient d'yeux qui avaient « dormi » pendant douze ans au moins, c’est-à-dire de greffes en écusson faites sur ces arbres lorsque, plantés en pépinière, ils étaient encore à l’état de « sujets. » Mais comment ces yeux ont-ils pu se maintenir pendant si longtemps sans perdre leur vitalité ou sans être recouverts par l’écorce ou par les couches externes de bois qui s’accroissaient continuellement ? La bonne constitution des yeux et leur adhé- rence peuvent seuls expliquer leur conser- vation. Quant à ne pas avoir été complète- ment enfermés sous les couches de bois, le fait peut s’expliquer par la tendance qu’a la dernière couche à rejeter ou à repousser les nouveaux principes qui viennent se dé- poser contre elle, avec laquelle pourtant ils doivent s’unir. De cette manière, et tout en recevant assez de liquides séveux pour en-

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NOUVEAU SYSTÈME DE PLANTATION DES ARBRES FRUITIERS.

tretenir leur vitalité, ces yeux étaient tou- jours suffisamment rejetés à la périphérie de l’arbre pour ne pas être recouverts. Il est pourtant hors de doute que sans une surabondance de sève occasionnée par la réaction qui s’est produite par suite de l’a- blation de la tige des deux sujets ou de l’é-

lagage du troisième, ces yeux se seraient éteints.

Ce qui a se passer est comparable à ce qui se passe quand, pour faire partir les yeux posés sur des sujets greffés en écus- son, on coupe la tête de ceux-ci pour faire développer ceux-là ; on a alors des greffes

Fig. 9. Développement d’un œil de Chionanthe sur un Frêne à fleurs, seize ans après qu’il avait été posé (au quinzième de grandeur naturelle).

à œil poussant , tandis que si l’on n’eût pas « rabattu » les sujets, ces mêmes yeux au- raient dormi j usqu’à l’année suivante et même peut-être beaucoup plus longtemps, surtout si l’on n’eût pas fait l’ablation des sujets.

Bien que, à vrai dire, le fait que nous venons de rapporter n’ait rien d’extraordi- naire, nous avons néanmoins cru devoir le faire connaître et le consigner, parce que, dans certains cas, il pourrait, par analogie, expliquer l’apparition spontanée de bour-

geons de nature différente sur un même arbre, dont la présence pourrait être regardée comme un fait anormal.

Les Chionanthes dont nous parlons ne présentaient donc rien de contraire aux lois de la physiologie; ils étaient en retard d’au moin§ douze ans, voilà tout, et c’est pré- cisément ce qui explique le titre : Chio- nanthes retardataires, que nous avons donné à cet article.

E.-A. Carrière.

NOUVEAU

DE PLANTATION DES

, Le mot nouveau dont je me sers pour qualifier le système dont je vais parler n’est peut-être pas exact, et il pourrait bien arri- ver qu’au moins l’idée en soit venue à d’autres; néanmoins, ne l’ayant jamais vu appliqué

SYSTÈME

ARBRES FRUITIERS

ni décrit nulle part, et jugeant qu’il pour- rait rendre de grands services à l’horticul- ture, j’ai cru devoir le faire connaître.

Les terrains naturellement bons pour kla culture du Poirier sont relativement rares, et

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POIRE DOCTEUR JULES GUYOT.

comme en maison bourgeoise un jardinier doit chercher les procédés les plus avantageux et pratiques pour produire de tout et souvent, très-souvent même, avec des ressources in- suffisantes et dans de bien mauvaises conditions, j’ai cherché, et je crois* avoir trouvé un moyen économique et efficace pour obtenir presque dans tous les terrains, promptement et pendant longtemps, de beaux Poiriers, et conséquemment des Poires.

En arboriculture, nos meilleurs auteurs recommandent instamment et justement, pour planter des arbres, de ne jamais en- tamer le sous-sol du terrain quand il est de mauvaise nature ; ils disent pourquoi et ajoutent judicieusement qu’il vaut mieux, par des apports de bonne terre, augmenter l’épaisseur de la couche végétale dans laquelle on veut planter. Cette théorie est très-bonne ; mais malheureusement, dans la pratique, il n’est pas toujours facile de se procurer, à point nommé, de la terre végé- tale en quantité suffisante ; puis des plates- bandes fruitières beaucoup plus hautes que le sol environnant seraient très-disgracieuses dans un jardin potager-fruitier. C’est pour- quoi j’ai imaginé de consacrer dans les mau- vais sols une portion quelconque de terrain d’un seul morceau à la culture des poiriers. On diviserait ce terrain en planches Jarges de 6 à 10 mètres, suivant l’épaisseur du bon sol, qu’on défoncerait, fumerait, et dont on re- lèverait les côtés ou bords pour en exau- cer les milieux jusqu’à une hauteur suffi- sante pour y planter très-convenablement des Poiriers greffés sur Coignassier et d’une certaine force, formés en pyramides, ou, ce qui vaut beaucoup mieux, en palmettes, pour en faire des contre -espaliers ; mais dans ce dernier cas la pose des supports et des fils de fer doit précéder la plantation. Cette culture en contre-espalier est la meilleure de toutes quand on ne possède pas de murs pour y établir des espaliers, car les arbres ainsi dirigés et maintenus ne craignent pas le vent, et toutes leurs par-

ties reçoivent une égale et large part d’air et de lumière si favorable à la fructification, ce qui n’a pas lieu avec la forme pyrami- dale, dont les grands vents d’automne font souvent tomber beaucoup de fruits.

Le développement modéré des arbres greffés sur ' Coignassier permettrait l’essai de contre-espaliers hauts de lm 50 en- viron, hauteur qui permettrait de les abriter efficacement contre les gelées prin- tanières pendant la floraison, au moyen d’un grand paillasson placé debout der- rière et d’un petit placé un peu obliquement au-dessus.

Cette plantation bien établie et bien soi- gnée pourrait durer un certain temps, pen- dant lequel, et pour continuer ensuite à tirer un parti avantageux de ce sol mouvementé, je propose' de faire, l’année de la plantation ou la suivante, dans les rangs des arbres et à distance convenable, pour en faire plus tard des arbres sans transplantation , un semis de pépins de Poires appartenant à des variétés champêtres très-vigoureuses. On sèmerait plusieurs pépins ensemble, pour ne laisser que le plus beau sujet qui en proviendrait, qu’on grefferait à hauteur et grosseur convenables, pour en faire des ar- bres à haute tige.

Il est tout à fait inutile d’exposer les avan- tages que me paraît offrir l’exécution de ce projet qui, à mon avis, n’est peut-être que du vieux neuf que je caresse trop paternel- lement. C’est l’énorme et coûteux travail de terrassements, transports et mélanges de terre, qu’il m’a fallu faire ici pour obtenir des Poiriers, qui m’a engagé à chercher à obtenir le même résultat, et au-delà, à moins de frais, car quand mes Poiriers en espaliers seront épuisés, je n’aurai pas d’ar- bres forts et solidement ancrés dans le sol pour les remplacer, contrairement à ce qui aurait lieu à l’aide du procédé que je viens de décrire.

Butté,

Jardinier au château de Champs, à Charnps- sur-Marne (Seine-et-Marne).

POIRE DOCTEUR JULES GUYOT

Quand un Poirier de semis donne trois récoltes successives de beaux et bons fruits, on doit le conserver. Quand, greffé, son produit gagne en grosseur et en qualité, on doit le propager.

C’est le cas du Poirier Docteur Jides Guyot.

En effet, il a été semé, il y a une quinzaine d’années, par M. Ernest Baltet, et s’est dé-, veloppé au milieu d’autres égrains du même

Revue Horticole.

Chromolvths. G-- Se/D&resyns .

RiôcrzuoC'-' deZ.

foira Dr Jules Juyot.

CULTURE DU CYPERUS PAPYRUS.

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âge, les dépassant par sa vigueur, les de- vançant par sa fécondité.

Greffé sur des arbres d’école, ses rameaux, dès la deuxième année, se chargeaient de fruits.

Multiplié dans la pépinière, les sujets, quoique greffés sur franc, fructifiaient à leur troisième année, tandis que leurs voi- sins d’autre sorte restaient improductifs, sauf le Beurré Clairgeau et le Beurré Bal- tet père.

L’échantillon qui a servi de modèle au dessinateur de la planche ci-contre a été cueilli sur un jeune sujet de pépinière greffé sur sauvageon. Nous sommes donc en droit d’affirmer [_qu’un arbre plus âgé ou greffé sur Goignassier produira de plùs gros fruits, ainsi que nous en récoltions en 1873.

La Poire Docteur Jules Guyot est d’une bonne grosseur, pyriforme ou calebassi- forme, tantôt aiguë, tantôt obtuse vers la queue, souvent côtelée vers l’œil ; son co- loris, d’abord vert de mer, passe au citron parfois léché de rose ; mais il est susceptible de rester jaune fin, légèrement herbacé.

La chair est fine, fondante, juteuse, su- crée, avec un arôme qui lui donne un goût agréable.

La maturité arrive dans la seconde quin- zaine d’août.

La William , dont la saveur musquée ne plaît pas à tout le monde, est précédée dans sa maturité par trois variétés de premier ordre : la séduisante Favorite de Clapp, la valeureuse Docteur Jules Guyot , la suc- culente de Y Assomption, indispensables dans une plantation d’élite.

D’après nos observations, la Poire Docteur Jules Guyot réunit les qualités nécessaires pour être admise au jardin ou au verger, parmi les fruits propres au commerce et lions dans la consommation.

La vigueur et la fertilité de l’arbre ne laissent rien à désirer.

L’établissement Baltet frères, àTroyes, l’a mise en vente dès l’année 1873, en la dédiant à notre Compatriote, l’éminent viti- culteur docteur J. Guyot, à Gyé-sur- Seine (Aube).

Charles Baltet,

Horticulteur à Troyes.

CULTURE DU CYPERUS PAPYRUS

A propos du Cyperus papyrus dont il est question dans un des derniers numéros, j’ai pensé qu’il ne serait pas sans intérêt de signaler aux lecteurs de la Bevue horti- cole (1) la rusticité relativement grande de cette magnifique espèce, que l’on devrait utiliser beaucoup plus fréquemment qu’on ne le fait pour la décoration des jardins en été.

La réputation de plante aquatique de serre chaude qu’a 'Cette plante empêche qu’on ne l’utilise aussi souvent qu’on pour- rait et devrait le faire, soit en sujets isolés ou en groupes sur les pelouses, soit en mas- sifs entiers qui deviennent admirables.

Cette espèce est en effet de serre et même de serre chaude, quand on la cultive comme plante aquatique, c’est-à-dire dans l’eau, et quand on veut, l’été, l’employer à la déco- ration des bassins, des cours d’eau, elle ne prend sous notre climat qu’un développe- ment assez insignifiant ; mais il n’en est point de même quand on la traite comme plante tout à fait terrestre.

(1) Voir Revue horticole , 1874, p. 431.

En la plantant à la fin du printemps en pleine terre poreuse, très-riche en humus et abondamment arrosée pendant les cha- leurs, absolument comme on est dans l’ha- bitude de le faire pour les Canna, les Ca- ladium esculentum, etc., le Cyperus papyrus développe des chaumes